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Tanya - Likoutei Amarim - Chapitre 28

Likoutei Amarim Chapitre 28 _______________


Au Chapitre vingt-sept, Rabbi Chnéour Zalman a expliqué que le beinoni ne doit pas s’affliger outre mesure des pensées et des désirs mauvais qui s’immiscent dans son esprit. Au contraire, il doit y trouver une source de joie. En détachant avec célérité son esprit de semblables pensées, il peut connaître la joie d’accomplir l’injonction de la Thora : « Vous ne suivrez pas votre cœur et vos yeux, par lesquels vous vous dévoyez ». Il fait alors plier l’esprit de la sitra a’hara et offre ainsi un immense plaisir à D.ieu. Toutefois, un tel raisonnement ne peut se comprendre que lorsque de telles pensées l’assaillent au milieu de ses occupations matérielles. Mais, si elles se manifestent pendant qu’il sert D.ieu (par exemple pendant l’étude de la Thora ou la prière), il n’y a certainement pas lieu de se réjouir car, précisément, c’est du service de D.ieu qu’il est en l’occurrence distrait. Quelle doit donc être alors son attitude ? Cette question fait l’objet du présent chapitre.


פרק כ״ח


ואפילו אם נופלים לו הרהורי תאוות ושאר מחשבות זרות בשעת העבודה בתורה או בתפלה בכוונה


Même si des songes concupiscents ou autres pensées étrangères lui surgissent [à l’esprit] au moment [où il est occupé au] service [de D.ieu] par la Thora ou par la prière avec ferveur,


אל ישית לב אליהן, אלא יסיח דעתו מהן כרגע


il ne devra y prêter aucune attention ; plutôt, il en détournera son esprit à l’instant même.


וגם אל יהי שוטה, לעסוק בהעלאת המדות של המחשבה זרה כנודע


Il ne sera pas non plus sot, en s’employant à élever la midda [dont procède] la pensée étrangère [en question], comme on le sait.


Chaque pensée étrangère procède d’une certaine midda (faculté, attribut émotionnel) négative de l’âme animale. Par exemple, la midda de ‘hessed (la bonté, l’amour) de l’âme animale s’exprime par des pensées concupiscentes ; la midda de guevoura (la rigueur, la crainte) se traduit par des pensées d’inimitié ou de crainte inappropriées. Une certaine forme de travail spirituel consiste, pour qui est troublé par une pensée étrangère, à déterminer la mauvaise midda qui en est la source pour ensuite raffermir la midda correspondante de l’âme divine. De cette manière, la midda négative de l’âme animale se trouve sublimée et, par là-même, la mauvaise pensée qu’elle a engendrée. Par exemple, une pensée nourrie par un désir devra être élevée en renforçant le sentiment d’amour pour D.ieu de l’âme divine. Néanmoins, le beinoni dont on parle ici ne doit pas tenter semblable entreprise.


כי לא נאמרו דברים ההם אלא לצדיקים


Car ces choses-là n’ont été dites qu’au regard des tsaddikim,


שאין נופלים להם מחשבות זרות שלהם כי אם משל אחרים


lesquels ne sont pas assaillis par des mauvaises pensées qui leur sont propres, mais seulement par celles des autres.


Le tsaddik ayant opéré la transformation des middot de son âme animale en sainteté, aucune mauvaise pensée ne peut émaner de celles-ci. Les pensées étrangères susceptibles de lui traverser parfois l’esprit proviennent en fait d’un autre juif dont l’âme est attachée à la sienne : ce dernier, ne trouvant pas les moyens et les forces nécessaires pour mener à bien sa lutte contre une certaine midda négative, doit alors obtenir le concours du tsaddik auquel il est lié. Cette mauvaise pensée est ainsi projetée dans l’esprit du tsaddik : elle y apparaît sous la forme de « lettres de la pensée » dénuées de substance, c’est-à-dire de tout mauvais sentiment. En identifiant la midda dont elle est issue et en renforçant en lui la midda équivalente de l’âme divine, le tsaddik permet à cet autre de vaincre sa propre mauvaise midda. Tout cela concerne bien évidemment un tsaddik, dépourvu lui-même de mauvaises middot.


אבל מי שנופל לו משלו מבחינת הרע שבלבו בחלל השמאלי


Mais celui qui est pénétré par des pensées étrangères qui lui sont propres, [qui émanent] du mal qui [se trouve] dans le ventricule gauche de son cœur, c’est-à-dire des mauvaises middot de son âme animale,


איך יעלהו למעלה והוא עצמו מקושר למטה


comment pourrait-il élever [ce mal] vers le haut tout en étant lui-même attaché en bas ? Prétendre accomplir un tel travail spirituel serait donc parfaitement incongru.


אך אף על פי כן אל יפול לבו בקרבו להיות מזה עצב נבזה בשעת העבודה, שצריך להיות בשמחה רבה


Mais cependant, qu’il ne soit pas abattu intérieurement en son cœur, en étant triste et honteux du fait de ces pensées étrangères, au moment du service [de D.ieu, durant lequel] on doit être dans une grande joie ;


אלא אדרבה, יתחזק יותר ויוסיף אומץ בכל כחו בכוונת התפלה בחדוה ושמחה יתירה


au contraire, il se renforcera davantage et intensifiera sa détermination, de toute sa force, dans la ferveur de la prière, avec un surcroît de joie et d’allégresse,


בשומו אל לבו כי נפילת המחשבה זרה היא מהקליפה שבחלל השמאלי, העושה מלחמה בבינוני עם נפש אלקית שבו


en prenant en considération en son cœur que l’apparition de la pensée étrangère provient de la klipa du côté gauche [du cœur], laquelle mène un combat chez le beinoni contre l’âme divine qui est en lui.


ונודע דרך הנלחמים וכן הנאבקים יחד


Or, on connaît la conduite de ceux qui mènent une guerre (le but étant de vaincre, voire de tuer l’ennemi) et, de même, de ceux qui luttent l’un contre l’autre (chacun cherchant simplement à faire tomber son adversaire) :


כשהאחד מתגבר אזי השני מתאמץ להתגבר גם כן בכל מאמצי כחו


lorsque l’un se renforce, alors le second s’emploie également, avec toutes ses ressources, à montrer plus de force.


ולכן כשנפש האלקית מתאמצת ומתגברת להתפלל


C’est pour cela que dans le contexte du conflit qui oppose l’âme animale à l’âme divine, lorsque l’âme divine se donne de la peine et concentre ses forces pour prier et ainsi affaiblir et vaincre l’âme animale,


אזי גם הקליפה מתגברת כנגדה, לבלבלה ולהפילה במחשבה זרה שלה


alors la klipa de l’âme animale se renforce contre l’âme divine, [cherchant] à la troubler et à la faire choir avec sa mauvaise pensée.


L’âme animale, qui appréhende les efforts déployés par l’âme divine dans la prière, tente par tous les moyens de distraire sa concentration par des pensées étrangères. L’apparition de telles pensées est donc bien révélatrice d’une ferveur qui ne laisse pas l’âme animale indifférente. Cette considération devrait à l’évidence encourager la poursuite des efforts engagés.


ולא כטעות העולם שטועים להוכיח מנפילת המחשבה זרה, מכלל שאין תפלתם כלום


Contrairement à l’erreur commune selon laquelle les gens concluent de l’apparition de la pensée étrangère que leur prière n’a aucune valeur,


שאילו התפלל כראוי ונכון לא היו נופלים לו מחשבות זרות


car disent-ils, s’il avait prié convenablement et correctement, des pensées étrangères ne lui seraient pas apparues.


והאמת היה כדבריהם אם היתה נפש אחת לבדה, היא המתפללת והיא המחשבת ומהרהרת המחשבות זרות


Leur affirmation eut été vraie s’il n’y avait qu’une seule âme uniquement, étant à la fois celle qui prie et celle qui pense les pensées étrangères.


Dans pareil cas effectivement, la présence d’une pensée étrangère eut révélé un défaut d’immersion dans la prière laissant place à une telle pensée.


אבל באמת לאמיתו הן שתי נפשות, הנלחמות זו עם זו במוחו של אדם


Mais la vraie vérité est que ce sont deux âmes, qui combattent l’une contre l’autre dans le cerveau de l’homme,


כל אחת חפצה ורצונה למשול בו ולהיות המוח ממולא ממנה לבדה


chacune ayant pour désir et pour volonté de dominer dans [le cerveau] et que le cerveau soit empli d’elle exclusivement ;


וכל הרהורי תורה ויראת שמים מנפש האלקית, וכל מילי דעלמא מנפש הבהמית


et toutes les pensées de Thora et de crainte de D.ieu proviennent de l’âme divine, [tandis que] toutes les pensées relatives aux choses du monde dérivent de l’âme animale.


La ferveur dans la prière est donc bien celle de l’âme divine, alors que les pensées extérieures procèdent de l’âme animale. L’apparition d’une pensée étrangère au cours de la prière ne traduit donc en rien un défaut dans celle-ci. Cependant, si elles sont deux entités distinctes, pourquoi les pensées étrangères de l’âme animale devraient-elles troubler l’âme divine ? Ce à quoi le texte répond :


רק שהאלקית מלובשת בה


C’est seulement que l’âme divine est revêtue dans [l’âme animale]. Aussi l’âme divine est-elle troublée par les pensées étrangères de son opposant.


והוא כמשל אדם המתפלל בכוונה, ועומד לנגדו ערל רשע, ומשיח ומדבר עמו כדי לבלבלו


C’est comme l’exemple d’un homme qui prie avec ferveur et devant qui se trouve un païen, un impie, qui cause et parle avec lui en vue de le troubler.


Si l’intention de l’impie n’était pas de distraire l’homme en prière, mais simplement de lui poser une question, il suffirait de répondre pour mettre fin au dérangement. Mais dès lors que l’interlocuteur ne cherche que la distraction de l’orant, lui répondre le ferait renchérir.


שזאת עצתו בודאי שלא להשיב לו מטוב ועד רע, ולעשות עצמו כחרש לא ישמע


Tel est, bien évidemment, le conseil pour lui : ne lui répondre, ni en bien, ni en mal et faire le sourd qui n’entend pas,


ולקיים מה שכתוב: אל תען כסיל כאולתו, פן תשוה לו גם אתה


et accomplir [ainsi] ce qui est écrit : « Ne réplique pas au sot selon son ineptie, de peur que tu deviennes comme lui. »


כך אל ישיב מאומה ושום טענה ומענה נגד המחשבה זרה


De même, à l’instar du silence face au païen qui cherche à le distraire, quand une mauvaise pensée s’immisce dans son esprit, il ne répondra rien et ne tentera aucune discussion en apportant quelque argument ou réponse contre la pensée étrangère,


כי המתאבק עם מנוול מתנוול גם כן


car celui qui lutte contre un [individu] couvert de crasse se salit lui aussi. Aussi esquivera-t-il toute « intéraction » avec la mauvaise pensée.


רק יעשה עצמו כלא יודע ולא שומע ההרהורים שנפלו לו, ויסירם מדעתו ויוסיף אומץ בכח כוונתו


En fait, il feindra ne pas savoir et ne pas entendre les pensées qui lui sont apparues, il les évacuera de son esprit et intensifiera la force de sa concentration.


ואם יקשה לו להסירם מדעתו מפני שטורדים דעתו מאד בחזקה


Et si évacuer [ces pensées] de son esprit s’avère pour lui difficile, parce qu’elles perturbent fortement son esprit,


אזי ישפיל נפשו לה׳, ויתחנן לו יתברך במחשבתו


alors il rabaissera son âme devant D.ieu, et, dans sa pensée, il suppliera [D.ieu]


לרחם עליו ברחמיו המרובים כרחם אב על בנים הנמשכים ממוחו,


de le prendre en pitié dans Sa grande miséricorde, telle la miséricorde d’un père envers ses enfants, lesquels procèdent de son cerveau,


וככה ירחם ה׳ על נפשו הנמשכת מאתו יתברך להצילה ממים הזדונים,


ainsi D.ieu sera-t-il compatissant envers son âme qui est issue de Lui, Béni soit-Il (c’est-à-dire de l’attribut de ‘Hokhma, la Sagesse divine, comme expliqué au Chapitre deux), pour la sauver des « eaux impétueuses » c’est-à-dire des pensées qui la noient,


ולמענו יעשה, כי חלק ה׳ ממש עמו


et Il agira par égard pour Lui-même, car « Son peuple est vraiment une partie de Lui. »


Invoquer la miséricorde divine pour soi-même impliquerait un jugement divin : celui qui implore miséricorde est-il digne de l’obtenir ? Le Tanya exhorte en conséquence à invoquer la miséricorde de D.ieu « par égard pour Lui ». Le texte peut également être lu comme une promesse : D.ieu viendra certainement en aide à celui qui L’implore et « Il sauvera son âme des eaux impétueuses » ; « Il le fera par égard pour Lui », car l’âme est véritablement une partie de D.ieu.

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