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Tanya - Likoutei Amarim - Chapitre 18

Likoutei Amarim Chapitre 18 _______________


Dans le précédent chapitre a été élucidé le sens du verset cité en introduction : « Car cette chose est très proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur, pour la mettre en pratique. » Cette affirmation, selon laquelle il est aisé d’accomplir les commandements avec amour et crainte de D.ieu (« dans ton cœur »), devait être justifiée. Rabbi Chnéour Zalman a donc expliqué que chaque juif peut, par la méditation sur la grandeur de D.ieu, éprouver pareils sentiments. Certes, le rang du tsaddik, qui gouverne son cœur, n’est pas accessible à quiconque. Mais chacun dispose cependant d’une parfaite maîtrise de son esprit et peut donc méditer sur le thème de son choix. La profonde réflexion sur la grandeur de D.ieu permet alors d’éveiller des sentiments d’amour et de crainte à Son égard. De surcroît, même si, pour certaines raisons, ces sentiments ne sont pas ressentis et révélés, mais restent dissimulés dans l’intellect et les recoins cachés du cœur, ils amènent celui qui les conçoit à observer Ses commandements et pourvoient ses actions d’une élévation spirituelle semblable à celle que procurent l’amour et la crainte révélés dans le cœur. Pourtant, un tel niveau spirituel, celui de l’amour et de la crainte engendrés par la méditation, peut-il être qualifié de « très proche » ? La méditation exige une connaissance approfondie du thème qui en est l’objet et une prédisposition intellectuelle. Si la compréhension de la grandeur de D.ieu est limitée, ou si manque l’aptitude intellectuelle nécessaire à la méditation, comment dire que l’observance des commandements avec amour et crainte de D.ieu est « une chose très proche » ? Dans les chapitres qui suivent, Rabbi Chnéour Zalman décrit une autre approche, un chemin que même celui qui n’a pas les qualités évoquées plus haut peut emprunter. Il faut éveiller l’amour pour D.ieu qui, de manière « naturelle », est présent dans le cœur de chaque juif. Ce sentiment a été reçu, en héritage, des Patriarches. Même en sommeil, il existe d’ores et déjà. Dès lors, la méditation n’est plus le passage obligé de l’amour pour D.ieu : la seule remémoration de la présence en soi de ce sentiment conduit à l’observance de la Thora et de ses commandements avec amour et crainte. Il est donc possible, en effet, de dire qu’il s’agit bien là « d’une chose très proche ».


פרק י"ח


ולתוספת ביאור באר היטב מלת מאד שבפסוק כי קרוב אליך הדבר מאד וגו'


Pour [donner] une explication supplémentaire et plus claire du mot « très » dans le verset « car cette chose est très proche de toi, etc. »


Le mot « très » souligne le caractère parfaitement accessible du service de D.ieu « avec cœur », c’est-à-dire avec amour et crainte. Comme déjà noté, la tevouna, l’« amour intellectuel » (défini au chapitre précédent), est plus accessible que l’amour effectivement ressenti dans le cœur. Mais les connaissances approfondies nécessaires à la méditation sur la grandeur de D.ieu font que même cet amour ne peut être désigné comme « une chose très proche ».


צריך לידע נאמנה כי אף מי שדעתו קצרה בידיעת ה' ואין לו לב להבין בגדולת אין סוף ברוך הוא


il faut savoir avec certitude que même celui qui n’a qu’une connaissance limitée de [la grandeur de] D.ieu, et qui n’a donc pas les connaissances requises pour la méditation, et qui n’a pas le cœur prédisposé pour comprendre la grandeur du Ein Sof béni soit-Il – son esprit et son cœur ne sont pas aptes à la méditation,


להוליד ממנה דחילו ורחימו אפילו במוחו ותבונתו לבד


pour [pouvoir] engendrer, par son moyen (de la méditation), un amour et une crainte, fut-ce dans son cerveau et sa compréhension seulement – même l’amour et la crainte qui ne s’expriment qu’au niveau de l’intellect sont hors de sa portée. A fortiori l’amour et la crainte de D.ieu révélés dans le cœur,


אף על פי כן קרוב אליו הדבר מאד לשמור ולעשות כל מצות התורה ותלמוד תורה כנגד כולן


néanmoins, il est pour lui « une chose très proche » de se garder de transgresser les commandements négatifs, par crainte de D.ieu, et d’accomplir les commandements positifs, qui exigent l’amour de D.ieu – c’est-à-dire tous les commandements de la Thora, et notamment [l’injonction concernant] l’étude la Thora qui équivaut à tous [les commandements],


בפיו ובלבבו ממש מעומקא דלבא באמת לאמיתו בדחילו ורחימו


Il peut accomplir cela dans sa bouche et dans son cœur vraiment, (le mot « vraiment » vient souligner qu’il est bien ici question des émotions, l’amour et la crainte de D.ieu, et non de la pensée à laquelle pourrait renvoyer autrement le mot cœur - cf. commentaire de la page de garde) des recoins de son cœur, de manière parfaitement authentique, avec amour et crainte, par opposition aux sentiments du niveau de « tevouna », qui ne peuvent pas être qualifiés d’amour et de crainte au sens plein. Ces sentiments ne sont désignés ainsi que dans le sens où ils inspirent l’accomplissement des commandements.


L’amour et la crainte dont il va être maintenant question sont des sentiments dans le plein sens du terme. Mais comment est-il possible d’aimer et de craindre D.ieu si l’on n’est pas apte à la méditation ? Rabbi Chnéour Zalman répond:


שהיא אהבה מסותרת שבלב כללות ישראל שהיא ירושה לנו מאבותינו


C’est l’amour latent présent dans le cœur de tous les juifs, qui est un héritage de nos Patriarches.


Puisque cet amour est naturellement présent en chacun, il n’est pas nécessaire de l’engendrer par la méditation. Il faut simplement le dévoiler et l’exprimer dans l’observance des commandements. Pour expliquer comment ce résultat peut être atteint, Rabbi Chnéour Zalman définit en premier lieu la nature de cet amour.


רק שצריך לבאר ולהקדים תחלה באר היטב שרש אהבה זו ועניינה


Mais il faut tout d’abord expliquer clairement la source de cet amour, c’est-à-dire le niveau de l’âme dont il est issu et sa nature, quelle forme d’aspiration représente cet amour.


Il est une première forme d’amour pour D.ieu qui se traduit par un désir de s’attacher à Lui en demeurant cependant une existence indépendante, une âme enveloppée d’un corps. Il en est une seconde dans laquelle l’âme aspire à s’éteindre dans le Divin (kalout hanéfech). Par l’expression « sa nature », Rabbi Chnéour Zalman entend définir le sens de cet « amour latent ».


ואיך היא ירושה לנו ואיך נכלל בה גם דחילו.


et [aussi expliquer] comment cet amour est notre héritage (comment peut-on hériter d’un amour ?) et comment la crainte [de D.ieu] y est incluse.


Comme il a déjà été expliqué, l’observance des commandements négatifs requiert la crainte de D.ieu. Ce qui vient d’être dit, à savoir que l’amour latent présent en chaque juif peut le conduire à l’accomplissement de tous les commandements, implique donc que cet amour comprenne également une certaine forme de crainte.


והענין כי האבות הן הן המרכבה


L’explication est la suivante : les Patriarches étaient véritablement le « char » de D.ieu. Ils Lui étaient complètement soumis et n’avaient aucune volonté indépendante, comme un char qui n’a pas de volonté propre et est seulement conduit par la volonté de son conducteur.


ועל כן זכו להמשיך נפש רוח נשמה לבניהם אחריהם עד עולם מעשר ספירות דקדושה שבארבע עולמות אצילות בריאה יצירה עשיה לכל אחד ואחד כפי מדרגתו וכפי מעשיו


C’est pourquoi, ils méritèrent d’attirer pour leurs descendants, à jamais, des néfech, roua’h et néchama issus des dix saintes Séfirot des quatre mondes d’Atsilout, Bria, Yétsira, et Assia. De quel monde et de quelle Séfira l’âme provient-elle donc ? Chacun selon son niveau et selon ses actes.


L’expression « son niveau » fait référence à la source de l’âme ; l’expression « ses actes » renvoie à l’effort fourni pour se parfaire, conformément au principe du Zohar : « quand un homme s’élève, un niveau d’âme supérieur lui est accordé ».


ועל כל פנים אפילו לקל שבקלים ופושעי ישראל נמשך בזיווגם נפש דנפש דמלכות דעשיה


En tous les cas, même les juifs les plus légers et les plus pécheurs attirent, par leur union [conjugale], un néfech issu du niveau de Néfech de Malkhout d’Assia (« l’attribut de Royauté du monde d’Action »).


Cela signifie que l’union d’un couple juif, quel que soit le niveau spirituel des époux, permet de faire venir ici-bas une âme dont le niveau est au moins celui du plus bas niveau de la sainteté, Néfech de Malkhout d’Assia. Car Assia est le plus inférieur des quatre mondes, et Malkhout la dernière Séfira de ce monde. Malkhout est elle-même composée de trois niveaux – Néfech, Roua’h, et Néchama, Néfech étant le plus inférieur. De plus, l’âme consiste, elle aussi, en trois niveaux de néfech, roua’h, et néchama. Celui qui ne reçoit qu’un néfech issu du Néfech de Malkhout d’Assia a donc une âme du rang le plus bas qui prend sa source dans le plus bas niveau de la hiérarchie spirituelle – comme Rabbi Chnéour Zalman poursuit.


שהיא מדרגה התחתונה שבקדושת העשיה


qui est le plus bas niveau de sainteté dans [le monde d’]Assia.


ואף על פי כן מאחר שהיא מעשר ספירות קדושות


Néanmoins, étant donné que [Malkhout] est l’une des dix saintes Séfirot, et que la sainteté est le royaume de l’unité, où chaque niveau comprend tous les autres,


היא כלולה מכולן גם מחכמה דעשיה


elle les comprend toutes, y compris ‘Hokhma d’Assia (« la Sagesse du monde d’Action »), la Séfira la plus élevée du monde d’Assia,


שבתוכה מלובשת חכמה דמלכות דאצילות


dans laquelle est revêtue ‘Hokhma de Malkhout d’Atsilout (« la Sagesse de la Royauté du monde d’Emanation »).


Comme il sera expliqué par la suite (ch. 52), la Séfira de Malkhout d’Atsilout s’habille dans le monde d’Assia, et l’illumine. Etant donné que Malkhout d’Atsilout comprend toutes les Séfirot d’Atsilout, l’illumination d’Assia par Malkhout signifie que chaque Séfira d’Atsilout telle qu’elle est incluse dans Malkhout d’Atsilout », se revêt de la Séfira correspondante d’Assia : Bina de Malkhout d’Atsilout se revêt de Bina d’Assia, etc.


שבתוכה חכמה דאצילות שבה מאיר אור אין סוף ברוך הוא ממש


Dans laquelle [‘Hokhma de Malkhout d’Atsilout se trouve] ‘Hokhma d’Atsilout, car toutes les Séfirot, dans le monde d’Atsilout, s’incluent mutuellement, dans laquelle brille la lumière du Ein Sof béni soit-Il,


כדכתיב ה' בחכמה יסד ארץ


ainsi qu’il est dit : « D.ieu, avec sagesse, a fondé la Terre »,


Le mot « Bé’Hokhma », traduit ici « avec sagesse », signifie littéralement « dans la sagesse », ce qui indique que la lumière du Ein Sof se révèle dans la Séfira de ‘Hokhma, la Sagesse. L’expression « avec sagesse, a fondé la Terre », signifie que ‘Hokhma, la sagesse, brille dans Malkhout, appelée « la Terre » car elle est le plus bas niveau dans la hiérarchie des Séfirot.)


וכולם בחכמה עשית


et « Par la sagesse, Tu les as tous faits ». (le verbe « faire », qui dénote l’action, indique ici que la Séfira de ‘Hokhma se revêt du monde d’Assia – l’action).


ונמצא כי אין סוף ברוך הוא מלובש בבחינת חכמה שבנפש האדם יהיה מי שיהיה מישראל


Il s’ensuit que la lumière du Ein Sof, béni soit-Il, est revêtue de la faculté de sagesse de l’âme du juif, quel qu’il soit. (La raison pour laquelle c’est précisément cette faculté de sagesse de l’âme qui reçoit la lumière du Ein Sof sera donnée dans la suite de ce chapitre.)


ובחינת החכמה שבה עם אור אין סוף ברוך הוא המלובש בה מתפשטת בכל בחינות הנפש כולה להחיותה מבחינת ראשה עד בחינת רגלה


Et la faculté de sagesse de l’âme, avec la lumière du Ein Sof, béni soit-Il qui en est revêtue, se répand dans l’âme toute entière, pour l’animer avec la vitalité divine « de sa tête à son pied » c’est-à-dire du plus haut au plus bas niveau de l’âme,


כדכתיב החכמה תחיה בעליה


ainsi qu’il est dit : « La sagesse donne vie à ceux qui la possèdent » – l’âme, qui possède la faculté de la sagesse, reçoit sa vie au moyen de celle-ci, comme il a été expliqué.


(ולפעמים ממשיכים פושעי ישראל נשמות גבוהות מאד שהיו בעמקי הקליפות כמו שכתוב בספר גלגולים).


(Et parfois, les pécheurs d’Israël peuvent attirer pour leurs enfants des âmes très élevées qui étaient dans les profondeurs des klipot, comme il est expliqué dans le Séfer Guilgoulim.)


La kabbale enseigne qu’une âme peut être parfois prisonnière des klipot, qui lui interdisent de descendre dans le corps d’un juste. Elle demeure ainsi captive jusqu’à ce que les klipot la libèrent de leur propre gré. En effet, D.ieu leur a donné cette prérogative, comme l’enseigne le Talmud : « D.ieu ne présente pas des demandes injustifiées à Ses créatures. » Dans le cas d’un enfant né de parents fautifs, les klipot acceptent de libérer une âme très élevée qu’elles retiennent prisonnière, dans l’espoir de voir l’enfant influencé par ses parents, et devenir, lui aussi, un pécheur. Elles cherchent ainsi à obtenir un supplément de vitalité qui serait issu de cette âme (dans l’hypothèse où cette âme viendrait à commettre des fautes). Néanmoins, l’enfant porteur d’une âme aussi élevée est à même de surmonter les obstacles imposés par le mal de ses parents et de parvenir au niveau de tsaddik. Ainsi, un tsaddik peut paradoxalement naître de parents fautifs, précisément du fait de leur condition. Rabbi Chnéour Zalman entreprend maintenant de développer l’idée précédemment évoquée, à savoir que chaque juif possède une âme qui procède des saintes Séfirot, et que chaque âme est animée par la lumière du Ein Sof à travers sa faculté de ‘Hokhma. Il définit la nature de la faculté de ‘Hokhma et explique pourquoi elle est le réceptacle de la lumière du Ein Sof.


הנה החכמה היא מקור השכל וההבנה


Or, ‘Hokhma est la source de l’intellect et de la compréhension dont l’émergence se produit dans la faculté de Bina ; Bina représente la faculté de comprendre, saisir une idée dans ses détails et ses ramifications.


והיא למעלה מהבינה שהוא הבנת השכל והשגתו


Elle transcende Bina, qui est [la faculté de] comprendre et de saisir une idée.


והחכמה היא למעלה מההבנה וההשגה והיא מקור להן


Ainsi, dans sa relation avec les facultés inférieures de l’âme, ‘Hokhma présente deux aspects opposés. D’une part, ‘Hokhma transcende la compréhension – elle transcende les facultés inférieures de l’âme (comme il va être expliqué, c’est cet aspect irrationnel qui lui permet d’être le réceptacle de la lumière du Ein Sof) ; et d’autre part, ‘Hokhma est la source [de la compréhension} et est ainsi liée aux facultés inférieures.


Ce dernier aspect de ‘Hokhma lui permet d’étendre ses effets dans l’âme entière (comme il a déjà expliqué) et, dans cet état actif, de s’exprimer même dans la pensée, la parole, et l’action (les « vêtements » de l’âme, ses modes d’expression, qui sont inférieurs à toutes ses facultés), comme cela sera expliqué par la suite, dans le Chapitre Dix-neuf.


וזהו לשון חכמה כ"ח מ"ה שהוא מה שאינו מושג ומובן ואינו נתפס בהשגה עדיין


Le mot ‘Hokhma souligne cette nature duale. ‘Hokhma est composé des deux mots: Koa’h Mah « la faculté du quoi », (littéralement, Mah signifie « Quoi ? » – comme l’on s’interrogerait sur une idée qu’on ne peut pas comprendre : « Qu’est-ce que c’est ? »). Ainsi, bien que ‘Hokhma soit une faculté intellectuelle (rattachée de ce fait aux autres facultés inférieures), néanmoins c’est [une faculté] qui ne peut pas être comprise et saisie par l’intellect, aussi transcende-t-elle les autres facultés.


ולכן מתלבש בה אור אין סוף ברוך הוא דלית מחשבה תפיסא ביה כלל


C’est pourquoi la lumière du Ein Sof, béni soit-Il, Qu’aucune pensée ne peut saisir, en est revêtue.


Les facultés dont la fonction est l’intelligence et la compréhension ne peuvent pas servir de réceptacle pour la lumière du Ein Sof, car l’intellect ne peut pas saisir l’inconnaissable. Seule la faculté de ‘Hokhma, qui est elle-même au-delà de la compréhension, peut recevoir cette lumière.


ולכן כל ישראל אפילו הנשים ועמי הארץ הם מאמינים בה' שהאמונה היא למעלה מן הדעת וההשגה


C’est pourquoi tous les juifs, même les femmes et les ignorants, qui n’ont aucune compréhension de la grandeur de D.ieu, croient en D.ieu, étant donné que la foi est au-delà de la connaissance et de la compréhension; c’est-à-dire que la foi représente l’aptitude à saisir ce qui échappe à l’intellect.


כי פתי יאמין לכל דבר וערום יבין וגו'


Car, comme disent les Ecritures : « le sot croit tout, et l’homme intelligent comprend ».


Celui qui manque d’intelligence saisit ce qui se présente à lui par la foi, alors que le sage se fonde sur la raison. Toutefois, ce dédain vis-à-vis du sot n’a de sens que lorsque l’idée approchée relève de la raison, car alors, le fondement de sa foi n’est autre que son incapacité à comprendre. En revanche, pour ce qui relève du Divin et transcende intrinsèquement l’entendement humain, il n’est d’autre approche que la foi :


ולגבי הקדוש ברוך הוא שהוא למעלה מן השכל והדעת ולית מחשבה תפיסא ביה כלל הכל כפתיים אצלו יתברך


Or, par rapport au Saint Béni soit-Il, Qui transcende l’intellect et la connaissance, et « Qu’aucune pensée ne peut saisir », tous sont semblables à des sots devant Lui, ils ne peuvent donc Le saisir que par la foi,


כדכתיב ואני בער ולא אדע בהמות הייתי עמך ואני תמיד עמך וגו'


ainsi qu’il est dit : « J’étais un sot, ne sachant rien, j’étais assimilé à un animal devant Toi – et je suis continuellement avec Toi… »,


כלומר שבזה שאני בער ובהמות אני תמיד עמך


ce qui signifie que « c’est parce que Je [m’approche de Toi comme] un sot et un animal, par le pouvoir irrationnel de la foi – [précisément de ce fait,] je suis continuellement avec Toi ».


ולכן אפילו קל שבקלים ופושעי ישראל מוסרים נפשם על קדושת ה' על הרוב וסובלים עינוים קשים שלא לכפור בה' אחד


Aussi même les plus légers et les pécheurs d’Israël sacrifient leur vie pour la sanctification du Nom de D.ieu pour la plupart et souffrent le martyre plutôt que de nier l’unité de D.ieu,


ואף אם הם בורים ועמי הארץ ואין יודעים גדולת ה'.


même s’ils sont rustres et ignorants, et ne connaissent pas la grandeur de D.ieu.


וגם במעט שיודעים אין מתבוננים כלל ואין מוסרים נפשם מחמת דעת והתבוננות בה' כלל.


Et même le peu de connaissances qu’ils possèdent n’est pas la source de cette inspiration, car ils n’y réfléchissent pas ; leur sacrifice de soi ne résulte aucunement de la connaissance et de la méditation sur [la grandeur de] D.ieu.


אלא בלי שום דעת והתבוננות רק כאלו הוא דבר שאי אפשר כלל לכפור בה' אחד


Plutôt, ils sont prêts à faire don de leur vie sans aucune connaissance ni réflexion, mais comme s’il leur était absolument impossible d’abjurer le D.ieu Unique,


בלי שום טעם וטענה ומענה כלל


sans absolument aucune raison, ni argument rationnel.


Si le zèle d’une personne à donner sa vie était motivé par la raison, le bénéfice et les frais de l’acte seraient au préalable soupesés. Mais la décision de se sacrifier n’est fondée sur aucun argument rationnel ; elle résulte d’une résolution qui transcende l’intellect et exclut toute alternative.


והיינו משום שה' אחד מאיר ומחיה כל הנפש


Et ce, parce que le D.ieu Unique illumine et anime la totalité de l’âme,


על ידי התלבשותו בבחינת חכמה שבה שהיא למעלה מן הדעת והשכל המושג ומובן.


en étant revêtu de sa faculté de ‘Hokhma qui transcende connaissance ou intelligence rationnelle.


Etant donné que la lumière du Ein Sof réside dans l’âme de chaque juif, chacun, quel que soit son niveau de connaissance, est prêt à faire don de sa vie pour sa foi en D.ieu.

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