Likoutei Amarim Chapitre 14 _______________
Dans les chapitres précédents, il a été expliqué que la pensée, la parole, et l’action du beinoni ne sont pas entachées par la faute. Cependant, il reste accessible à des désirs négatifs, car le mal de son âme animale demeure encore suffisamment puissant pour les produire. Le défaut d’expression de ses désirs en pensée, parole, ou action n’est dû qu’à l’âme divine qui, aidée par D.ieu, parvient à les réfréner. Rabbi Chnéour Zalman continue :
פרק י"ד
והנה מדת הבינוני היא מדת כל אדם ואחריה כל אדם ימשוך
Or, le rang de beinoni est [le niveau accessible] à tout homme et que chaque homme doit rechercher s’il n’y est pas encore parvenu ; il ne faut pas penser que ce niveau est hors de portée,
שכל אדם יכול להיות בינוני בכל עת ובכל שעה
car chaque homme peut, en tout temps et à tout moment, être un beinoni,
כי הבינוני אינו מואס ברע
étant donné que le beinoni n’éprouve pas de répugnance pour le mal contrairement au tsaddik, il n’éprouve pas de dégoût pour les plaisirs de ce monde,
שזהו דבר המסור ללב
ceci étant une chose confiée au cœur (et le beinoni, qui n’a pas encore conquis son cœur, ne déteste donc pas le mal),
ולא כל העתים שוות
et les moments ne sont pas tous les mêmes.
Parfois, durant la prière par exemple, son cœur est ouvert et réceptif ; il est alors en mesure de susciter en lui un sentiment d’aversion pour le mal. Et à d’autres moments, il peut se heurter à une certaine insensibilité spirituelle, éprouver une incapacité à mépriser le mal. Dès lors que le beinoni, sans perdre son statut, peut voir son état ainsi fluctuer, on ne peut dire que le mépris du mal le caractérise.
אלא סור מרע ועשה טוב דהיינו בפועל ממש במעשה דבור ומחשבה
Plutôt, il appartient au beinoni de « se détourner du mal, et de faire le bien » concrètement, en acte, en parole, et en pensée,
שבהם הבחירה והיכולת והרשות נתונה לכל אדם
[domaines] dans lesquels, par opposition à ce qui relève des sentiments du cœur, chaque homme dispose du libre arbitre, de la capacité et de la liberté
לעשות ולדבר ולחשוב גם מה שהוא נגד תאות לבו והפכה ממש
de faire, d’exprimer, et de penser même ce qui est en contradiction avec le désir de son cœur, et diamétralement opposé.
כי גם בשעה שהלב חומד ומתאוה איזו תאוה גשמיית בהיתר או באיסור חס ושלום
Car même quand le cœur désire ardemment un plaisir matériel autorisé dans ce cas, seule la nature physique de ce désir est mauvaise (au lieu d’avoir un désir « orienté vers le Ciel », c’est-à-dire ayant pour finalité le service de D.ieu, il recherche sa propre satisfaction) ou lorsqu’il désire ce qui est interdit, à D.ieu ne plaise, désir qui est alors intrinsèquement mauvais. Quel que soit l’objet du désir,
יכול להתגבר ולהסיח דעתו ממנה לגמרי באמרו ללבו
il peut réfréner [ce désir] et en détacher complètement son attention, en se disant (littéralement « en disant à son cœur ») :
אינני רוצה להיות רשע אפילו שעה אחת
« Je ne veux pas être un racha – en succombant aux tentations de mon âme animale – fût-ce un instant,
כי אינני רוצה להיות מובדל ונפרד חס ושלום מה’ אחד בשום אופן כדכתיב עונותיכם מבדילים וגו’
parce que je ne veux en aucune manière être séparé et détaché, à D.ieu ne plaise, du D.ieu Unique, ainsi qu’il est dit : “vos fautes font séparation [entre vous et votre D.ieu]” »
Dans cette prise de conscience que la faute sépare de D.ieu, le juif peut trouver la force de toujours « se détourner du mal », en dépit des ardents désirs de son cœur. Ainsi refuse-t-il catégoriquement d’être un racha, pour ne pas briser le lien qui l’attache à D.ieu. Et réciproquement, pour trouver la force de « faire le bien » et d’accomplir les commandements, il doit se dire :
רק אני רוצה לדבק בו נפשי רוחי ונשמתי בהתלבשן בשלשה לבושיו יתברך
« Au contraire, je désire unir à Lui mes néfech, roua’h, et néchama en les revêtant de « Ses » trois vêtements, béni soit-Il,
שהם מעשה דבור ומחשבה בה’ ותורתו ומצותיו
que sont l’action, la parole, et la pensée consacrées à D.ieu, à Sa Thora et à Ses commandements.
(Celles-ci sont appelées « Ses » trois vêtements, parce qu’elles permettent l’expression de Sa Sagesse (la Thora) et de Sa Volonté (les commandements), lesquelles ne font qu’un avec Lui-même.)
מאהבה מסותרת שבלבי לה’ כמו בלב כללות ישראל שנקראו אוהבי שמך
Ce désir de m’unir à D.ieu provient de l’amour pour D.ieu latent en mon cœur, quoique je ne le ressente pas, celui-ci est certainement présent en mon cœur, comme dans le cœur de tous les juifs, appelés “ceux qui aiment Ton Nom” du fait de l’amour pour D.ieu qui est ancré en eux, même s’ils ne l’éprouvent pas à l’état conscient.
ואפילו קל שבקלים יכול למסור נפשו על קדושת ה’ ולא נופל אנכי ממנו בודאי
Et même un léger parmi les légers un juif dont le niveau spirituel est très bas est capable de faire don de sa vie pour la sanctification du Nom de D.ieu s’il est contraint d’abjurer : je ne suis certainement pas inférieur à lui !
Comme il sera expliqué ultérieurement, la force ancrée en chaque juif, même le plus bas, de faire don de sa vie pour D.ieu résulte d’un amour inné, latent, à Son égard. Cet amour émerge et se révèle dès lors que le juif éprouve le sentiment de s’éloigner de Lui. Cependant, si le « léger parmi les légers » aime D.ieu si profondément qu’il est prêt à donner sa vie pour Lui, pourquoi est-il qualifié de « léger parmi les légers » ? Pourquoi faute-t-il et néglige-t-il l’observance des commandements ?
אלא שנכנס בו רוח שטות ונדמה לו שבעבירה זו עודנו ביהדותו ואין נשמתו מובדלת מאלקי ישראל
C’est seulement qu’un esprit de folie est entré en lui, comme l’exprime ce principe de nos Sages : « un homme ne faute pas, à moins qu’un esprit de folie n’entre en lui » ; il croit que cette faute n’affectera pas sa judéité et que son âme ne sera pas ainsi détachée du D.ieu d’Israël.
En fait, à l’instant même où un juif faute, il se détache de D.ieu. Si le « léger parmi les légers » en avait conscience, il ne fauterait jamais. Mais il est victime de « l’esprit de folie » qui l’induit en erreur.
וגם שוכח אהבתו לה’ המסותרת בלבו
De même, le « léger parmi les légers » néglige les commandements positifs, malgré son amour naturel pour D.ieu, car il oublie également l’amour pour D.ieu dissimulé en son cœur. S’il en était conscient, il rechercherait l’accomplissement des commandements afin de se lier à D.ieu.
אבל אני אינני רוצה להיות שוטה כמוהו לכפור האמת.
Tout ceci concerne le « léger parmi les légers ». Mais moi – continue de penser l’homme – je ne désire pas être aussi sot que lui en niant la vérité. »
La vérité est que la faute sépare de D.ieu, et que chaque juif possède un amour naturel pour D.ieu qui lui dicte l’observance les commandements. « Ces vérités, je ne veux pas les nier », doit-il se dire. Cela concerne la maîtrise des pensées, paroles, et actions. En effet, par cette approche, chaque juif peut, en permanence, dominer son mauvais penchant (pour ce qui relève de l’observance des commandements, tant dans le domaine des interdictions - « détourne-toi du mal » - que dans celui des commandements positifs - « fais le bien » -), et atteindre ainsi le niveau de beinoni.
מה שאין כן בדבר המסור ללב דהיינו שיהא הרע מאוס ממש בלב ושנאוי
Toutefois, il n’en est pas de même pour ce qui relève du cœur (des sentiments), c’est-à-dire en l’occurence, pour ce qui est que le mal répugne au cœur et soit haï ce qui n’est pas le cas pour le beinoni,
בתכלית שנאה או אפילו שלא בתכלית שנאה
[soit] d’une haine absolue comme le « tsaddik accompli » ou d’une haine non absolue comme le « tsaddik inaccompli ».
הנה זה אי אפשר שיהיה באמת לאמיתו אלא על ידי גודל ותוקף האהבה לה’ בבחינת אהבה בתענוגים להתענג על ה’
Cela ce niveau ne peut être atteint avec une parfaite vérité qu’au moyen du grand et puissant amour pour D.ieu appelé « amour dans les délices » [qui consiste à] se délecter dans le Divin,
מעין עולם הבא.
[niveau d’amour qui est] comparable au [plaisir du] monde futur, dont nos Sages ont dit que les âmes « prendront plaisir au rayonnement de la Présence divine ». Seul cet « amour dans les délices » suscite un sentiment de haine à l’égard du mal et des plaisirs matériels.
ועל זה אמרו רבותינו ז”ל עולמך תראה בחייך כו’ ואין כל אדם זוכה לזה כי זהו כעין קבול שכר
A propos de celui qui atteint cette sublime forme d’amour, nos Sages ont dit : « Tu verras une lueur de ta récompense du monde [futur] ta vie durant ». Tout homme n’a pas ce mérite, car cela cette forme d’amour participe de la récompense d’en haut (la récompense est à l’initiative de celui qui la donne et non de celui qui la reçoit),
וכדכתיב עבודת מתנה אתן את כהונתכם וגו’
ainsi qu’il est dit : « Je (D.ieu) [vous] donnerai le service sacerdotal en cadeau »,
Le service de D.ieu qui relève de cet amour sublime est symbolisé par le sacerdoce des membres de la famille d’Aaron, encore que pareil service ne leur soit pas exclusif. Ce verset indique que ce niveau sublime de service divin est un cadeau de D.ieu,
כמו שכתוב במקום אחר.
comme il est expliqué ailleurs.
Par conséquent, le niveau du tsaddik, qui déteste le mal, n’est pas à la portée de chacun, dès lors que la détestation du mal ne peut advenir qu’avec la révélation de l’amour dans les délices, lequel est un présent de D.ieu. En revanche, le niveau du beinoni est bien accessible à tous. Dans cette perspective, Rabbi Chnéour Zalman entreprend d’expliquer à présent la déclaration de Job s’adressant à D.ieu : « Tu as créé des tsaddikim, Tu as créé des réchaïm. » A ce propos, la question suivante a été posée au premier chapitre : comment est-il possible de dire que D.ieu a « créé » des tsaddikim et des réchaïm ? L’homme est seul responsable de ses actes. Certes, d’après le Talmud, D.ieu décide s’il sera intelligent ou stupide, fort ou chétif… Mais Il ne détermine pas s’il sera tsaddik ou racha, car le libre arbitre lui serait alors retiré. Comment Job peut-il donc affirmer : « Tu as créé des tsaddikim, Tu as créé des réchaïm ? » D’après la définition du tsaddik ici donnée, définition qui implique que devenir un tsaddik dépasse le cadre du libre arbitre et est un présent de D.ieu, la déclaration de Job devient claire : « Tu as créé des tsaddikim » signifie dès lors que D.ieu a créé des âmes capables d’atteindre le niveau de tsaddik :
ולכן אמר איוב בראת צדיקים כו’
C’est pourquoi Job dit : « Tu as créé des tsaddikim… »
(La suite de la phrase : « Tu as créé des réchaïm » sera expliquée au Chapitre Vingt-sept.)
וכדאיתא בתיקונים שיש בנשמות ישראל כמה מיני מדרגות ובחינות.
Et comme il est dit dans les Tikounei Zohar, il y a une multitude de niveaux et de degrés dans les âmes juives :
חסידים גבורים המתגברים על יצרם מארי תורה נביאים כו’ צדיקים כו’ עיין שם.
les pieux (« ’hassidim »), les [hommes] forts (« guibborim ») qui maîtrisent leur mauvais penchant, les érudits de la Thora, les prophètes…, les tsaddikim… S’y référer.
Il y a donc des âmes qui, a priori, entrent dans la catégorie des tsaddikim.
ובזה יובן כפל לשון השבועה תהי צדיק ואל תהי רשע
Cela permettra de comprendre l’expression redondante dans le serment imposé à chaque juif avant sa naissance : « Sois un tsaddik et ne sois pas un racha » (passage du Talmud cité dans les premiers mots du Tanya).
דלכאורה תמוה כי מאחר שמשביעים אותו תהי צדיק למה צריכים להשביעו עוד שלא יהיה רשע.
Au premier abord, cela paraît étonnant : après lui avoir fait prêter serment « d’être un tsaddik », ce qui implique qu’il ne soit pas un racha, pourquoi doit-on à nouveau lui faire prêter serment de ne pas être un racha ?
אלא משום שאין כל אדם זוכה להיות צדיק ואין לאדם משפט הבחירה בזה כל כך להתענג על ה’ באמת ושיהיה הרע מאוס ממש באמת
Mais étant donné que tout homme n’a pas le privilège d’être un tsaddik, et qu’un homme n’a pas la pleine prérogative du choix en cela, d’éprouver un délice véritable en D.ieu et un dégoût véritable pour le mal,
ולכן משביעים שנית אל תהי רשע על כל פנים
on lui fait donc prêter serment une seconde fois : « En tout cas, ne sois pas un racha ».
Même si l’on n’a pas le privilège d’être un tsaddik, il faut au moins ne pas être un racha mais un beinoni.
שבזה משפט הבחירה והרשות נתונה לכל אדם
Car en cela (le fait de ne pas être un racha), la prérogative du choix et la liberté sont données à tout homme,
למשול ברוח תאותו שבלבו ולכבוש יצרו שלא יהיה רשע אפילו שעה אחת כל ימיו
de contenir l’état de désir en son cœur et de conquérir son penchant, de manière à ne pas être un racha un seul instant de sa vie,
בין בבחינת סור מרע בין בבחינת ועשה טוב ואין טוב אלא תורה
pour ce qui relève du domaine de « détourne toi du mal », c’est-à-dire le fait de s’éloigner de la faute, comme pour ce qui relève du domaine de « fais le bien » accomplir tous les commandements positifs auxquels on est astreint, notamment le devoir d’étudier la Thora, elle-même désignée par le terme « bien », selon l’expression de nos Sages : « il n’est d’autre “bien” que la Thora »,
דהיינו תלמוד תורה שכנגד כולן.
c’est-à-dire l’étude de la Thora qui équivaut à tous [les autres commandements réunis].
Du fait de la liberté de choix ici offerte, on se doit de surmonter les difficultés liées à l’observance du commandement particulièrement exigeant d’étudier la Thora en permanence. C’est la raison pour laquelle le serment est renouvelé : même si l’occasion de devenir un tsaddik n’est pas donnée à chacun, il est toujours possible – et dès lors, c’est un devoir – de ne pas être un racha. Néanmoins, comme il va maintenant être expliqué, chacun doit s’appliquer à imiter le service divin du tsaddik, même s’il n’atteint jamais véritablement ce niveau. Plus particulièrement, il faut s’exercer à éprouver le dégoût des plaisirs du monde ; et réciproquement, éveiller en soi le délice de l’amour pour D.ieu par la méditation sur Sa grandeur. D’une certaine manière, on accomplit alors le serment de « devenir un tsaddik » en faisant ce qui dépend de soi, au plus haut de ses capacités.
אך אף על פי כן צריך לקבוע לו עתים גם כן לשית עצות בנפשו להיות מואס ברע
Néanmoins, bien que cette répugnance pour le mal et cet « amour dans les délices » caractéristique du tsaddik ne soient pas donnés à tout un chacun, il doit également fixer des moments particuliers en vue de chercher pour lui des moyens pour prendre en dégoût le mal (les plaisirs matériels).
כגון בעצת חכמינו ז”ל אשה חמת מלאה צואה כו’. וכהאי גוונא.
Par exemple, [suivre] le conseil de nos Sages pour vaincre le désir pour les femmes, en méditant sur leurs paroles : « une femme est un récipient plein de souillure », et ce qui est semblable.
וכן כל מיני מטעמים ומעדנים נעשים כך חמת מלא כו’.
De même, il doit apprendre à détester le plaisir qu’il peut tirer de la nourriture en prenant conscience que toutes les sortes de mets savoureux et de délices deviennent, elles aussi, des « récipients pleins… »
וכן כל תענוגי עולם הזה החכם רואה הנולד מהן שסופן לרקוב ולהיות רמה ואשפה
Il en est de même pour tous les plaisirs de ce monde, le sage prévoit ce qu’il en advient : ils finissent par pourrir et deviennent vermine et déchets.
Ainsi peut-on nourrir un sentiment de dégoût à l’égard des plaisirs de ce monde.
וההפך להתענג ולשמוח בה’ על ידי התבוננות בגדולת אין סוף ברוך הוא כפי יכולתו
Inversement, il doit s’exercer à prendre plaisir et à se réjouir en D.ieu en méditant, selon sa capacité, sur la grandeur du Ein Sof Béni soit-Il.
אף שיודע בנפשו שלא יגיע למדרגה זו באמת לאמיתו כי אם בדמיונות
Bien qu’il sache clairement qu’il n’atteindra pas ce niveau qui consiste à mépriser le mal et à se délecter du Divin avec une authenticité absolue, mais seulement par illusion,
Il ne fera que se figurer qu’il déteste vraiment le mal et prend plaisir dans le Divin. Mais dès lors, pourquoi doit-il s’appliquer à produire un sentiment qui n’est qu’illusion (et cette question est d’autant plus forte à propos du service de D.ieu pour lequel la sincérité est primordiale) ?
אף על פי כן הוא יעשה את שלו לקיים את השבועה שמשביעים תהי צדיק
néanmoins, il doit faire ce qui lui appartient, réaliser le serment qu’on lui a fait prêter « Sois un tsaddik »,
וה’ יעשה הטוב בעיניו.
et D.ieu fera ce qui est bon à Ses yeux en lui octroyant le privilège de devenir un tsaddik, ou non.
ועוד
De plus, imiter le tsaddik dans son mépris du mal et sa délectation du Divin est bénéfique au beinoni pour une autre raison :
שההרגל על כל דבר שלטון ונעשה טבע שני.
l’habitude a le pouvoir sur tout, et devient une seconde nature.
וכשירגיל למאס את הרע יהיה נמאס קצת באמת
Quand il prendra l’habitude d’avoir le mal en dégoût, il (le mal) lui sera finalement un peu répugnant de manière vraie.
וכשירגיל לשמח נפשו בה’ על ידי התבוננות בגדולת ה’
Et quand il s’habituera à réjouir son âme en D.ieu au moyen de la méditation sur Sa grandeur,
הרי באתערותא דלתתא אתערותא דלעילא וכולי האי ואולי יערה עליו רוח ממרום
alors, [selon le principe qu’] « un éveil de l’homme en bas produit un éveil d’en haut correspondant », peut-être après tout cet effort de sa part, « un esprit [roua’h] d’en haut descendra sur lui »,
ויזכה לבחינת רוח משרש איזה צדיק שתתעבר בו לעבוד ה’ בשמחה אמיתית
et il méritera que le [niveau d’âme de] roua’h, issu de l’âme d’un tsaddik l’imprègne, de sorte qu’il puisse servir D.ieu avec une joie véritable.
Il est un concept kabbalistique selon lequel l’âme d’un tsaddik peut « imprégner » l’âme d’un autre juif avec ses facultés, le rendant ainsi à même de servir D.ieu comme le fait le tsaddik. Ce concept peut être comparé à celui du guilgoul – transmigration – dans lequel une âme se trouve attachée à un objet, un animal, ou un autre corps. Cependant, dans le cas du guilgoul, l’âme est enchaînée au corps et dominée par lui, alors que dans l’imprégnation, l’âme du tsaddik sert simplement de force spirituelle supplémentaire à l’âme de celui qui la reçoit. Dans ce contexte, l’imprégnation de l’âme du beinoni par (le « roua’h » qui émane de) l’âme du tsaddik permet au beinoni d’éprouver un plaisir en D.ieu qu’il n’aurait pas pu atteindre de lui-même.
כדכתיב שמחו צדיקים בה’
ainsi qu’il est dit : « Réjouissez-vous, ô tsaddikim, en D.ieu »
Il y a ici une allusion à deux types de tsaddikim (le verset s’adresse aux tsaddikim, au pluriel) : le beinoni – appelé le « niveau inférieur de tsaddik » et le tsaddik – le « niveau supérieur de tsaddik ». Lorsque tous deux se rejoignent (c’est-à-dire que l’âme du tsaddik imprègne celle du beinoni), ils se réjouissent ensemble, au sens où le tsaddik partage le délice qu’il éprouve en le Divin avec le beinoni.
ותתקיים בו באמת השבועה שמשביעים תהי צדיק.
De cette façon, le serment qu’on lui fait prêter : « Sois un tsaddik » sera véritablement accompli.
Comentarios