Likoutei Amarim Chapitre 27 _______________
Le chapitre précédent a établi que la tristesse est une entrave au service de D.ieu, notamment pour ce qui concerne la lutte contre le mauvais penchant. Rabbi Chnéour Zalman a donc exposé les moyens par lesquels cet état peut être dépassé, que la tristesse éprouvée ait pour origine des préoccupations matérielles ou spirituelles (suscitées par la considération des fautes passées). En tout état de cause, même cette dernière forme de tristesse n’a pas sa place à l’heure de l’étude de la Thora ou de la prière, mais seulement à certains moments déterminés. Dans ce chapitre et le suivant, Rabbi Chnéour Zalman s’intéresse au sentiment de tristesse qui s’abat sur la personne troublée par de mauvaises pensées. De telles pensées peuvent apparaître alors qu’il se trouve plongé dans ses occupations matérielles ou le perturber pendant la prière ou l’étude. Comme on va le voir, l’apparition de telles pensées ne doit pas être une cause de tristesse mais peut, au contraire, devenir une source de joie.
פרק כ״ז
ואם העצבות אינה מדאגת עונות, אלא מהרהורים רעים ותאוות רעות שנופלות במחשבתו
Et si la tristesse n’est pas due au souci [que suscitent] les fautes qu’il a commises, mais aux mauvaises pensées et aux mauvaises envies qui surgissent dans son esprit, alors :
הנה אם נופלות לו שלא בשעת העבודה, אלא בעת עסקו בעסקיו ודרך ארץ וכהאי גוונא
si [ces pensées] se présentent non pas pendant le service de D.ieu (c’est-à-dire lorsqu’il étudie ou prie), mais au moment où il est occupé par ses affaires et autres choses de ce monde ou ce qui est semblable,
אדרבה יש לו לשמוח בחלקו, שאף שנופלות לו במחשבתו הוא מסיח דעתו מהם
au contraire, il doit se réjouir de son lot : car bien que [des pensées mauvaises] surgissent dans son esprit, il en détourne sa pensée,
(On ne parle pas ici de celui qui s’arrête volontairement sur de telles pensées, car il s’agirait alors d’une faute et la tristesse qu’elle susciterait entrerait dans la catégorie évoquée au chapitre précédent. Plutôt, la tristesse est ici due à la seule apparition de tels désirs ou pensées.)
לקיים מה שנאמר: ולא תתורו אחרי לבבכם ואחרי עיניכם אשר אתם זונים אחריהם
pour accomplir ce qui est dit [dans le verset] : « Vous ne suivrez pas votre cœur et vos yeux, derrière lesquels vous vous dévoyez. »
Seul un homme assailli par de telles pensées a la possibilité d’accomplir cette injonction en en détournant son attention. En effet, l’absence de pareils désirs est l’apanage du tsaddik, lequel, comme il va être établi, n’est pas visé par ce verset. La Thora parle donc ici précisément de celui qui est sujet à de telles pensées et lui prescrit de les rejeter.
ואין הכתוב מדבר בצדיקים לקראם זונים, חס ושלום
Or, le verset ne parle pas des tsaddikim, en les appelant « dévoyés », à D.ieu ne plaise ;
אלא בבינונים כיוצא בו שנופלים לו הרהורי ניאוף במחשבתו, בין בהיתר כו׳
plutôt, [le verset parle] des beinonim semblables à lui, à qui des pensées impudiques viennent à l’esprit, soit (d’une manière) permise soit… (de manière interdite),
וכשמסיח דעתו, מקיים לאו זה
et quand il en détourne son esprit, il accomplit cette injonction négative (« vous ne suivrez pas »).
ואמרו רז״ל: ישב ולא עבר עבירה, נותנים לו שכר כאילו עשה מצוה
Et nos Sages ont dit : « [Si un homme] s’est passivement abstenu de commettre une transgression, on lui donne une récompense comme s’il avait accompli une mitsva. »
ועל כן צריך לשמוח בקיום הלאו כמו בקיום מצות עשה ממש
Aussi doit-il se réjouir de l’accomplissement de l’injonction négative comme de l’accomplissement d’un commandement positif, véritablement.
Non seulement de telles pensées ne doivent pas susciter de tristesse, mais bien au contraire, elles doivent être pour lui source de joie, celle de pouvoir accomplir un commandement de la Thora.
ואדרבה, העצבות היא מגסות הרוח
Au contraire, [le fait d’être] triste face à l’apparition de telles pensées [relève] de l’orgueil,
שאינו מכיר מקומו, ועל כן ירע לבבו על שאינו במדרגת צדיק
car il ne reconnaît pas sa place (c’est-à-dire son niveau), aussi est-il affecté de ne pas être au rang du tsaddik,
שלצדיקים בודאי אין נופלים להם הרהורי שטות כאלו
puisqu’il est bien évident que chez les tsaddikim ne se présentent pas de telles pensées sottes.
כי אילו הי׳ מכיר מקומו, שהוא רחוק מאד ממדרגת צדיק
Car s’il reconnaissait sa place, [à savoir] qu’il est très loin du niveau du tsaddik,
והלואי היה בינוני ולא רשע כל ימיו אפילו שעה אחת
et si seulement il pouvait être un beinoni et, toute sa vie durant, ne [jamais] être un racha fut-ce un instant (en d’autres termes, ses efforts devraient tendre à cette fin, plutôt que de prétendre au statut du tsaddik),
הרי זאת היא מדת הבינונים ועבודתם
voici la mesure des beinonim et leur travail :
לכבוש היצר וההרהור העולה מהלב למוח, ולהסיח דעתו לגמרי ממנו ולדחותו בשתי ידים, כנזכר לעיל
subjuguer le [mauvais] penchant et la pensée qui monte du cœur au cerveau, en détourner complètement son esprit, et la repousser des deux mains (c’est-à-dire refuser de s’y arrêter), comme expliqué précédemment au Chapitre douze.
Le mal présent dans l’âme animale du beinoni conserve toute sa vigueur et il ne peut s’en défaire : il lui appartient uniquement d’empêcher son expression en pensée, en parole et en acte. Autrement dit, il doit refuser d’arrêter son esprit sur des pensées coupables ou de commettre une faute en parole ou en acte. Le beinoni ne maîtrise pas l’apparition de mauvaises pensées, mais il reste tout-à-fait maître de de les rejeter.
ובכל דחיה ודחיה שמדחהו ממחשבתו, אתכפיא סטרא אחרא לתתא
Et à chaque rejet d’une telle pensée de son esprit, la sitra a’hara fléchit ici-bas,
ובאתערותא דלתתא אתערותא דלעילא
et par l’éveil d’en bas (la soumission de la sitra a’hara qu’il provoque ici-bas), il suscite un éveil d’en haut équivalent, c’est-à-dire que
ואתכפיא סטרא אחרא דלעילא המגביה עצמה כנשר
la sitra a’hara d’en haut, la sitra a’hara dans sa source supérieure, qui s’élève comme un aigle, est également subjuguée.
לקיים מה שכתוב: אם תגביה כנשר וגו׳ משם אורידך נאם ה׳
Ainsi s’accomplit ce qui est écrit : « Lorsque tu t’élèveras comme l’aigle… de là Je te ferai descendre, dit D.ieu. » Même lorsqu’elle s’immisce dans les hauteurs célestes – comparées au vol de l’aigle – D.ieu fait plier la sitra a’hara.
וכמו שהפליג בזהר פרשת תרומה [דף קכח] בגודל נחת רוח לפניו יתברך כד אתכפיא סטרא אחרא לתתא
Comme le Zohar, à la section Térouma (p. 128), exalte ce qu’est l’immense satisfaction divine quand la sitra a’hara est soumise ici-bas :
דאסתלק יקרא דקודשא בריך הוא לעילא על כולא יתיר משבחא אחרא, ואסתלקותא דא יתיר מכולא וכו׳
car alors la gloire de D.ieu s’élève au-delà de tout, plus que par toute autre louange, et cette élévation est supérieure à toute [autre]…
Il découle de ce qui vient d’être expliqué que l’apparition de mauvaises pensées permet l’accomplissement d’une injonction négative de la Thora laquelle, du reste, présente la supériorité de soumettre la sitra a’hara.
ולכן אל יפול לב אדם עליו ולא ירע לבבו מאד
Aussi l’homme ne doit-il pas être déprimé ni très affecté en son cœur,
(Il doit, certes, en éprouver une certaine gêne, car l’indifférence serait synonyme de relâchement dans ses efforts ; mais cette gêne ne doit pas dépasser la mesure.)
גם אם יהיה כן כל ימיו במלחמה זו
même s’il est toute sa vie durant [engagé] dans ce combat face à de telles pensées, sans jamais se hisser à une hauteur telle qu’il sera en mesure de les faire taire définitivement.
כי אולי לכך נברא, וזאת עבודתו: לאכפיא לסטרא אחרא תמיד
Car peut-être est-ce pour cela qu’il a été créé et que c’est en cela que consiste son travail – soumettre la sitra a’hara, constamment.
ועל זה אמר איוב: בראת רשעים
Et à ce propos Job a dit (à D.ieu) : « Tu as créé des réchaïm ».
Dans le premier chapitre, Rabbi Chnéour Zalman a relevé la contradiction entre cette exclamation de Job et le principe du libre arbitre énoncé par ailleurs dans le Talmud. Le traité Nidda rapporte en effet que D.ieu décide des qualités qui seront allouées à l’enfant à naître, mais non s’il sera tsaddik ou racha. Autrement dit, le libre-arbitre lui est laissé. On peut désormais résoudre cette contradiction. D.ieu ne décide pas de ce que seront les agissements des hommes. Au regard des pensées fautives susceptibles d’apparaître en leur esprit, ils seront pareils à des « méchants ». Mais ils resteront libres d’accomplir leur raison d’être ici-bas : combattre ces pensées et faire plier la sitra a’hara, comme le texte va l’expliquer à présent.
ולא שיהיו רשעים באמת, חס ושלום
Et l’enseignement de Job ne signifie non pas qu’ils furent créés de telle sorte qu’ils seront véritablement des réchaïm, à D.ieu ne plaise, en fautant effectivement en pensée, parole ou action,
אלא שיגיע אליהם כמעשה הרשעים במחשבתם והרהורם בלבד
mais qu’ils seront sujets à ce qui arrive aux réchaïm, dans leurs pensées et dans leurs songes seulement, c’est-à-dire qu’ils seront, comme ces derniers, l’objet de mauvaises pensées,
והם יהיו נלחמים תמיד להסיח דעתם מהם כדי לאכפיא לסטרא אחרא
et qu’ils devront mener continuellement un combat pour détourner leur esprit [de ces pensées coupables] afin de subjuguer la sitra a’hara (autrement dit, ils furent créés de telle sorte que c’est précisément en cela que consiste leur travail spirituel),
ולא יוכלו לבטלה מכל וכל, כי זה נעשה על ידי הצדיקים
et ils ne pourront pas totalement annihiler la sitra a’hara de leur âme animale (c’est-à-dire qu’ils ne parviendront pas à se défaire de tout désir matériel, source des mauvaises pensées), car cela est accompli par les tsaddikim.
Chez le tsaddik, l’annulation de la klipa de l’âme animale devant le bien ne permet en aucune façon la naissance de désirs pouvant susciter de mauvaises pensées. Toutefois, les « réchaïm » dont parle Job ici sont par nature incapables d’un tel accomplissement ; des pensées coupables pourront toujours faire irruption dans leur esprit et il leur appartiendra de les refuser.
ושני מיני נחת רוח לפניו יתברך למעלה
Et [il y a] deux sortes de satisfaction devant D.ieu qui résultent du travail spirituel des juifs :
אחת, מביטול הסטרא אחרא לגמרי, ואתהפכא ממרירו למתקא ומחשוכא לנהורא, על ידי הצדיקים
l’une provient de l’annulation totale de la sitra a’hara, et de la transformation de l’amer – par référence aux facultés émotionnelles négatives de l’âme animale – en doux, et de l’obscurité – par référence aux facultés intellectuelles de celle-ci – en lumière, [ce qui est accompli] par les tsaddikim ;
והשנית, כד אתכפיא הסטרא אחרא בעודה בתקפה וגבורתה, ומגביה עצמה כנשר
et la seconde, quand la sitra a’hara est subjuguée alors qu’elle est encore dans [toute] sa force et sa puissance et qu’elle s’élève comme un aigle,
ומשם מורידה ה׳ באתערותא דלתתא על ידי הבינונים
et que de là, D.ieu la fait descendre [en réponse à] un éveil d’en bas, c’est-à-dire l’effort effectué pour soumettre la sitra a’hara ; et ce travail spirituel est accompli par les beinonim.
Le travail spirituel des béinonim est donc source pour D.ieu d’un plaisir qui lui est propre. On peut dès lors comprendre l’existence des deux catégories que sont « les tsaddikim » et « les réchaïm ».
וזהו שאמר הכתוב: ועשה לי מטעמים כאשר אהבתי
Et c’est là ce que dit le verset : « Et prépare moi des mets délicats, comme j’aime » ;
מטעמים לשון רבים, שני מיני נחת רוח
[le mot] matamim est [ici employé] au pluriel, faisant référence, dans un sens spirituel, aux deux sortes de satisfaction divine.
והוא מאמר השכינה לבניה כללות ישראל, כדפירש בתיקונים
Ce [verset] est une parole de la Chekhina à ses enfants, la communauté d’Israël, comme expliqué dans les Tikounei Zohar – selon lesquels D.ieu demande par là aux enfants d’Israël de Lui être agréable par leur service.
וכמו שבמטעמים גשמיים, דרך משל, יש שני מיני מעדנים אחד, ממאכלים ערבים ומתוקים,
Et de même que dans l’exemple de la nourriture matérielle, il existe deux sortes de mets délicats : l’une, à base d’aliments agréables et doux,
והשני מדברים חריפים או חמוצים רק שהם מתובלים ומתוקנים היטב עד שנעשו מעדנים להשיב הנפש
et la seconde, à base de choses piquantes ou aigres (qui ne peuvent être consommées telles quelles du fait de l’âpreté de leur goût), mais qui sont épicées et préparées soigneusement au point de devenir des mets délicats qui raniment l’âme, de même existe-t-il deux catégories de délices spirituels.
Les uns sont à base d’éléments « agréables » et « doux », ce qui correspond aux œuvres des tsaddikim qui ne se heurtent pas à la sitra a’hara et dont la tâche consiste uniquement à intensifier le rayonnement de la sainteté divine. Les seconds sont préparés par les beinonim mis au contact de choses « amères », telle la lutte contre le mal présent en eux et les mauvaises pensées qu’il suscite.
וזהו שאמר הכתוב: כל פעל ה׳ למענהו, וגם רשע ליום רעה
C’est là ce qui dit le verset : « Tout [ce que] D.ieu a fait (a été fait) par égard pour Lui, même le racha pour le jour du mal. »
Comment dire, au premier abord, que le racha a été créé « par égard pour D.ieu » ?
פירוש: שישוב מרשעו ויעשה הרע שלו יום ואור למעלה
En fait, cela veut dire, pour qu’il revienne de son mal (c’est-à-dire qu’il se repente) et qu’il transforme le mal qui est le sien en « jour » et « lumière » là-haut,
כד אתכפיא סטרא אחרא ואסתלק יקרא דקודשא בריך הוא לעילא
quand la sitra a’hara est soumise et que la gloire de D.ieu est élevée en haut.
Tel est donc le sens de l’expression : « même le racha pour le jour du mal » ; l’objet du racha est précisément de changer le « mal » en « jour ». On a jusqu’à présent expliqué que le combat mené contre les mauvaises pensées (par lesquelles le mauvais penchant tente de conduire celui qui les éprouve à fauter) provoque la soumission de la sitra a’hara et éveille un immense plaisir en-Haut. Ce combat peut également s’exercer sur un autre terrain : comme expliqué au Chapitre six, tout acte autorisé accompli ou toute parole prononcée à une autre fin que le service de D.ieu relève de la sitra a’hara. Cette dernière se définit en effet comme l’ « autre côté », c’est-à-dire le côté qui n’est pas celui de la sainteté, limitée à ce qui est orienté vers D.ieu (par exemple, un repas pris dans l’intention d’acquérir les forces nécessaires pour le service de D.ieu ou pour le « plaisir du chabbat » qui est un commandement). Le fait donc de s’abstenir d’un acte ou de propos, autorisés en eux-mêmes mais qui ne seraient pas habités par cette sainte intention, en vue de soumettre la sitra a’hara, suscite la même satisfaction divine.
ולא עוד, אלא אפילו בדברים המותרים לגמרי
Plus encore, la soumission de la sitra a’hara et la satisfaction divine qui en résulte n’est pas uniquement le résultat du combat contre de telles mauvaises pensées : même dans des choses qui sont totalement permises,
כל מה שהאדם זובח יצרו אפילו שעה קלה,
tout [ce pour] quoi l’homme sacrifie son penchant, fut-ce un court instant, c’est-à-dire que s’agissant d’un acte permis, et de surcroît nécessaire, il en retarde l’exécution,
ומתכוין לאכפיא לסטרא אחרא שבחלל השמאלי
en ayant l’intention de soumettre la sitra a’hara de son âme animale, située dans le ventricule gauche –
כגון שחפץ לאכול, ומאחר סעודתו עד לאחר שעה או פחות ועוסק בתורה באותה שעה
par exemple, s’il désire manger, mais qu’il retarde son repas d’une heure ou moins, et se consacre à la Thora pendant ce laps de temps,
S’il trouve une autre occupation, d’ordre matériel et pareillement recherchée par son âme animale, il ne soumet pas la sitra a’hara en différant son repas, puisqu’il s’abandonne alors à cette même âme animale. En revanche, s’il consacre ce temps à l’étude, bien que cela ne profite pas à cette étude – qu’il poursuivra en tout état de cause par la suite – et qu’il finisse quoi qu’il en soit par prendre son repas, le seul fait de le différer représente une soumission de la sitra a’hara qui suscite la satisfaction divine.
כדאיתא בגמרא: שעה רביעית מאכל כל אדם, שעה ששית מאכל תלמידי חכמים
comme le dit le Talmud : « la quatrième heure de la journée [est l’heure de] manger pour tout le monde, la sixième [est l’heure de] manger pour les disciples des Sages »,
Pourquoi les érudits prenaient-ils leur repas deux heures après les autres ?
והיו מרעיבים עצמם שתי שעות לכוונה זו אף שגם אחר הסעודה היו לומדים כל היום
parce qu’ils s’affamaient deux heures dans cette intention, alors que même après le repas ils étudiaient toute la journée ;
Cette habitude ne permettait donc pas de libérer un temps supplémentaire pour l’étude : sa seule finalité était la soumission de la sitra a’hara. Cet exemple est valable également dans d’autres domaines, tels que la parole ou encore la pensée :
וכן אם בולם פיו מלדבר דברים שלבו מתאוה מאד לדברם מענייני העולם
et de même, s’il clôt sa bouche en se retenant de prononcer des paroles que son cœur désire ardemment exprimer, concernant les sujets du monde,
Bien que les propos en question ne présentent aucun aspect interdit, il s’en abstient du fait de l’ardent désir qui les motive, afin de réfréner son mauvais penchant.
וכן בהרהורי מחשבתו
et de même concernant les pensées de son esprit –
Il ne donne pas libre cours à sa pensée, lorsqu’il éprouve le désir de porter son esprit sur des choses matérielles.
אפילו במעט מזעיר דאתכפיא סטרא אחרא לתתא אסתלק יקרא דקודשא בריך הוא וקדושתו לעילא הרבה
même par une infime soumission de la sitra a’hara ici-bas, la gloire de D.ieu et Sa sainteté s’élèvent grandement en-Haut.
ומקדושה זו נמשכת קדושה עליונה על האדם למטה לסייעו סיוע רב ועצום לעבודתו יתברך
Et de cette sainteté (en-Haut), une sainteté supérieure s’épanche sur l’homme ici-bas, pour lui prêter concours d’une aide abondante et puissante dans son service de D.ieu.
וזהו שאמרו רז״ל: אדם מקדש עצמו מעט למטה, מקדשין אותו הרבה מלמעלה
C’est là ce qu’ont dit nos Sages : « [Quand] un homme se sanctifie un peu ici-bas, on le sanctifie grandement d’en-Haut ».
לבד מה שמקיים מצות עשה של תורה: והתקדשתם וכו׳, כשמקדש עצמו במותר לו
Outre le fait qu’il accomplit un commandement positif de la Thora : « Sanctifiez-vous… » lorsqu’il se sanctifie dans ce qui lui est permis.
Il a été expliqué jusqu’à présent que le beinoni ne doit pas être contrit (du fait du combat incessant qu’il se trouve mener contre ses mauvaises pensées), car ce travail spirituel cause précisément une satisfaction divine que ne peuvent inspirer les tsaddikim, exempts de telles pensées. Mais pareille supériorité doit aussi trouver une expression positive, à travers ce que l’Ecriture appelle « Fais le bien ». C’est cela que le texte a entendu ajouter en indiquant : « outre le fait qu’il accomplit par là un commandement positif de la Thora... ». Ce commandement aussi est propre aux beinonim, comme il va être expliqué.
ופירוש והתקדשתם: שתעשו עצמכם קדושים
Le sens de « Sanctifiez-vous » est : « Vous vous ferez saints ».
כלומר: אף שבאמת אינו קדוש ומובדל מסטרא אחרא
C’est-à-dire : bien qu’en vérité, il ne soit pas saint et séparé de la sitra a’hara,
Le mot kédoucha (« sainteté ») évoque l’idée de « séparation » d’avec tout ce qui appartient au domaine de la sitra a’hara. Autrement dit, bien qu’une telle séparation reste pour lui toujours à accomplir (c’est dire qu’il doit effectivement se rendre saint) parce que son coeur n’est pas encore à l’abri des tentations qui émanent de la sitra a’hara,
כי היא בתקפה ובגבורתה כתולדתה בחלל השמאלי
car elle est [encore] dans toute sa force et toute sa puissance, comme à sa naissance, dans le ventricule gauche du cœur, siège de l’âme animale et du mauvais penchant,
רק שכובש יצרו ומקדש עצמו
et c’est seulement qu’il contient son penchant et se rend lui-même « saint » et séparé de la sitra a’hara. Alors, poursuit le verset après l’injonction « Sanctifiez-vous »,
והייתם קדושים
« vous serez saints ».
L’expression « vous serez saints » qui se lit littéralement comme un ordre (« vous devrez être saints »), peut également être comprise dans le sens d’une promesse.
כלומר: סופו להיות קדוש ומובדל באמת מהסטרא אחרא
C’est-à-dire qu’il finira par être « saint » et « séparé » véritablement de la sitra a’hara,
על ידי שמקדשים אותו הרבה מלמעלה
par le fait que, comme expliqué précédemment, « Lorsqu’un homme se sanctifie dans une petite mesure ici-bas, on le sanctifie grandement d’en haut »,
ומסייעים אותו לגרשה מלבו, מעט מעט
et on l’aide à chasser [la sitra a’hara] de son cœur, peu à peu (ainsi, même en son cœur, les attraits de la sitra a’hara disparaîtront).
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