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Tanya - Likoutei Amarim - Chapitre 11

Likoutei Amarim Chapitre 11 _______________


Le Chapitre Neuf a décrit le combat incessant qui oppose les deux âmes : l’âme divine et l’âme animale pour conquérir et dominer le corps. Le Chapitre Dix a ensuite défini le terme tsaddik (juste) au regard de ce combat. Les tsaddikim sont divisés en deux catégories générales. La première est celle du « tsaddik accompli », appelé également le « tsaddik qui (ne) connaît (que) le bien ». Un tel tsaddik est parvenu à transformer complètement le mal de son âme animale en bien et en sainteté. La seconde catégorie est celle du « tsaddik inaccompli » ou « tsaddik qui connaît le mal » : celui qui n’a pas complètement transformé le mal de son âme animale en bien. Un résidu de ce mal originaire demeure encore en lui. Cependant, il se trouve totalement soumis devant l’écrasante prépondérance du bien. Avec le Chapitre Onze, Rabbi Chnéour Zalman aborde le personnage qui se situe à l’opposé du tsaddik : le racha, le méchant. Contrairement au tsaddik, dont l’âme divine règne sur l’âme animale, le racha est celui dont l’âme animale prévaut sur l’âme divine. Le niveau de racha est, lui aussi, divisé en deux catégories : le « racha qui (ne) connaît (que) le mal » et le « racha qui connaît le bien ». Ces catégories vont être définies dans le présent chapitre.


פרק י"א


וזה לעומת זה רשע וטוב לו לעומת צדיק ורע לו


Et « l’un à l’opposé de l’autre », le « racha qui connaît le bien » est l’opposé du « tsaddik qui connaît le mal ».


דהיינו שהטוב שבנפשו האלקית שבמוחו ובחלל הימני שבלבו


Cela signifie que le bien de son âme divine qui est dans son cerveau et dans la partie droite de son cœur (ceux-ci étant le siège principal de l’âme divine, cf. ch. 9),


כפוף ובטל לגבי הרע מהקליפה שבחלל השמאלי


est plié et soumis devant le mal de l’âme animale, issue de la klipa, qui est dans le côté gauche [du cœur].


Chez le « racha qui connaît le bien », c’est le mal de l’âme animale qui prévaut sur le bien de l’âme divine, au point que le bien est soumis devant le mal.


וזה מתחלק גם כן לרבבות מדרגות


Et ce [niveau] se divise également en des myriades de niveaux,


Tout comme la catégorie de « tsaddik qui connaît le mal » est divisée en des myriades de niveaux, selon le niveau d’effacement du mal devant le bien, de nombreuses subdivisions existent au sein de la catégorie de « racha qui connaît le bien », selon le niveau d’effacement du bien devant le mal, comme poursuit Rabbi Chnéour Zalman.


חלוקות בענין כמות ואיכות הביטול וכפיפת הטוב לרע חס ושלום


différenciés les uns des autres par la « quantité » et la « qualité » de la soumission et de l’abaissement du bien devant le mal, à D.ieu ne plaise.


La différence au plan « quantitatif » se mesure à l’importance de la soumission du bien devant le mal. Chez l’un, le mal apparaît simplement majoritaire, quand, chez un autre, il est, par exemple, soixante fois plus important que le bien. La classification qualitative dépend de l’aspect de l’âme divine subordonné au mal qui lui fait face. Ces différences entre les niveaux multiples de « racha qui connaît le bien » vont maintenant être illustrées par des exemples.


יש מי שהכפיפה והביטול אצלו מעט מזער


Chez l’un, l’abaissement et la soumission du bien devant le mal sont extrêmement mineurs,


ואף גם זאת אינו בתמידות ולא תדיר לפרקים קרובים


et même cela n’est pas permanent, ni répété à des intervalles réguliers.


אלא לעתים רחוקים מתגבר הרע על הטוב וכובש את העיר קטנה הוא הגוף


Mais plutôt, à de rares occasions, le mal prend le dessus sur le bien, et conquiert « la petite cité » qu’est le corps. Comme il a été expliqué au Chapitre Neuf, le corps est comparable à une petite cité dont la conquête fait l’objet d’un combat entre l’âme animale et l’âme divine.


אך לא כולו אלא מקצתו לבד


Cependant, même alors, le mal ne s’empare pas de la totalité du corps, mais seulement d’une partie,


שיהיה סר למשמעתו ונעשה לו מרכבה


de façon à ce qu’elle lui soit obéissante, et elle devient pour lui un char, c’est-à-dire que cette partie du corps devient subordonnée au mal tel un véhicule à son conducteur,


ולבוש להתלבש בו אחד משלשה לבושיה הנזכרים לעיל


et cette partie sert de « vêtement » pour l’un des trois vêtements [de l’âme animale] évoqués plus haut.


Au Chapitre Six, il a été expliqué que les vêtements de l’âme animale sont la pensée, la parole, et l’action liées à la faute. Chez le racha décrit ici, le mal, lors des rares occasions où il prend le dessus sur le bien, ne s’exprime que dans un seul de ces domaines ou « vêtements ». De plus, dans ce champ d’expression limité, le mal n’entraîne qu’à commettre des transgressions mineures. Comme poursuit Rabbi Chnéour Zalman :


דהיינו או במעשה לבד לעשות עבירות קלות ולא חמורות חס ושלום


C’est-à-dire que l’âme animale s’exprime ou en action seulement, pour commettre des transgressions mineures [uniquement], et non majeures, à D.ieu ne plaise car l’âme animale n’a pas la force de prévaloir à ce point,


או בדיבור לבד לדבר אבק לשון הרע וליצנות וכהאי גוונא


ou bien elle s’exprime en parole seulement, mais simplement dans l’expression de paroles qui frisent la médisance, la raillerie, ou ce qui est semblable, le mal n’étant pas chez lui suffisamment puissant pour l’inciter à de véritables propos médisants ou moqueurs.


או במחשבה לבד הרהורי עבירה הקשים מעבירה


ou [encore] le mal s’exprime en pensée seulement, [dans] des pensées fautives qui sont sous certains aspects pires que la faute.


Plus subtile que la parole et l’action, la pensée est le vêtement le plus intimement lié à l’âme. Aussi, la faire porter sur la faute peut-il, d’un certain point de vue, affecter l’âme plus profondément que l’acte fautif lui-même.


וגם אם אינו מהרהר בעבירה לעשותה אלא בענין זיווג זכר ונקיבה בעולם


[Il en est ainsi] même s’il ne pense pas effectivement commettre une faute, mais réfléchit simplement à l’union entre mâle et femelle en général,


שעובר על אזהרת התורה ונשמרת מכל דבר רע שלא יהרהר ביום כו’


transgressant ainsi l’interdiction de la Thora : « Tu te garderas de toute chose mauvaise », que nos Sages interprètent comme l’injonction suivante : « [un homme] ne doit pas se laisser aller à des pensées [impures] le jour pour ne pas être sujet à une pollution nocturne » ; arrêter sa pensée sur de tels sujets est donc contraire à la Thora.


או שהיא שעת הכושר לעסוק בתורה והוא מפנה לבו לבטלה


Ou bien une autre forme d’expression du mal à travers la pensée chez ce racha partiel : quand, à un moment propice à l’étude de la Thora, il détourne son cœur vers la vanité.


כדתנן באבות הניעור בלילה כו’ ומפנה לבו כו’


Comme l’enseigne la Michna, Traité Avot, « celui qui demeure réveillé la nuit alors qu’il a le temps d’étudier la Thora, et détourne son cœur [vers la vanité] est coupable envers son âme ».


Dans les deux derniers cas, le vêtement de la pensée de l’âme animale prend le dessus et se manifeste dans son corps.


שבאחת מכל אלה וכיוצא בהן נקרא רשע בעת ההיא


Dans l’un de ces cas, ou dans des cas semblables, c’est-à-dire quand un homme commet une transgression mineure en pensée, en parole, ou en action, il est qualifié de racha (méchant) à ce moment,


שהרע שבנפשו גובר בו ומתלבש בגופו ומחטיאו ומטמאו


l’appellation racha signifie que le mal de son âme animale prend le dessus en lui, se revêt de son corps, le fait fauter et le souille.


ואחר כך גובר בו הטוב שבנפשו האלקית ומתחרט


Par la suite, après que cet homme a commis une transgression dans l’un des cas précédemment cités, le bien de son âme divine prend le dessus, et il regrette sa faute liée à une pensée, une parole, ou un acte,


ומבקש מחילה וסליחה מה’ וה’ יסלח לו אם שב בתשובה הראויה על פי עצת חכמינו זכרונם לברכה בשלשה חלוקי כפרה שהיה ר’ ישמעאל דורש כו’ כמו שכתוב במקום אחר.


et il implore le pardon de D.ieu pour sa transgression, et D.ieu lui pardonnera s’il se repent de manière adéquate selon le conseil de nos Sages, de mémoire bénie, suivant [l’une des] trois formes d’expiation exposées par Rabbi Ichmaël, comme il est expliqué ailleurs.


Les trois formes d’expiation évoquées sont les suivantes : (a) si un homme manque au respect d’un commandement positif et se repent, il est immédiatement pardonné, (b) s’il transgresse un interdit et se repent, Yom Kipour et son repentir lui apportent le pardon, (c) si sa faute est passible de la peine de karet (retranchement spirituel) ou de la peine de mort, au repentir et à la purification spirituelle de Yom Kippour doivent, pour que le pardon soit pleinement acquis, s’ajouter des souffrances. Cependant, comme le Rabbi le souligne, le pardon divin obtenu par le repentir ne change pas le statut du racha au vrai sens du terme, mais seulement au regard du sens figuré des termes racha et tsaddik, c’est-à-dire par rapport aux notions de récompense et de châtiment. Pesée sur la balance des mérites et des fautes, telle personne qui faute rarement, pour des choses mineures et se repent d’emblée, est assimilée à un tsaddik et mérite récompense pour l’écrasante majorité de ses bonnes actions. Mais l’emploi fait dans ce contexte du mot tsaddik est celui de son sens figuré, déjà évoqué au Chapitre Premier. Dans leur sens véritable, les termes tsaddik et racha décrivent l’étendue du bien et du mal dans l’âme. Et dans cette perspective, le sujet ici décrit reste qualifié de racha même après s’être repenti et avoir obtenu le pardon, car sa prédisposition pour la faute demeure et son âme animale reste en situation de dominer. Jusqu’à présent, Rabbi Chnéour Zalman a décrit un « racha qui connaît le bien » spirituellement élevé, un homme dont l’âme animale ne prend le dessus que rarement et n’atteint que l’un des trois vêtements que sont la pensée, la parole, et l’action.


ויש מי שהרע גובר בו יותר


Chez un autre type de « racha qui connaît le bien », le mal prédomine davantage.


ומתלבשים בו כל שלשה לבושים של הרע ומחטיאו בעבירות חמורות יותר ובעתים קרובים יותר


Les trois vêtements du mal se revêtent de [son corps] - il transgresse en pensée, en parole et en action - et il [le mal] l’entraîne à commettre des fautes plus graves, et à des intervalles plus réguliers.


אך בינתיים מתחרט ובאים לו הרהורי תשובה מבחינת הטוב שבנפשו שמתגבר קצת בינתיים


Néanmoins, il est également qualifié de « racha qui connaît le bien » car entre-temps entre une faute et l’autre il éprouve des remords, et des pensées de repentir le saisissent, issues du niveau de bien qui est encore en son âme et qui se renforce un peu à ce moment.


אלא שאין לו התגברות כל כך לנצח את הרע


Cependant, il [le bien qui est en lui] ne se renforce pas suffisamment pour vaincre le mal,


לפרוש מחטאיו לגמרי להיות מודה ועוזב


au point qu’il [l’homme] rompe totalement avec ses fautes, et soit comme celui qui avoue ses fautes et les abandonne à jamais.


ועל זה אמרו רבותינו ז”ל רשעים מלאים חרטות


A son propos [de cet homme], nos Sages, de mémoire bénie, ont dit : « Les réchaïm (méchants) sont pleins de remords » entre la commission de leurs fautes. Il est également possible, au moment de la faute, qu’ils regrettent leurs agissements mais ne se sentent pas capables de réfréner leurs désirs.


שהם רוב הרשעים שיש בחינת טוב בנפשם עדיין.


Ceux-ci représentent la majorité des réchaïm, qui ont encore du bien en leur âme c’est ce bien qui provoque ces remords dans leurs esprits et dans leurs cœurs.


La catégorie du « racha qui connaît le bien » comprend donc une multitude de niveaux, de celui qui ne faute qu’en de rares occasions, dont les fautes ne sont que mineures, et n’impliquent alors qu’un seul vêtement de son âme animale, jusqu’à celui qui faute régulièrement et plus gravement, en engageant les trois vêtements de son âme. Néanmoins, tous sont qualifiés de « racha qui connaît le bien ». La différence entre eux ne dépend que du degré de soumission, chez chacun, du bien devant le mal. Cela en opposition directe avec la catégorie du « tsaddik qui connaît le mal », elle-même divisée en différents niveaux suivant l’importance de la prédominance du bien sur le mal. Après avoir défini la nature du racha qui connaît le bien », Rabbi Chnéour Zalman va donc aborder la description du « racha qui (ne) connaît (que) le mal ».


אך מי שאינו מתחרט לעולם ואין באים לו הרהורי תשובה כלל נקרא רשע ורע לו


Mais celui qui n’est jamais contrit, ni saisi par des pensées de repentir, est appelé « racha qui [ne] connaît [que] le mal »,


שהרע שבנפשו הוא לבדו נשאר בקרבו כי גבר כל כך על הטוב עד שנסתלק מקרבו


car seul le mal de son âme est resté en lui, ayant tant prévalu sur le bien que ce dernier l’a quitté,


ועומד בבחינת מקיף עליו מלמעלה


et le bien se tient à présent sous une forme de makkif au-dessus de lui c’est-à-dire que le bien erre au-dessus de lui, pour ainsi dire, de façon distante et extérieure, sans être ressenti.


ולכן אמרו רבותינו ז”ל אכל בי עשרה שכינתא שריה.


Mais parce que le bien est encore présent, quoique sous cette forme de makkif, du fait de son âme divine, c’est pourquoi nos Sages ont dit que « sur chaque assemblée de dix juifs, quels qu’ils soient, repose la Chékhina (la Présence divine) ».


Cela veut dire que même s’ils appartiennent tous à la catégorie du « racha qui (ne) connaît (que) le mal », la Chékhina demeure au-dessus d’eux. Car la Chékhina présente au milieu d’une assemblée de dix juifs ne l’est, en tout état de cause, que sous forme de makkif, donc sans que ceux qui sont rassemblés en soient conscients. Dès lors, cette présence est possible au-dessus d’une réunion de dix juifs, quels qu’ils soient. A propos du juif dont l’âme animale prévaut sur l’âme divine, on peut rapporter une éclairante discussion : Un libre-penseur demanda un jour au Tséma’h Tsédek : « Le mot yéhoudim (« les juifs ») est normalement orthographié dans le Livre d’Esther avec la lettre youd avant la lettre finale. Pourquoi est-il orthographié avec deux youd, dans le passage où il est fait mention du sévère décret contre les juifs ? » Le Tséma’h Tsédek répondit : « La lettre youd a pour valeur numérique dix ; elle représente les dix forces que l’âme divine et l’âme animale possèdent. Certains juifs placent leur vie sous l’égide des dix forces de leur âme divine, chez d’autres, c’est l’âme animale qui prédomine et leur conduite est donc également dictée par les dix forces de cette âme. Hamman entreprit d’exterminer tous les juifs, y compris ceux qui, se trouvant sous l’emprise de leur âme animale, dépendaient des deux youd. » Son interlocuteur, pourtant, renchérit : « Pourquoi alors ce mot est-il encore orthographié à plusieurs reprises avec deux youd, même après la révocation du décret ? » Ce à quoi le Tséma’h Tsédek répliqua : « Après avoir éprouvé la souffrance provoquée par le décret d’Hamman et après avoir été témoins du miracle de D.ieu, ces juifs aussi se repentirent et devinrent semblables à leurs frères qui vivaient en suivant la voix de leur âme divine et de leur bon penchant. » Ainsi, conclut le Tséma’h Tsédek, les deux youd (youd, ou yid, signifie également en yiddish « juif ») devinrent égaux.

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