Likoutei Amarim Chapitre 29 _______________
Au cours des chapitres précédents, Rabbi Chnéour Zalman a donné différents conseils pour se libérer de la tristesse, qui entrave le service de D.ieu. Il s’intéresse maintenant à un autre obstacle observé régulièrement. Le timtoum halev (« l’obstruction du cœur ») est un état d’insensibilité du cœur que la réflexion méditative ne parvient pas à illuminer et qui n’accède pas aux sentiments d’amour et de crainte de D.ieu.
פרק כ״ט
אך עוד אחת, צריך לשית עצות בנפשות הבינונים
Cependant, il y a encore une chose que l’on doit chercher les moyens [d’affronter], concernant les âmes de ceux qui sont au niveau de beinoni.
אשר לפעמים ועתים רבים יש להם טמטום הלב שנעשה כאבן, ולא יכול לפתוח לבו בשום אופן לעבודה שבלב, זו תפלה
Parfois, et [même] à de nombreux moments, ils ont une « obstruction du cœur », lequel devient comme une pierre ; et ils ne peuvent en aucune façon ouvrir leur cœur pour le « service du cœur » qu’est la prière.
La pensée hassidique prête à l’expression avoda chébelev (travail du cœur) une double signification : « travail dans le cœur » et « travail avec le cœur ». Cela veut dire, d’une part, que le terrain de la prière est le cœur, autrement dit, que les idées comprises et méditées par l’esprit doivent briller dans le cœur ; d’autre part, que l’objet même de la prière est le cœur : la finalité de la prière est précisément de changer l’orientation du cœur – le détourner des désirs matériels pour le diriger vers l’amour et la crainte du Divin. La condition préalable à un tel travail étant la réceptivité du cœur, le « timtoum halev » est donc un frein à la prière.
וגם לפעמים לא יוכל להלחם עם היצר לקדש עצמו במותר לו, מפני כבדות שבלבו
Et aussi parfois, il ne peut pas mener combat contre le mauvais penchant pour se sanctifier dans ce qui lui est permis, à cause de la lourdeur [qui pèse] dans son cœur.
Au Chapitre vingt-sept, il a été expliqué que le service du beinoni est en partie consacré à ce que caractérise l’expression : « Sanctifie-toi dans ce qui t’est permis ». Ainsi doit-il combattre ses appétences : par exemple, il ne satisfait pas un désir de nourriture aussitôt qu’il est éprouvé. Ce qui implique une lutte contre son mauvais penchant lequel recherche l’expression concrète de chacun de ses désirs. Insensible, le cœur ne peut engager cette lutte.
וזאת היא עצה היעוצה בזהר הקדוש, דאמר רב מתיבתא בגן עדן: אעא דלא סליק ביה נהורא, מבטשין ליה כו׳, גופא דלא סליק ביה נהורא דנשמתא, מבטשין ליה כו׳
Voici le conseil suggéré dans le saint Zohar : « Le président de l’académie du Jardin d’Eden dit : une bûche de bois qui ne prend pas feu, on la met en pièces… et de même, un corps où le feu (c’est-à-dire la lumière) de l’âme ne prend pas, on le met en pièces… »
Ainsi le corps devient-il réceptif à la lumière de l’âme, conclut le Zohar. Ici, le fendage du bois est préféré à l’amplification du feu ; de même, dans notre contexte, ne s’agit-il pas d’intensifier la réflexion engagée sur la grandeur de D.ieu pour venir à bout de l’insensibilité du cœur. Il faut « briser » cette insensibilité pour devenir un réceptacle capable de recevoir la lumière intellectuelle de l’âme divine.
פירוש נהורא דנשמתא: שאור הנשמה והשכל אינו מאיר כל כך למשול על חומריות שבגוף
La signification du « feu de l’âme » qui ne prend pas est que la lumière de l’âme et de l’intellect ne brille pas au point de dominer la grossièreté du corps ;
ואף שמבין ומתבונן בשכלו בגדולת ה׳, אינו נתפס ונדבק במוחו כל כך שיוכל למשול על חומריות הלב, מחמת חומריותן וגסותן
et bien qu’il comprenne et qu’il médite dans son intellect sur la grandeur de D.ieu, cela n’est pas suffisamment saisi et imprimé dans son esprit au point qu’il puisse dominer la grossièreté du cœur, du fait du degré de leur grossièreté et vulgarité (celle du cœur et de l’esprit).
והסיבה היא גסות הקליפה, שמגביה עצמה על אור קדושת נפש האלקית, ומסתרת ומחשיכה אורה
Et la cause est la grossièreté et arrogance de la klipa de l’âme animale qui se hisse au-dessus de la sainteté de la lumière de l’âme divine, et qui dissimule et obscurcit la lumière [de celle-ci].
ולזאת צריך לבטשה ולהשפילה לעפר
Aussi faut-il la briser et la faire choir à terre, comme la bûche de bois qui doit être fendue pour prendre feu.
Rabbi Chnéour Zalman explique maintenant comment parvenir à ce résultat. Il souligne que la personne du beinoni s’identifie à son âme animale. Par conséquent, en brisant son propre esprit, il brise ipso facto la sitra a’hara (de son âme animale par laquelle il se définit), et permet ainsi à la lumière de l’âme divine et de son intellect de l’imprégner.
דהיינו לקבוע עתים להשפיל עצמו, להיות נבזה בעיניו נמאס, ככתוב
Cela veut dire qu’il faut fixer des moments pour se rabaisser (c’est-à-dire réfléchir à des considérations qui suscitent un tel sentiment), être honteux à ses yeux et répugnant », comme écrit dans le verset,
ולב נשבר רוח נשברה היא הסטרא אחרא, שהיא היא האדם עצמו בבינונים
et « lorsque le cœur est brisé, l’esprit est brisé », [l’« esprit brisé »] étant la sitra a’hara laquelle, chez les beinonim, correspond à l’homme lui-même.
שנפש החיונית המחיה הגוף היא בתקפה כתולדתה בלבו, נמצא היא היא האדם עצמו
Car l’âme vitale qui anime le corps est dans [toute] sa puissance dans le cœur [du beinoni], comme à sa naissance ; elle est donc, effectivement, la personne elle-même.
ועל נפש האלקית שבו, נאמר: נשמה שנתת בי טהורה היא, שנתת בי דייקא, מכלל שהאדם עצמו איננו הנשמה הטהורה,
Quant à l’âme divine qui est en lui, il est dit la concernant : « L’âme que Tu as donnée en moi, elle est pure ». « Que Tu as donnée en moi » précisément, il en découle que l’homme lui-même n’est pas l’âme pure.
L’expression « en moi » ne saurait cependant être comprise uniquement en référence au corps, lequel n’est pas capable d’expression. Cela signifie plutôt que la personne s’identifie à l’âme animale en tant qu’elle anime le corps, et celle-ci dit de l’âme divine : « l’âme que Tu as donnée en moi ».
כי אם בצדיקים שבהם הוא להפך: שנשמה הטהורה שהיא נפש האלקית הוא האדם, וגופם נקרא בשר אדם
Cela est vrai pour tout un chacun, sauf pour les tsaddikim ; chez eux, c’est le contraire : l’âme pure, c’est-à-dire l’âme divine, est l’homme (car leur vitalité provient exclusivement de l’âme divine, même le corps étant animé par celle-ci), et leur corps est quant à lui appelé « la chair de l’homme » c’est-à-dire qu’il est secondaire devant l’être lui-même qui s’identifie à l’âme divine.
וכמאמר הלל הזקן לתלמידיו, כשהיה הולך לאכול היה אומר שהוא הולך לגמול חסד עם העלובה ועניה, הוא גופו,
Comme le dire d’Hillel l’Ancien à ses disciples, lequel, lorsqu’il allait manger, disait qu’il allait faire un acte de bienfaisance envers la « [créature] honteuse et pauvre » [signifiant par cela] son corps.
כי כמו זר נחשב אצלו, ולכן אמר שהוא גומל חסד עמו במה שמאכילו,
Car [son corps] était considéré comme un étranger à son égard, et c’est pour cela qu’il disait que le nourrir était un acte de bienfaisance qu’il accomplissait envers lui (tel un acte de bonté envers une personne extérieure à soi).
כי הוא עצמו אינו רק נפש האלקית לבד, כי היא לבדה מחיה גופו ובשרו, שהרע שהיה בנפש החיונית המלובשת בדמו ובשרו נתהפך לטוב, ונכלל בקדושת נפש האלקית ממש בצדיקים
Car lui-même n’est autre que l’âme divine uniquement, car elle seule anime son corps et sa chair ; car chez les tsaddikim, le mal qui était dans l’âme vitale revêtue du sang et de la chair a [déjà] été transformé en bien, et a été véritablement absorbé dans la sainteté de l’âme divine. C’est donc à cette dernière uniquement que s’identifie la personne même du tsaddik.
אבל בבינוני, מאחר שמהותה ועצמותה של נפש החיונית הבהמית שמסטרא אחרא המלובשת בדמו ובשרו לא נהפך לטוב, הרי היא היא האדם עצמו
En revanche, dans le cas du beinoni, dès lors que l’être et essence de l’âme vitale et animale, issue de la sitra a’hara, revêtue de son sang et de sa chair n’a pas été transformé en bien, elle est bien la personne même du beinoni.
C’est pourquoi, lorsqu’il parvient à un état de contrition, le beinoni brise par là même la sitra a’hara. Le texte va maintenant exposer différentes pensées sur lesquelles le beinoni doit centrer sa réflexion afin d’atteindre ce résultat. Il s’agit tout d’abord de méditer ce qui précisément vient d’être dit, à savoir qu’il s’identifie lui-même à la sitra a’hara.
ואם כן הוא רחוק מה׳ בתכלית הריחוק, שהרי כח המתאוה שבנפשו הבהמית יכול גם כן להתאוות לדברים האסורים, שהם נגד רצונו יתברך
Et s’il en est ainsi, à savoir que le beinoni lui-même s’identifie à son âme animale, il est éloigné de D.ieu au plus haut point. Car la force désirante de son âme animale peut également désirer des choses interdites, qui sont opposées à la volonté de D.ieu ;
אף שאינו מתאוה לעשותם בפועל ממש, חס ושלום, רק שאינם מאוסים אצלו באמת כבצדיקים, כמו שכתוב לעיל [פרק י״ב].
bien qu’il n’éprouve pas le désir d’accomplir de telles actions interdites concrètement, à D.ieu ne plaise, elles ne sont pas véritablement répugnantes pour lui comme elles le sont pour les tsaddikim (et il se peut qu’il en ressente le désir), comme dit précédemment (Chapitre douze).
Rabbi Chnéour Zalman a alors expliqué qu’après la prière, et en dépit de l’élévation alors atteinte, lorsque l’amour de D.ieu ne se fait plus ressentir en son cœur, le beinoni peut à nouveau éprouver un attrait pour la matérialité et désirer des choses permises ou interdites. Toutefois, ce désir demeure à l’état de « mauvaises pensées » et ne s’exprime pas au point que soit envisagé le passage à l’acte.
ובזה הוא גרוע ומשוקץ ומתועב יותר מבעלי חיים הטמאים ושקצים ורמשים, כנזכר לעיל
Et en cela (l’existence même chez lui d’un tel désir à l’égard de choses contraires à la Volonté divine), il est plus bas, plus répugnant et plus abominable que les animaux impurs, les insectes et les reptiles, comme expliqué plus haut au Chapitre vingt-quatre. Contrairement à l’être humain, ces créatures n’entreprennent rien à l’encontre de la Volonté divine. L’homme enclin à un tel comportement leur est donc inférieur.
וכמו שכתוב: ואנכי תולעת ולא איש וגו׳
Ainsi qu’il est écrit : « Et je suis un ver et non un homme, etc. »
Or, un homme semblable à un ver est, ipso facto, inférieur à ce dernier pour avoir fait le choix de lui ressembler. Mais que dire alors de ces moments comme la prière, durant lesquels le beinoni éprouve un véritable sentiment d’amour pour D.ieu, bannissant de son cœur tout désir matériel ? Le texte répond à cette question implicite par une parenthèse :
[וגם כשמתגברת בו נפשו האלקית לעורר האהבה לה׳ בשעת התפלה, אינה באמת לאמיתו לגמרי, מאחר שחולפת ועוברת אחר התפלה כנזכר לעיל, סוף פרק י״ג]
(Et même quand son âme divine se renforce en lui, pour éveiller [un sentiment d’]amour pour D.ieu durant la prière, cette émotion n’est pas d’une authenticité absolue puisqu’elle passe et disparaît après la prière, comme expliqué plus haut, à la fin du Chapitre treize.)
Rabbi Chnéour Zalman a expliqué que seul ce qui est permanent et immuable peut être qualifié de « vrai », selon l’expression des Proverbes : « Le langage de vérité sera établi pour l’éternité ». A l’échelle du beinoni cependant, cet éveil de l’âme divine durant la prière peut être regardé comme « vrai » dès lors que le beinoni est toujours capable de susciter un tel sentiment durant la prière. Mais il ne saurait être défini comme « absolument vrai » (en hébreu émète laamito), puisqu’il n’est pas constant et ne se manifeste qu’à l’heure de la prière. De cette imperfection d’un sentiment qui s’évanouit après la prière, le beinoni peut nourrir sa méditation.
ובפרט כשיזכור טומאת נפשו בחטאת נעורים, והפגם שעשה בעליונים,
Et en particulier lorsqu’il se souviendra du fait que son âme a été souillée par la faute de jeunesse et de la tare qu’il a [ainsi] causée dans les [mondes] supérieurs – à la source de son âme ;
Certes, une telle faute appartient désormais au passé et ne serait plus concevable pour lui qui a atteint le rang de beinoni ; néanmoins, précise le Tanya,
ושם הוא למעלה מהזמן, וכאלו פגם ונטמא היום, חס ושלום, ממש
et là-bas (dans les sphères supérieures), tout est au-delà du temps, et c’est comme si c’était aujourd’hui même qu’il avait causé cette flétrissure et qu’il s’était souillé, à D.ieu ne plaise, vraiment.
ואף שכבר עשה תשובה נכונה, הרי עיקר התשובה בלב, והלב יש בו בחינות ומדרגות רבות,
Et bien qu’il ait déjà fait un repentir correct, effaçant ainsi la souillure provoquée par la faute, mais le principe du repentir est dans le cœur, et le cœur comprend de nombreux degrés et distinctions,
Selon l’expression du verset : « Des profondeurs (du cœur) je T’appelle », ce qui indique bien qu’il existe plusieurs degrés de profondeur.
והכל לפי מה שהוא אדם, ולפי הזמן והמקום, כידוע ליודעים
et tout dépend de quel homme il est (le repentir et la profondeur du regret doivent être à la mesure de sa stature), et du temps et du lieu (le repentir dépend aussi de l’épreuve et de la tentation à laquelle il était sujet à cette époque et en ce lieu), comme il est connu de ceux qui savent.
Il est donc possible que le repentir passé ne suffise pas au regard de sa stature actuelle et qu’un repentir plus profond soit désormais attendu.
ולכן עכשיו בשעה זו, שרואה בעצמו דלא סליק ביה נהורא דנשמתא,
Et c’est pour cela que maintenant, en ce moment-là où il observe en lui-même que la lumière de l’âme ne le pénètre pas,
מכלל שהיום לא נתקבלה תשובתו, ועונותיו מבדילים,
il en ressort (a) qu’aujourd’hui, son repentir n’a pas été accepté et ses fautes font séparation entre lui et le Divin, ne laissant pas pénétrer la lumière de l’âme ;
או שרוצים להעלותו לתשובה עילאה יותר, מעומקא דלבא יותר
ou bien (b) que l’on veut l’élever à un repentir supérieur, issu [d’un niveau] plus profond du cœur par rapport à son repentir passé.
Autrement dit, ce n’est pas que son repentir n’est pas accepté : bien au contraire, on souhaite ici le faire progresser vers un degré supérieur de repentir. On le confronte par conséquent à de telles entraves dans le service de D.ieu afin qu’il suscite des forces plus profondes et s’élève à ce niveau supérieur.
ולכן אמר דוד: וחטאתי נגדי תמיד
Et c’est pour cela que le Roi David a dit : « Ma faute est toujours face à moi ».
Pourquoi David devait-il constamment se souvenir de ses fautes passées ? N’avait-il pourtant pas dit : « et mon cœur est vide au-dedans de moi », ce qui signifie qu’il n’avait plus de mauvais penchant, plus aucune trace de faute, et qu’il avait donc atteint le rang de tsaddik (comme le Chapitre premier du Tanya l’a déjà montré) ! Force est de conclure qu’il recherchait par là l’élévation à l’intérieur même de la sainteté, un niveau de repentir supérieur…
וגם מי שהוא נקי מחטאות נעורים החמורים ישים אל לבו לקיים מאמר זהר הקדש: להיות ממארי דחושבנא
Et même celui qui est net des graves fautes de jeunesse, qu’il prenne à cœur (pour parvenir à la contrition) d’accomplir le dire du saint Zohar – de faire partie des « maîtres des comptes ».
A la manière du propriétaire qui tient les comptes de son affaire, qui lui importe énormément, et non comme l’employé qui n’y attacherait qu’un intérêt relatif.
דהיינו לעשות חשבון עם נפשו מכל המחשבות והדיבורים והמעשים שחלפו ועברו מיום היותו עד היום הזה, אם היו כולם מצד הקדושה, או מצד הטומאה, רחמנא לצלן,
Cela veut dire qu’il doit faire le compte avec son âme de toutes les pensées, paroles et actions, qui sont passées depuis le jour de sa venue à l’existence jusqu’au jour d’aujourd’hui : étaient-elles toutes du côté de la sainteté ou du côté de l’impureté, à D.ieu ne plaise.
דהיינו כל המחשבות והדיבורים והמעשים אשר לא לה׳ המה, ולרצונו ולעבודתו,
C’est-à-dire (le « côté de l’impureté » ne se rapporte pas seulement aux fautes, mais signifie aussi) toutes les pensées, paroles, ou actions, qui ne sont pas pour D.ieu, pour Sa Volonté et pour Son service.
Même si elles ne présentent aucun aspect fautif, dès lors que ces actions, paroles ou pensées ne visent pas le service de D.ieu (la sainteté), elles appartiennent au côté de l’impureté.
שזהו פירוש לשון סטרא אחרא כנזכר לעיל [פרק ו׳]
C’est là la signification de l’expression sitra a’hara (l’autre côté, qui se définit comme tout ce qui n’appartient pas au côté de la sainteté), comme dit précédemment (au Chapitre six).
ומודעת זאת כי כל עת שהאדם מחשב מחשבות קדושות נעשה מרכבה בעת זו להיכלות הקדושה, שמהן מושפעות מחשבות הללו
Et il est bien connu qu’à tout moment où l’homme pense des pensées saintes, il devient, à ce moment-là, un « char » pour les « palais » (heikhalot) de la sainteté d’où procèdent et sont nourries ces pensées.
L’image du char qui n’a pas de volonté propre et se trouve totalement subordonné à son conducteur est employée pour signifier l’idée de soumission parfaite devant la sainteté.
וכן להפך, נעשה מרכבה טמאה בעת זו להיכלות הטומאה שמהן מושפעות כל מחשבות רעות, וכן בדבור ומעשה
De même, à l’inverse, quand il s’abandonne à des pensées qui ne relèvent pas de la sainteté, il devient à ce moment un « char » impur pour les palais d’impureté d’où procèdent et sont nourries toutes les mauvaises pensées. Et il en est de même pour la parole et l’action.
Il ressort de ce qui vient d’être dit que, même en l’absence de faute, il est possible de parvenir à un état de contrition en faisant le compte, le bilan de ses pensées, paroles et actions et constater ainsi qu’elles n’appartenaient pas toutes au domaine de la sainteté. Dans ces moments, celui qui a pensé, discouru ou agi s’est donc trouvé sous la domination de l’impureté et de la sitra a’hara.
עוד ישים אל לבו רוב חלומותיו שהם הבל ורעות רוח, משום שאין נפשו עולה למעלה, וכמו שכתוב: מי יעלה בהר ה׳ נקי כפים וגו׳
Encore il considèrera en son coeur la plupart de ses rêves (car on peut apprendre davantage sur son état spirituel de ses rêves que de ses pensées éveillées et conscientes) qui sont « vanité et cassure de l’esprit » parce que son âme ne s’élève pas en haut durant le sommeil, et comme il est écrit : « Qui montera sur la montagne de D.ieu ? Celui dont les mains sont propres et qui a un cœur pur ». A défaut de pareilles qualités, son âme ne peut connaître l’élévation et mériter des révélations de Thora et de sainteté. Aussi ses rêves à lui sont-ils un mélange de vanité et de sottise.
ואינון סטרין בישין אתיין ומתדבקן ביה, ומודעין ליה בחלמא מילין דעלמא וכו׳, ולזמנין דחייכן ביה ואחזיאו ליה מילי שקר, וצערין ליה בחלמיה כו׳,
Et « ces mauvais côtés » viennent, se collent à lui, et lui font savoir en rêve des choses du monde, etc. et parfois ils se moquent de lui et lui montrent des choses mensongères, et le tourmentent dans ses rêves… »,
כמו שכתוב בזהר ויקרא [דף כ״ה עמוד א׳ ועמוד ב׳], עיין שם באריכות
comme l’écrit le Zohar, [section] Vaykra (page 25 folios a et b). Se référer à ce qui y est longuement [développé].
Le contenu de ses rêves lui donne un véritable aperçu de sa situation spirituelle. Cette considération le conduira à avoir le cœur brisé, même s’il est exempt des graves fautes de jeunesse.
והנה כל מה שיאריך בעניינים אלו במחשבתו, וגם בעיונו בספרים, להיות לבו נשבר בקרבו, ונבזה בעיניו נמאס ככתוב, בתכלית המיאוס, ולמאס חייו ממש,
Or, plus il s’arrêtera sur ces considérations dans sa pensée, et approfondira également les livres qui traitent de telles questions, de sorte que son cœur soit brisé au-dedans de lui, honteux à ses yeux, répugnant comme il est écrit dans le verset, avec la répulsion la plus absolue, répugnant sa vie vraiment,