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Tanya - Likoutei Amarim - Chapitre 23

Likoutei Amarim Chapitre 23 _______________


Il a été expliqué aux chapitres précédents qu’il n’est pas d’existence séparée de D.ieu. Car la « Parole » divine à l’origine de la création est différente de la parole humaine. Une parole exprimée par l’homme devient séparée de celui-ci, tandis que la « Parole divine » demeure toujours dans sa source, D.ieu. C’est seulement de leur point de vue, subjectif, que les êtres créés sont considérés comme des entités séparées et indépendantes. Et ce, car la force vitale divine qui les anime est sujette à de nombreux tsimtsoumim et à la dissimulation de la « Face » divine, c’est-à-dire la dissimulation de l’aspect « intérieur », essentiel, de la Volonté divine. Le corollaire de cette idée est que tout ce qui est illuminé par la Volonté divine n’a pas de sentiment d’existence propre et est totalement effacé devant D.ieu et ne fait qu’un avec Lui. Dans ce chapitre, Rabbi Chnéour Zalman applique cette idée à la Thora et aux commandements, dans lesquels la Volonté divine est manifeste. Il montre comment le juif peut, à travers l’étude de la Thora et l’accomplissement des commandements, s’unir avec la Volonté et la Sagesse de D.ieu, et ainsi avec D.ieu Lui-même.


פרק כ"ג


ועם כל הנזכר לעיל יובן ויבואר היטב בתוספת ביאור מה שאמרו בזהר דאורייתא וקודשא בריך הוא כולא חד


Avec tout ce qui a été expliqué, on pourra bien comprendre, et élucider davantage l’enseignement du Zohar : « la Thora et D.ieu sont entièrement Un »


ובתיקונים פירשו דרמ"ח פיקודין אינון רמ"ח אברין דמלכא


et le commentaire des Tikounei Zohar : « les 248 commandements sont les 248 « membres » du Roi [D.ieu] ».


Tout comme chaque membre du corps humain est un réceptacle pour une faculté particulière de l’âme qui en est revêtue (par exemple, l’œil est le réceptacle pour la faculté de la vue, l’oreille pour la faculté auditive), de même, chaque commandement est un canal et un réceptacle où se révèle la Volonté divine (les commandements en général représentent la Volonté divine, et chaque mitsva est l’expression d’un aspect particulier de la Volonté divine). Il faut pourtant remarquer que, selon cette analogie, les commandements sont seulement les « membres » de D.ieu. Un membre est une entité distincte de l’âme et ne fait pas un avec celle-ci. Certes, quand une force de l’âme imprègne le membre qui lui correspond, ils forment un même ensemble. Mais ils demeurent deux entités distinctes qui s’unissent. De même, les commandements ne forment pas une seule entité avec D.ieu ; ils Lui sont simplement attachés (si l’on peut dire). En revanche, la Thora, dont le propos est d’expliquer les commandements, est « entièrement une avec D.ieu », selon la citation du Zohar. Quel est le sens de ce niveau d’unité avec D.ieu qui caractérise la Thora (et l’étude de la Thora), et qui dépasse celui des commandements et leur accomplissement ? C’est ce que Rabbi Chnéour Zalman va expliquer à présent.


לפי שהמצות הן פנימיות רצון העליון וחפצו האמיתי המלובש בכל העולמות העליונים ותחתונים להחיותם


Car les commandements constituent la Volonté intérieure de D.ieu et Son véritable désir, qui est revêtu de tous les mondes, supérieurs et inférieurs, les animant.


Tous les mondes sont un produit de la Volonté divine. D.ieu désira leur existence, et c’est cette Volonté qui les amena à l’existence. Toutefois, ce désir n’est qu’une manifestation « extérieure » de Sa Volonté intérieure – le désir pour les commandements. Pourquoi, en fait, D.ieu désire-t-Il l’existence des mondes ? Parce qu’Il désire que les juifs accomplissent les commandements ; c’est à cette fin qu’Il créa tous les mondes. Cette idée peut être explicitée par analogie avec un homme qui entreprend un voyage pour des raisons professionnelles ; de fait, il a la volonté de voyager. Néanmoins, son désir « intérieur » (c’est-à-dire son désir ultime), et son intention dans ce voyage, sont le bénéfice qu’il en tirera. Dans une perspective plus profonde, le désir pour le profit n’est lui-même que l’expression extérieure d’une volonté plus « intérieure » – le désir de ce qu’il pourra acquérir par le fruit de son labeur. Là réside le véritable objet de son désir ; c’est ce désir qui crée son désir pour le profit, lequel le motive pour son voyage. Il en est de même des mondes et des commandements. La Volonté extérieure de D.ieu, Son désir que les mondes existent, est l’expression du véritable objet de Son plaisir – la réalisation des commandements. Les commandements sont donc Sa Volonté intérieure. C’est à cette fin que D.ieu donne vie à tous les mondes.


כי כל חיותם ושפעם תלוי במעשה המצות של התחתונים כנודע.


Car la vie et la subsistance [de tous les mondes] dépendent de l’accomplissement des commandements par les [créatures des mondes] inférieurs, comme il est connu – à savoir que l’accomplissement d’un commandement attire la vitalité divine dans tous les mondes.


ונמצא שמעשה המצות וקיומן הוא לבוש הפנימי לפנימית רצון העליון


Il s’ensuit que l’accomplissement et l’observance des commandements sont le vêtement intérieur de l’aspect intérieur de la Volonté divine,


שממעשה זה נמשך אור וחיות רצון העליון להתלבש בעולמות


puisque c’est par cet accomplissement des commandements, que la lumière et la vitalité émanent de la Volonté divine, pour se revêtir des mondes.


Autrement dit, puisque D.ieu ne désire l’existence des mondes que pour la finalité de l’observance des commandements, et que c’est uniquement à cette fin qu’Il anime les mondes.


ולכן נקראים אברי דמלכא דרך משל כמו שאברי גוף האדם הם לבוש לנפשו ובטלים לגמרי אליה מכל וכל


C’est pourquoi [les commandements] sont désignés, par analogie, comme les « membres du Roi ». Tout comme les membres du corps humain sont un vêtement pour l’âme et lui sont totalement soumis,


כי מיד שעולה ברצונו של אדם לפשוט ידו או רגלו הן נשמעות לרצונו תכף ומיד בלי שום צווי ואמירה להן ובלי שום שהייה כלל


[comme le met en évidence le fait que] dès qu’un homme désire étendre sa main ou son pied, ceux-ci obéissent immédiatement à sa volonté sans aucun ordre ou instruction, et sans aucun délai,


אלא כרגע ממש כשעלה ברצונו.


à l’instant même où il en conçoit le désir.


La réponse des membres est spontanée. Elle n’exige aucun exercice et aucun effort. Tel est le sens de l’expression : « sans ordre, ni instruction » : lorsqu’un certain effort être fourni, une action exercée par une faculté sur une autre (par exemple, quand une tâche particulière est désagréable, mais que l’on s’efforce de la réaliser pour une certaine raison), cette action est comparable à un ordre donné. Mais quand la volonté stimule les membres, un tel ordre n’est pas nécessaire.


כך דרך משל החיות של מעשה המצות וקיומן הוא בטל לגמרי לגבי רצון העליון המלובש בו ונעשה לו ממש כגוף לנשמה.


Tout comme les membres du corps sont totalement unis avec l’âme et lui sont totalement soumis, ainsi, la vitalité [qui anime] l’accomplissement et l’observance des commandements est totalement subordonnée à la Volonté divine qui en est revêtue, et cette vitalité devient pour [la Volonté divine] comme un corps pour une âme.


וכן הלבוש החיצון של נפש האלקית שבאדם המקיים ועושה המצוה שהוא כח ובחינת המעשה שלה


Et de même, le vêtement extérieur de l’âme divine de l’homme qui observe et accomplit le commandement, c’est-à-dire la faculté d’action [de l’âme], qui est extérieure par rapport aux facultés de la pensée et de la parole, puisqu’elle s’exprime à l’extérieur de soi,


הוא מתלבש בחיות של מעשה המצוה ונעשה גם כן כגוף לנשמה לרצון העליון ובטל אליו לגמרי


se revêt de la vitalité de l’accomplissement du commandement, et devient également, pour la Volonté divine, comme un corps pour une âme, c’est-à-dire que la faculté d’action de l’âme s’unit avec la Volonté divine à la manière du corps et de l’âme, et est totalement subordonné [à la Volonté divine].


ועל כן גם אברי גוף האדם המקיימים המצוה שכח ובחינת המעשה של נפש האלקית מלובש בהם בשעת מעשה וקיום המצוה הם נעשו מרכבה ממש לרצון העליון


Aussi les membres du corps humain qui accomplissent le commandement, dont est revêtue la faculté d’action de l’âme divine pendant l’accomplissement et l’observance du commandement, deviennent-ils, eux aussi, un véritable « char » pour la Volonté divine.


כגון היד המחלקת צדקה לעניים או עושה מצוה אחרת.


par exemple, la main qui distribue la charité aux pauvres, ou accomplit un autre commandement devient alors un « char » pour la Volonté divine.


ורגלים המהלכות לדבר מצוה וכן הפה ולשון שמדברים דברי תורה והמוח שמהרהר בדברי תורה ויראת שמים ובגדולת ה' ברוך הוא.


[De même,] les pieds qui marchent pour [accomplir] un commandement, ainsi que la bouche et la langue qui prononcent des paroles de Thora, et le cerveau qui réfléchit sur la Thora, sur la crainte du Ciel, ou sur la grandeur de D.ieu, Béni soit-Il.


Les membres qui s’emploient à l’accomplissement des commandements sont totalement subordonnés, comme un char, à la Volonté divine revêtue de ces commandements. Il faut cependant noter qu’un membre physique ne devient qu’un « char » pour la Volonté divine. Il n’est pas soumis et uni à la Volonté divine au même titre que la faculté d’action de l’âme, dont le rapport avec la Volonté divine a été comparé par Rabbi Chnéour Zalman à l’union du corps et de l’âme. Cette union dépasse celle du char avec son conducteur. L’âme et le corps, quoique étant deux entités séparées, l’une physique et l’autre, spirituelle, s’unissent parfaitement. Cette soumission est telle, que l’âme n’est absente d’aucune partie du corps, et la force vitale de l’âme dans le corps se transforme en force vitale physique. La faculté d’action de l’âme divine, qui est une force divine, atteint à ce niveau d’unité avec D.ieu lorsqu’elle est employée dans l’accomplissement d’un commandement. En revanche, les membres du corps, quoique employés, eux aussi, dans l’accomplissement du commandement, leur unité avec le Divin ne dépasse pas celle d’un char avec son conducteur. Le char, qui n’a pas de volonté propre, est totalement subordonné à son conducteur ; il n’est néanmoins pas uni avec lui.


וזהו שאמרו רבותינו ז"ל האבות הן הן המרכבה


C’est là [la signification de] ce qu’ont dit nos Sages : « Les Patriarches sont le char [de D.ieu] »,


שכל אבריהם כולם היו קדושים ומובדלים מענייני עולם הזה ולא נעשו מרכבה רק לרצון העליון לבדו כל ימיהם:


car tous leurs membres étaient entièrement saints et détachés des sujets de ce monde ; tout au long de leur vie ils ne servirent de « char » que pour la Volonté divine.


La raison pour laquelle les Sages ont désigné spécifiquement les Patriarches comme le « char » de D.ieu, alors que le corps de chaque juif constitue un « char » lorsqu’il accomplit un commandement, est que la soumission des Patriarches à la Volonté divine était unique dans son étendue, son intensité, et sa continuité : tous leurs membres étaient totalement soumis à la Volonté divine tout au long de leur vie. Chez les autres juifs, qui n’ont pas atteint pareil niveau, cette soumission est particulière et momentanée : seuls les membres employés dans l’accomplissement d’un commandement constituent un « char » pour la Volonté divine, et ce, durant l’acte uniquement. En fait, il est possible que le même membre qui constitue un « char » pour la Volonté divine soit également employé à une fin contraire. Rabbi Chnéour Zalman a jusqu’à présent étudié deux formes d’union avec la Volonté divine : l’une, semblable à celle d’un char et son conducteur, et la seconde, à l’union du corps et de l’âme. Ces deux niveaux d’unité sont réalisés par l’accomplissement des commandements. Il va maintenant décrire un troisième niveau d’unité, supérieur aux deux précédents, et qui est obtenu par l’étude de la Thora.


אך המחשבה וההרהור בדברי תורה שבמוח וכח הדבור בדברי תורה שבפה שהם לבושים הפנימים של נפש האלקית


Mais la pensée et la réflexion sur les paroles de la Thora, [qui prennent place] dans le cerveau, et la faculté de la parole [employée] dans les mots de la Thora, avec la bouche – ceux-ci la pensée et la parole étant les vêtements intérieurs de l’âme divine, plus proches de l’âme elle-même que la faculté d’action, le vêtement « extérieur »,


וכל שכן נפש האלקית עצמה המלובשת בהם


et a fortiori l’âme divine elle-même qui en est revêtue, de la pensée et de la parole employées dans l’étude de la Thora,


כולם מיוחדים ממש ביחוד גמור ברצון העליון ולא מרכבה לבד


sont toutes parfaitement unies dans une parfaite unité avec la Volonté divine, et ne sont pas seulement un « char » [pour celle-ci], comme la bouche et le cerveau dans lesquels elles s’expriment.


L’expression « parfaite unité » indique que les deux entités ne font qu’une, par opposition avec l’unité entre l’âme et le corps, qui gardent chacun leur identité distincte même quand ils sont unis. On peut donner l’exemple de l’unité de l’âme et de ses facultés, qui sont partie intégrante de l’âme, et donc totalement unies avec elle. De la même manière, l’âme divine et ses facultés de parole et de pensée sont parfaitement unies avec la Volonté divine, quand on pense ou exprime des idées de la Thora. Pourquoi l’étude de la Thora crée-t-elle une telle unité ?


כי רצון העליון הוא הוא הדבר הלכה עצמה שמהרהר ומדבר בה שכל ההלכות הן פרטי המשכות פנימיות רצון העליון עצמו


Parce que la Volonté divine est elle-même le point de halakha que l’on pense et exprime, puisque toutes les lois sont des expressions particulières de l’aspect intérieur de la Volonté divine même.


שכך עלה ברצונו יתברך שדבר זה מותר או כשר או פטור או זכאי או להפך


Car c’est ainsi qu’il vint à la Volonté de D.ieu : que telle chose soit permise ou kacher, ou [que dans un certain cas, un homme soit déclaré] exempt ou juste [dans son procès], ou l’inverse.


Etant donné que chaque halakha est une expression de la Volonté divine, l’unité qu’elle crée entre l’âme et la Volonté divine dépasse même celle du corps et de l’âme.


וכן כל צרופי אותיות תורה נביאים כתובים הן המשכת רצונו וחכמתו המיוחדות באין סוף ברוך הוא בתכלית היחוד שהוא היודע והוא המדע כו'


De même, toutes les combinaisons de lettres de la Thora, des Prophètes et des Hagiographes, sont une expression de la Volonté et de la Sagesse divines, qui sont unies dans une parfaite unité avec D.ieu Lui-même, car Il est le Connaissant, la Connaissance etc…et le Connu (cf. ch. 2).


Ainsi, celui qui étudie la Thora, les Prophètes ou les Hagiographes, s’unit avec la Volonté et la Sagesse divines, qui ne font qu’un avec D.ieu Lui-même. La différence entre les deux niveaux d’unité avec D.ieu, celui réalisé par la Thora et celui réalisé par les commandements, peut être illustrée par l’analogie suivante : Un roi ordonne à ses serviteurs de lui construire un palais, et dessine à cette fin un croquis détaillé. En mettant le projet à exécution, les serviteurs s’unissent avec le désir du roi exprimé dans le palais. Cependant, les murs et autres éléments du palais, ne sont pas la sagesse et la volonté même du roi. C’est le croquis qui représente sa sagesse et sa volonté, et les architectes qui l’étudient se consacrent donc à l’étude de la sagesse et de la volonté du roi. De même, l’accomplissement effectif des commandements, quoique dicté par la Volonté divine, ne constitue pas Sa Volonté elle-même. La Thora, quant à elle, est elle-même la Sagesse de D.ieu et les lois sont des expressions de Sa Volonté. Celui qui pense ou exprime des paroles de Thora atteint donc à la forme d’unité la plus haute avec D.ieu, Qui est Un avec Sa Volonté et Sa Sagesse.


וזהו שכתוב דאורייתא וקודשא בריך הוא כולא חד ולא אברין דמלכא לחוד כפיקודין.


C’est là le sens de ce qui est écrit [dans le Zohar] : « la Thora et D.ieu sont entièrement Un », et non simplement les « membres » du Roi, comme les commandements.


Comme il a été expliqué, l’unité des mitsvot avec D.ieu est similaire à celle d’une âme et d’un corps, qui sont deux entités séparées, par opposition avec la Thora qui ne fait qu’un avec D.ieu.


ומאחר שרצון העליון המיוחד באין סוף ברוך הוא בתכלית היחוד הוא בגילוי לגמרי ולא בהסתר פנים כלל וכלל בנפש האלקית ולבושיה הפנימים שהם מחשבתה ודבורה באותה שעה שהאדם עוסק בדברי תורה


Et dès lors que la Volonté divine, qui est unie dans une parfaite unité avec D.ieu Lui-même, est pleinement révélée, sans aucune dissimulation, dans l’âme divine et ses vêtements intérieurs, à savoir la pensée et la parole, au moment où l’homme s’emploie à [l’étude] des paroles de la Thora, car la Volonté et la Sagesse divines contenues dans la Thora se révèlent alors pleinement en son âme, ainsi qu’en ses facultés de pensée et de parole,


הרי גם הנפש ולבושיה אלו מיוחדים ממש באין סוף ברוך הוא באותה שעה בתכלית היחוד


l’âme et ses vêtements de la pensée et la parole sont donc, eux aussi, unis dans une parfaite unité avec D.ieu,


כיחוד דבורו ומחשבתו של הקדוש ברוך הוא במהותו ועצמותו כנזכר לעיל


de façon semblable à l’unité de la Parole et de la Pensée de D.ieu avec Son essence même, comme il a été expliqué précédemment.


כי אין שום דבר נפרד כי אם בהסתר פנים כנזכר לעיל


Car rien n’est séparé [de D.ieu], si ce n’est lorsque Sa Face est dissimulée.


Seul cet état produit une impression de séparation de D.ieu chez les êtres créés (comme il a été expliqué au Chapitre Vingt-deux). Dès lors qu’il n’est pas de telle dissimulation dans l’étude de la Thora, l’unité avec D.ieu est parfaite.


ולא עוד אלא שיחודם הוא ביתר שאת ויתר עז מיחוד אור אין סוף ברוך הוא בעולמות עליונים


De plus, leur unité c’est-à-dire l’unité de l’âme divine et de ses facultés avec D.ieu, réalisée par l’étude de la Thora, est plus élevée et plus puissante que celle de la lumière infinie de D.ieu avec les mondes (spirituels) supérieurs,


מאחר שרצון העליון הוא בגילוי ממש בנפש ולבושיה העוסקים בתורה שהרי הוא הוא התורה עצמה


car la Volonté divine est véritablement révélée dans l’âme et ses vêtements employés dans l’étude de la Thora, étant donné qu’elle la Volonté divine est la Thora étudiée elle-même.


וכל העולמות העליונים מקבלים חיותם מאור וחיות הנמשך מהתורה שהיא רצונו וחכמתו יתברך כדכתיב כולם בחכמה עשית


Tous les mondes supérieurs reçoivent leur vitalité de la lumière et de la vie qui dérivent de la Thora, qui est la Volonté et la Sagesse de D.ieu, comme il est dit : « Tu les as tous faits avec sagesse ».


La Sagesse de D.ieu est donc la source de la vitalité de tous les mondes.


ואם כן החכמה שהיא התורה למעלה מכולם


Il s’ensuit que la Sagesse [de D.ieu], qui est la Thora, les transcende tous puisqu’elle est leur source.


והיא היא רצונו יתברך הנקרא סובב כל עלמין שהיא בחינת מה שאינו יכול להתלבש בתוך עלמין רק מחיה ומאיר למעלה בבחינת מקיף


Et elle [la Thora] est la Volonté divine, qui est décrite comme « enveloppant » tous les mondes, c’est-à-dire qu’elle relève d’un niveau qui ne peut pas se revêtir des mondes, mais les anime et les illumine de façon transcendante et « enveloppante »,


והיא היא המתלבשת בנפש ולבושיה בבחינת גילוי ממש כשעוסקים בדברי תורה


c’est ce niveau transcendant tous les mondes qui se revêt de manière révélée de l’âme et de ses vêtements lorsqu’ils sont engagés dans [l’étude de] la Thora.


ואף על גב דאיהו לא חזי כו' (ומשום הכי יכול לסבול משום דלא חזי מה שאין כן בעליונים).


Et même s’il ne voit pas, etc. Autrement dit, même si celui qui étudie ne ressent pas l’unité de son âme avec D.ieu, son âme, elle, la ressent. ([En fait,] c’est précisément pour cela qu’il peut supporter une telle unité avec D.ieu, parce qu’il ne la ressent pas – contrairement aux [êtres des] mondes supérieurs où le Divin n’est pas dissimulé comme dans ce monde ; ils ne peuvent pas éprouver pareille unité sans être totalement annulés et perdre leur identité.)


ובזה יובן למה גדלה מאד מעלת העסק בתורה יותר מכל המצות ואפילו מתפלה שהיא יחוד עולמות עליונים


Cela ce qui a été expliqué à propos du niveau d’unité avec D.ieu réalisé par l’étude de la Thora, qui dépasse même l’unité réalisée par l’observance des commandements, permettra de comprendre pourquoi l’étude de la Thora est tant supérieure à tous les autres commandements, y compris la prière, qui [produit] une unification dans les mondes supérieurs.


(והא דמי שאין תורתו אומנתו צריך להפסיק היינו מאחר דמפסיק ומבטל בלאו הכי).


(Quant à [la loi] qui exige de celui dont l’étude de la Thora n’est pas l’entière occupation d’interrompre [son étude pour la prière], elle ne constitue en rien une preuve de la supériorité de la prière. Au contraire, l’étude reste supérieure, mais doit cependant être interrompue pour la prière, dès lors qu’il aurait de toute façon fait une pause et interrompu son étude.)


Ce n’est donc pas la loi qui exige une interruption de l’étude pour la prière. La loi statue simplement que l’interruption qu’il aurait fait en tout état de cause, soit faite au moment de la prière ; et dès qu’il interrompt son étude lui incombe le devoir de prier.


ומזה יוכל המשכיל להמשיך עליו יראה גדולה בעסקו בתורה


De cela de cette explication à propos de la stature de la Thora, l’homme avisé pourra « attirer sur lui-même » c’est-à-dire éveiller en lui une grande crainte quand il étudie la Thora,


כשיתבונן איך שנפשו ולבושיה שבמוחו ובפיו הם מיוחדים ממש בתכלית היחוד ברצון העליון ואור אין סוף ברוך הוא ממש המתגלה בהם


en réfléchissant comment son âme et ses « vêtements » de la pensée et la parole dans son cerveau et dans sa bouche sont unis dans une parfaite unité avec la Volonté divine et la lumière infinie du Ein Sof qui s’y révèle dans l’âme et ses vêtements lorsqu’il étudie la Thora.


מה שכל העולמות עליונים ותחתונים כלא חשיבי קמיה וכאין ואפס ממש עד שאינו מתלבש בתוכם ממש אלא סובב כל עלמין בבחינת מקיף להחיותם עיקר חיותם רק איזו הארה מתלבשת בתוכם מה שיכולים לסבול שלא יתבטלו במציאות לגמרי.


Cette lumière divine infinie qui se dévoile dans l’étude de la Thora est si élevée que tous les mondes supérieurs et inférieurs sont comme rien devant elle. Ils sont en fait comme le néant absolu, au point que le principal de leur vitalité, qu’ils reçoivent [de cette lumière] n’en est pas revêtu, mais [les anime extérieurement,] de façon transcendante et « enveloppante ». Ils ne peuvent supporter de cette lumière infinie qu’une infime lueur qui en est revêtue sans qu’ils ne retournent au néant.


En méditant sur le fait que la lumière divine qui transcende les mondes se manifeste dans son âme à travers l’étude de la Thora, l’homme avisé sera saisi de crainte en l’étudiant.


וזה שכתוב ויצונו ה' את כל החוקים האלה ליראה את ה' וגו'


C’est le sens du verset : « Et D.ieu nous ordonna [d’accomplir] toutes ces lois, afin de craindre D.ieu, etc. »


Ce verset voit dans les commandements une condition préalable à la crainte de D.ieu, contrairement au sens logique, pour lequel l’accomplissement des commandements serait une conséquence de la crainte de D.ieu. Rabbi Chnéour Zalman explique donc que le verset fait ici référence à un niveau supérieur de crainte, qui est l’aboutissement de l’observance des commandements. Or, si les commandements permettent d’atteindre un niveau supérieur de crainte de D.ieu, a fortiori en est-il ainsi de l’étude de la Thora. C’est sur cette idée que conclut ce chapitre.


(ועל יראה גדולה זו אמרו אם אין חכמה אין יראה והתורה נקראת אצלה תרעא לדרתא כמו שכתוב במקום אחר)


(13*Au sujet de cette grande crainte, nos Sages ont dit : « sans sagesse, il n’est point de crainte. » Dans ce contexte, la « sagesse » fait référence à l’étude de la Thora, et la « crainte » à ce niveau sublime de crainte réalisé seulement par l’étude de la Thora. En revanche, la maxime : « sans crainte, il n’est point de sagesse » fait référence à un niveau de crainte inférieur qui est un préalable à l’étude de la Thora, comme il a été expliqué. C’est par rapport à ce niveau de crainte que la Thora est appelée : « la porte de la demeure », l’unique moyen d’entrer dans la demeure, le niveau sublime de crainte, comme il est expliqué ailleurs.)


אלא דלאו כל מוחא סביל דא יראה כזו. אך גם מאן דלא סביל מוחו כלל יראה זו לא מינה ולא מקצתה מפני פחיתות ערך נפשו בשרשה ומקורה במדרגות תחתונות דעשר ספירות דעשיה אין יראה זו מעכבת בו למעשה כמו שכתוב לקמן.


Toutefois, tout esprit ne peut pas contenir pareille crainte. Mais même celui dont l’esprit ne peut contenir une telle crainte, ni dans sa totalité, ni même en partie, du fait de la racine et source de son âme qui est d’un niveau inférieur – les niveaux inférieurs des dix Séfirot [du monde] d’Assia – [l’absence de] cette crainte n’empêche pas l’action [l’accomplissement de la Thora et des commandements], comme il sera expliqué plus loin.

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