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Tanya - Likoutei Amarim - Chapitre 4

Likoutei Amarim Chapitre 4 _______________


פרק ד


ועוד יש לכל נפש אלקית שלשה לבושים


Et en plus de ces dix facultés abordées au Chapitre Trois, chaque âme divine a trois vêtements,


L’âme possède trois pouvoirs auxiliaires qui sont les instruments au moyen desquels elle s’exprime. Comme des vêtements, l’âme peut les utiliser à son gré. Quand l’âme utilise l’une de ces trois forces, on dit qu’elle en est « revêtue ». Et à l’image de vêtements, qui traduisent la beauté et la noblesse de celui qui les porte, l’intellect et les sentiments de l’âme trouvent à s’exprimer par ces pouvoirs.


שהם מחשבה דבור ומעשה של תרי”ג מצות התורה


qui sont : la pensée, la parole et l’action dans les 613 commandements de la Thora.


Rabbi Chnéour Zalman va maintenant expliquer comment l’âme divine s’habille de ces vêtements, s’exprime à travers eux.


שכשהאדם מקיים במעשה כל מצות מעשיות


Car lorsqu’un homme accomplit par l’action tous les commandements qui requièrent un acte physique, par exemple quand il met les téfiline ou porte des tsitsit, etc.


ובדבור הוא עוסק בפירוש כל תרי”ג מצות והלכותיהן


et, avec la parole, s’emploie à [étudier] l’explication de tous les 613 commandements et les lois qui les régissent,


C’est-à-dire quand la parole est engagée dans l’étude de la Thora qui est l’exposé des commandements (par exemple, le traité talmudique Bérakhot traite des commandements et des lois relatives aux bénédictions, le traité Chabbat traite des commandements et des lois relatives au Chabbat…).


ובמחשבה הוא משיג כל מה שאפשר לו להשיג בפרד”ס התורה.


et, avec la pensée, comprend ce qu’il est capable de comprendre dans le Pardess (les quatre niveaux d’interprétation) de la Thora,


Le mot Pardess, qui signifie littéralement « un verger », est utilisé ici comme un acronyme des quatre mots : Pchat, Rémez, Drouch, Sod, qui signifient respectivement le sens littéral, allégorique, homilétique et ésotérique – les quatre niveaux d’interprétation des Ecritures.


הרי כללות תרי”ג אברי נפשו מלובשים בתרי”ג מצות התורה


alors, tous les 613 « membres » de son âme sont revêtus des 613 mitsvot de la Thora.


De même que le corps humain est composé de 248 membres et de 365 vaisseaux sanguins, qui correspondent aux 248 commandements positifs de la Thora et aux 365 préceptes négatifs (les 613 commandements de la Thora), l’âme comprend 613 « membres » spirituels – chaque membre correspondant à un commandement particulier. Quand l’âme observe l’ensemble des 613 commandements au moyen de ses trois vêtements (la pensée, la parole et l’action), tous les 613 « membres » de l’âme sont vêtus des 613 commandements – chaque membre étant vêtu du commandement qui lui correspond. (Il faut noter ici la répétition très significative par Rabbi Chnéour Zalman du mot « tous » : « tous les commandements qui requièrent un acte physique », « l’explication de tous les 613 commandements », « tout ce qu’il est capable de comprendre ». Si un commandement particulier est omis, le membre correspondant de l’âme sera privé de son « vêtement ».) Ainsi, dans un sens général, par l’observance des commandements au moyen de la pensée, la parole, et l’action, l’âme toute entière se revêt de tous les 613 commandements de la Thora. Rabbi Chnéour Zalman va maintenant préciser de quel vêtement (la pensée, la parole, ou l’action) chaque composante de l’âme se revêt en particulier.


ובפרטות בחינות חב”ד שבנפשו מלובשות בהשגת התורה שהוא משיג בפרד”ס כפי יכולת השגתו ושרש נפשו למעלה.


De façon plus détaillée, les ‘HaBaD de son âme (ses facultés intellectuelles) sont revêtues de sa compréhension de la Thora, qu’il comprend dans (les quatre niveaux d’interprétations du) Pardess selon son aptitude intellectuelle et la racine de son âme en haut.


L’aptitude intellectuelle est la disposition générale d’un individu à comprendre ; la racine de son âme, elle, détermine le domaine de la Thora pour lequel il a la meilleure aptitude. Par exemple, un homme dont l’âme se rattache au niveau de Pchat est particulièrement à même de comprendre le sens premier de la Thora. Une âme qui se rattache au Rémez cherchera à atteindre le sens caché des mots, et ainsi de suite. Quand on comprend la Thora selon son aptitude intellectuelle, les facultés de ‘HaBaD de l’âme sont revêtues du vêtement constitué par la pensée de la Thora.


והמדות שהן יראה ואהבה וענפיהן ותולדותיהן מלובשות בקיום המצות במעשה ובדבור שהוא תלמוד תורה שכנגד כולן


Et les middot, qui sont les sentiments de crainte et d’amour (pour D.ieu), avec leurs ramifications et leurs dérivés, sont revêtues de l’accomplissement des commandements en acte et en parole, [en parole signifiant] l’étude de la Thora qui « équivaut à tous les commandements [réunis] ».


L’affirmation de Rabbi Chnéour Zalman, selon laquelle en comprenant la Thora, l’intellect, faculté de l’âme, se revêt de la pensée, ne fait pas difficulté. Il va sans dire que l’intellect ne peut comprendre la Thora que par le véhicule de la pensée. En revanche, ce qui vient d’être dit, à savoir que les sentiments sont revêtus de l’accomplissement des commandements en acte ou en parole, mérite explication. En effet, quel lien existe-t-il entre, d’une part, l’amour et la crainte de D.ieu, et d’autre part, l’action et la parole ? Le cœur est le siège des sentiments ; comment ceux-ci se revêtent-ils alors des actes accomplis avec les mains (par exemple, la mise des téfiline), ou par la parole (l’étude de la Thora) ? Rabbi Chnéour Zalman va donc expliquer que la plénitude de l’observance des commandements exige amour et crainte de D.ieu. Pour donner à cette observance la perfection générée par la vitalité et la profondeur des sentiments, il faut en effet être empreint d’amour et de crainte de D.ieu.


כי האהבה היא שרש כל רמ”ח מצות עשה וממנה הן נמשכות ובלעדה אין להן קיום אמיתי


Car l’amour est la racine de l’accomplissement des 248 commandements positifs : ils en découlent et n’ont pas de vraie substance en son absence.


כי המקיימן באמת הוא האוהב את שם ה’ וחפץ לדבקה בו באמת


Puisque celui qui les accomplit avec vérité est celui qui aime le Nom de D.ieu et désire véritablement s’attacher à Lui ;


ואי אפשר לדבקה בו באמת כי אם בקיום רמ”ח פקודין


or, il est impossible de s’attacher véritablement à Lui si ce n’est par l’accomplissement des commandements,


שהם רמ”ח אברין דמלכא כביכול כמו שכתוב במקום אחר.


qui sont les 248 « membres du Roi » (de D.ieu, le Roi de l’Univers), si l’on peut s’exprimer ainsi, comme il est expliqué par ailleurs.


De même que chaque membre de l’être humain est un réceptacle pour une force particulière de son âme qui s’en revêt (par exemple, l’œil est un réceptacle pour la faculté visuelle, l’oreille pour la faculté auditive…), ainsi, chaque commandement est un réceptacle pour l’aspect particulier de la Volonté divine (Retson Haélione, la « Volonté suprême ») qui s’en revêt. Chaque commandement exprime en effet la Volonté divine de voir un certain acte réalisé, ainsi que les détails de son exécution. Il est donc clair qu’en accomplissant les commandements, on se lie à D.ieu, dont ils sont la Volonté. Ainsi, l’amour éprouvé pour D.ieu se revêt de (ou encore s’exprime dans) l’accomplissement des 248 commandements positifs ; il est leur source et leur vitalité, ce qui conduit à les accomplir avec la totalité de son être. Car qui aime D.ieu et désire s’attacher à Lui, accomplit Ses commandements comme un devoir envers un ami particulièrement cher – avec plaisir et zèle, et de tout son être.


והיראה היא שרש לשס”ה לא תעשה כי ירא למרוד במלך מלכי המלכים הקדוש ברוך הוא


Et la crainte est la racine de l’observance des 365 commandements négatifs, car il celui qui craint D.ieu craint de se rebeller contre le Roi des Rois, le Saint Béni soit-Il, en agissant de manière contraire à Sa Volonté ; aussi se garde-t-il de toute chose interdite par D.ieu.


A ce niveau, le mot « crainte » est interprété dans son sens simple – une crainte devant la sévérité de l’interdit divin.


או יראה פנימית מזו שמתבושש מגדולתו למרות עיני כבודו ולעשות הרע בעיניו


ou éprouve une crainte plus profonde : il a honte, devant la grandeur [de D.ieu], de défier les yeux de Sa Gloire qui voient tout et de faire ce qui est mal à Ses yeux,


כל תועבת ה’ אשר שנא הם הקליפות וסטרא אחרא


c’est-à-dire toutes les choses abominables haïes par D.ieu, que sont les klipot et la sitra a’hara (l’autre côté – qui est l’opposé de la sainteté),


אשר יניקתם מהאדם התחתון ואחיזתם בו הוא בשס”ה מצות לא תעשה.


qui tirent leur vie de l’homme ici-bas (en ce monde) et ont prise sur lui en sorte qu’elles reçoivent à travers lui leur vitalité par le fait qu’il transgresse les (l’un des) 365 commandements négatifs.


Quand un homme transgresse un commandement négatif, à D.ieu ne plaise, il pourvoit les klipot d’une force et d’une vitalité supplémentaires. Parce que les klipot et la sitra a’hara dissimulent la Divinité et la sainteté, et sont abhorrées par D.ieu, le juif se garde de transgresser les commandements. Il éprouve un sentiment de « honte » à l’idée de commettre une transgression et de donner ainsi vie et force aux klipot. Ainsi, la crainte de D.ieu se revêt-elle de (c’est-à-dire s’exprime dans) l’observance des commandements négatifs, puisqu’elle inspire le refus de la faute. On voit maintenant avec clarté comment l’amour et la crainte de D.ieu se rattachent à l’accomplissement des commandements, et comment les middot sont la source et la vitalité de l’observance des commandements en acte et en parole. Rabbi Chnéour Zalman a expliqué jusqu’ici que l’âme divine a trois vêtements : la pensée, la parole et l’action qui relèvent de la Thora et des commandements. Il va à présent établir que, contrairement à des vêtements physiques qui ont évidemment moins d’importance que la personne même qui s’en habille, les « vêtements de l’âme » sont plus élevés que l’âme qui les « porte ». En pensant et en prononçant des mots de Thora, en accomplissant les commandements, l’âme s’élève à un niveau supérieur. En effet, la Thora et les commandements ne faisant qu’un avec D.ieu, celui qui revêt ces « vêtements », s’unit également avec Lui. Dans les termes de Rabbi Chnéour Zalman :


והנה שלשה לבושים אלו מהתורה ומצותיה אף שנקראים לבושים לנפש רוח ונשמה


Or, bien que ces trois « vêtements » de la Thora et de ses commandements [ne] soient qualifiés [que] de vêtements pour les néfech, roua’h, et néchama,


עם כל זה גבהה וגדלה מעלתם לאין קץ וסוף על מעלת נפש רוח ונשמה עצמן


néanmoins, leur niveau (le niveau des vêtements de la Thora et de ses commandements) est infiniment plus élevé et plus grand que celui des néfech, roua’h et néchama eux-mêmes,


כמו שכתוב בזהר דאורייתא וקודשא בריך הוא כולא חד


[car,] comme il est écrit dans le Zohar, la Thora et le Saint Béni soit-Il ne font qu’un.


פירוש דאורייתא היא חכמתו ורצונו של הקדוש ברוך הוא והקדוש ברוך הוא בכבודו ובעצמו כולא חד


Cela signifie que la Thora, qui est la Sagesse et la Volonté du Saint Béni soit-Il (la sagesse de la Thora est l’expression de la Sagesse de D.ieu, et la loi l’expression de Sa Volonté), et le Saint Béni soit-Il dans Sa gloire et Son essence, ne font qu’un,


כי הוא היודע והוא המדע וכו’ כמו שכתוב לעיל בשם הרמב”ם


car Il est le Connaissant, la Connaissance, etc. comme écrit plus haut (au ch. 2) au nom de Maïmonide.


La Thora, qui est la Sagesse de D.ieu, ne fait donc qu’un avec D.ieu Lui-même. Quand un juif la comprend et s’unit ainsi à elle, il s’unit avec D.ieu Lui-même. On peut en conclure que les vêtements de la pensée et de la parole (l’étude de la Thora), et de l’action (l’observance des commandements), sont unis avec D.ieu Lui-même, et donc plus élevés que l’âme. Toutefois, une question se pose à présent : comment peut-on dire que comprendre la Thora reviendrait à comprendre la Sagesse et la Volonté de D.ieu, alors même que la Sagesse de D.ieu (comme D.ieu Lui-même) transcende l’intellect humain ?


ואף דהקדוש ברוך הוא נקרא אין סוף ולגדולתו אין חקר ולית מחשבה תפיסא ביה כלל


Et bien que le Saint Béni soit-Il soit appelé Ein-Sof (« Infini »), et que « Sa grandeur ne peut pas être sondée » et qu’« aucune pensée ne peut Le saisir »,


וכן ברצונו וחכמתו


et il en est de même de Sa Volonté et de Sa Sagesse (elles sont infinies et insaisissables),


כדכתיב אין חקר לתבונתו וכתיב החקר אלו-ה תמצא וכתיב כי לא מחשבותי מחשבותיכם


comme il est écrit : « Son intelligence ne peut pas être sondée », et : « Peux-tu trouver et comprendre D.ieu en cherchant ? », et : « car Mes pensées ne sont pas vos pensées »,


La pensée humaine n’est donc pas à même de saisir la Pensée divine. Comment est-il dès lors possible de dire que celui qui comprend la Thora saisit la Sagesse divine ? Rabbi Chnéour Zalman va répondre que D.ieu a « comprimé » et a « abaissé » si l’on peut dire, Sa Sagesse, en l’habillant des termes et des objets physiques de la Thora et des commandements, pour la rendre saisissable par l’intelligence humaine et permettre ainsi de se lier à Lui.


הנה על זה אמרו במקום שאתה מוצא גדולתו של הקדוש ברוך הוא שם אתה מוצא ענותנותו


à ce propos pour répondre à la question posée par cette rupture entre l’intelligence humaine et la Sagesse divine, [nos Sages] ont dit : « Là où tu trouves la grandeur du Saint Béni soit-Il, tu trouves Son humilité. »


En d’autres termes, comment peut-on approcher la grandeur de D.ieu, la « trouver », et s’unir à elle ? – A travers Son « humilité » : du fait qu’Il s’est abaissé à notre niveau.


וצמצם הקדוש ברוך הוא רצונו וחכמתו בתרי”ג מצות התורה ובהלכותיהן


D.ieu a « comprimé » Sa Volonté et Sa Sagesse dans les 613 mitsvot de la Thora et dans leurs lois,


Comme il a déjà été expliqué, les commandements représentent la Volonté divine. La loi, quant à elle, est l’expression de Sa Sagesse et de Sa Volonté : les principes qui sous-tendent la loi sont Sa Sagesse, et la loi tranchée Sa Volonté (Sa Volonté est que la loi soit tranchée ainsi).


ובצרופי אותיות תורה נביאים כתובים


et dans les combinaisons de lettres des [Ecritures :] la Thora, les Prophètes, et les Hagiographes,


Les lettres et les mots des Ecritures véhiculent la Volonté et la Sagesse de D.ieu. Même celui qui ignore leur signification accomplit le précepte d’étudier la Thora, simplement en les récitant.


ודרשותיהן שבאגדות ומדרשי חכמינו ז”ל


et la Volonté et la Sagesse divines sont également comprises dans les explications [de ces versets] qui se trouvent dans les Aggadot et les Midrachim de nos Sages, de mémoire bénie.