Likoutei Amarim Chapitre 40 _______________
Le Chapitre trente-neuf a établi que l’élévation de la Thora étudiée et des mitsvot accomplies dépend de la kavana, c’est-à-dire de l’intention et de la motivation dont elles sont porteuses. Si l’aspiration à la Thora et aux mitsvot vient de sentiments d’amour et de crainte de D.ieu nés d’une profonde méditation sur la grandeur de D.ieu, le service divin ainsi accompli s’élève jusqu’aux Séfirot de Bria, le monde de l’entendement. Si ce sont l’amour et la crainte naturels, innés en chaque juif, qui sont mis en éveil, la Thora et les mitsvot atteignent les Séfirot de Yétsira, le monde des émotions. Enfin, si l’étude et la pratique sont dépourvues de ces sentiments d’amour et de crainte, autrement dit si la noble intention de lichma, celle d’étudier et de pratiquer la Thora pour elle-même, fait défaut (même si cette étude n’est pas détournée vers des intérêts purement personnels mais qu’elle est simplement réglée par l’habitude), elle ne s’élève pas « devant D.ieu ». Cependant, si l’étude est revisitée lichma, l’étude première dénuée de cette intention se trouve jointe à elle et reçoit son élévation.
פרק מ׳
אך כל זמן שלא חזר ולמד דבר זה לשמה
Cependant, tant qu’il n’a pas de nouveau étudié cette chose-là lichma,
אין לימודו עולה אפילו בי׳ ספירות המאירות בעולם היצירה והעשיה
son étude ne s’élève pas même dans les dix Séfirot qui illuminent dans les mondes de Yétsira et d’Assia (il est inutile de mentionner les Séfirot du monde de Bria).
כי הספירות הן בחינת אלקות, ובהן מתלבש ומתייחד אור אין סוף ברוך הוא ממש
Car les Séfirot sont une dimension du Divin ; en elles se vêt et s’unit la lumière du Ein Sof, véritablement. L’élévation au rang des Séfirot signifierait donc l’élévation à l’intérieur de la lumière du Ein Sof.
ובלא דחילו ורחימו לא יכלא לסלקא ולמיקם קדם ה׳, כמו שכתוב בתיקונים
Et sans crainte et sans amour, [l’étude de la Thora] ne peut pas s’élever et se tenir devant D.ieu – la lumière du Ein Sof – comme il est écrit dans les Tikounei Zohar.
רק לימודו עולה להיכלות ומדורין, שהן חיצוניות העולמות
Son étude de la Thora s’élève seulement dans les « palais » et « demeures », qui sont l’aspect extérieur des mondes de Yétsira et Assia,
Les Séfirot représentent l’aspect profond et intérieur, le Divin inhérent aux mondes ; les Palais et demeures constituent l’aspect extérieur, c’est-à-dire qu’ils appartiennent à la dimension de « monde » et non à la dimension du Divin.
שבהן עומדים המלאכים
dans lesquels se tiennent les anges ;
וכמו שכתב הרב חיים ויטל ז״ל בשער הנבואה פרק ב׳, שמהתורה שלא בכוונה נבראים מלאכים בעולם היצירה, ומהמצות בלי כוונה נבראים מלאכים בעולם העשיה
comme l’écrit Rabbi ‘Haïm Vital, de mémoire bénie, dans le Chapitre deux de Chaar Hanévoua : par [l’étude de] la Thora sans kavana, sont créés des anges dans le monde de Yétsira ; par les mitsvot [accomplies] sans kavana, sont créés des anges dans le monde d’Assia.
La création d’anges à partir de cette étude et de ces mitsvot indique clairement que celles-ci ne sont pas absorbées dans le Divin des Séfirot et qu’elles trouvent leur place uniquement dans l’aspect extérieur des mondes. On pourrait néanmoins lire autrement le Chaar Hanévoua : l’absence de kavana dont il parle pourrait en effet être comprise comme l’absence d’attention, d’application de la pensée à l’étude ou à l’acte de la mitsva (par exemple, un texte lu machinalement sans être compris ou une action accomplie machinalement sans même l’intention d’accomplir une mitsva). Rabbi Chnéour Zalman anticipe une telle objection et précise :
וכל המלאכים הם בעלי חומר וצורה
Or, tous les anges sont faits de matière et de forme.
La Thora ou la mitsva à l’origine la création de tels anges doivent donc, elles aussi, en tout état de cause, être composées de matière et de forme : la matière (l’aspect extérieur) fait référence à l’acte ou au verbe mêmes, la forme (l’aspect intérieur) à la pensée qui l’habite, à savoir la compréhension du texte étudié ou la volonté d’accomplir un acte de mitsva. Le défaut de kavana, suivant le Chaar Hanévoua, correspond par conséquent à l’absence de l’intention de lichma dont le Tanya parle ici. Ainsi donc, la Thora et les mitsvot sans l’amour et la crainte de D.ieu (lichma) s’élèvent uniquement dans l’aspect extérieur des mondes – le niveau des anges – et non jusqu’au Divin. Tout ce qui vient d’être dit concerne l’étude ou les mitsvot simplement dépourvues de l’intention de lichma ; qu’en est-il, en revanche, des mitsvot qui véhiculent une intention expressément opposée (c’est-à-dire qui sont orientées uniquement vers des horizons personnels) ?
אבל תורה שלא לשמה ממש, כגון להיות תלמיד חכם, וכהאי גוונא
Mais la Thora [étudiée] véritablement chélo lichma, à des fins intéressées, par exemple pour devenir un érudit ou [autre raison] semblable,
אינה עולה כלל למעלה, אפילו להיכלות ומדור המלאכים דקדושה
[la Thora ainsi étudiée] ne s’élève aucunement en haut, [pas] même dans les « palais » et « demeures » des anges de la sainteté,
אלא נשארת למטה בעולם הזה הגשמי, שהוא מדור הקליפות
plutôt, elle demeure ici-bas, dans ce monde matériel, qui est la demeure des klipot (*). Dès lors que ces motivations personnelles relèvent de la klipa, l’étude de la Thora qui en résulte y demeure rattachée.
הגהה
NOTE
כמו שכתוב בזהר חלק ג׳, דף ל״א עמוד ב׳, ודף קכ״א עמוד ב׳, עיין שם
Comme il est écrit dans le Zohar Vol. III, p. 31 et 121b, s’y référer :
ההיא מלה סלקא ובקעא רקיעין כו׳ ואתער מה דאתער
« Le mot [prononcé] s’élève et perce les cieux…et est éveillé ce qui est éveillé :
אי טב טב כו׳
si c’est du bien, un mot de Thora ou qui appartient au service de D.ieu, il éveille du bien… »
ע״ש ודף ק״ה ע״א מלה דאורייתא אתעביד מיניה קלא וסליק כו׳
S’y référer, et à la page 105a, il est écrit : « D’un mot de Thora se forme une voix et elle s’élève… »
ודף קס״ח ע״ב קלין דאורייתא וצלותא בקעין רקיעין כו׳
et à la page 168b : « Les voix de la Thora et de la prière s’élèvent en haut et percent les cieux… »
Ces trois passages du Zohar indiquent que les mots de Thora s’élèvent et pénètrent les cieux.
סוף הגהה
FIN DE LA NOTE
וכמו שכתוב בזהר על פסוק: מה יתרון לאדם מכל עמלו שיעמול תחת השמש
Et comme il est écrit dans le Zohar, à propos du verset : « Quel profit l’homme a-t-il de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ? »
Les Sages du Talmud soulignent que la peine que l’on se donne « sous le soleil » ne procure effectivement aucun profit ; en revanche, l’étude de la Thora, qui est « au-dessus du soleil », profite à qui s’y astreint. Le Zohar apporte ici une précision :
דאפילו עמלא דאורייתא, אי עביד בגין יקריה כו׳
« Même le labeur de la Thora, si on le fait pour sa propre gloire… » appartient aussi à la catégorie de l’effort improductif qui est fourni « sous le soleil ».
וזה שאמרו: אשרי מי שבא לכאן ותלמודו בידו
Et c’est là ce que disent [nos Sages] : « Heureux celui qui vient ici (au Ciel) et son étude [de la Thora] est avec lui »,
פירוש: שלא נשאר למטה בעולם הזה
c’est-à-dire que [son étude de la Thora] n’est pas restée en bas en ce monde.
Les Sages louent ici l’étude de la Thora lichma, qui s’élève au Ciel. L’étude qui est privée de cette qualité ne peut accompagner l’âme dans son élévation céleste et demeure ici-bas. Il a été précédemment été établi que l’étude de la Thora dictée par l’habitude, même si elle n’est pas entreprise pour des motifs intéressés, ne peut s’élever dans les Séfirot supérieures. Mais cette idée semble problématique : la Thora, par définition, est la Volonté de D.ieu qui transcende les Séfirot supérieures et ne fait qu’un avec Lui ; pourquoi devrait-elle recourir à la vertu de l’intention lichma afin d’être, par elle, élevée jusqu’aux Séfirot des mondes de Yétsira ou Bria ?
ואף דאורייתא וקודשא בריך הוא כולא חד, שהוא ורצונו אחד
Et bien que « la Thora et le Saint béni soit-Il ne fassent qu’un », car Lui et Sa volonté (la Thora) sont un, néanmoins, la Thora ne s’élève pas, dans les dix Séfirot, sans kavana.
Voici, brièvement résumée, l’idée qui va suivre : les mots de la Thora, saints absolument, véhiculent le Divin sans occultation, c’est-à-dire que la lumière divine qui y est contenue est dépourvue des nombreux vêtements et écrans qui la dissimulent à l’intérieur de toutes les autres choses matérielles de ce monde. Cependant, ces mots, articulés par l’être humain, n’échappent pas à l’immense contraction de la lumière divine (tsimtsoum) inhérente à l’ensemble des choses du monde matériel. Aussi l’élévation de ces mots vers les Séfirot et la révélation en eux de la Volonté divine est-elle impossible s’ils ne portent pas l’intention, spirituelle, de lichma (c’est-à-dire des émotions d’amour et de crainte de D.ieu).
הרי קודשא בריך הוא איהו ממלא כל עלמין בשוה, ואף על פי כן אין העולמות שוים במעלתם
Le Saint Béni soit-Il emplit tous les mondes pareillement, et néanmoins, les mondes se sont pas égaux dans leurs rangs.
והשינוי הוא מהמקבלים בב׳ בחינות
La différence d’un monde à l’autre se situe au niveau de ceux qui reçoivent la force vitale divine, sous deux aspects :
האחת: שהעליונים מקבלים הארה יותר גדולה לאין קץ מהתחתונים
premièrement, les [mondes et êtres] supérieurs reçoivent un rayonnement infiniment plus grand que [ce que reçoivent] les [mondes] inférieurs,
והשנית: שמקבלים בלי לבושים ומסכים רבים כל כך כהתחתונים
deuxièmement, ils reçoivent [ce rayonnement divin] sans vêtements et « rideaux » aussi nombreux que les [mondes] inférieurs.
ועולם הזה הוא עולם השפל בב׳ בחינות
Et ce monde [physique] est le plus bas sous ces deux aspects.
כי ההארה שבו מצומצמת מאד, עד קצה האחרון, ולכן הוא חומרי וגשמי
Car (a) la radiance de la vitalité divine qui anime ce monde est en lui est très contractée, jusqu’à l’extrême limite ; il est pour cela [un monde] grossier et matériel.
וגם זאת היא בלבושים ומסכים רבים
Et [de surcroît] (b) cette [lumière contractée] est [vêtue] de nombreux vêtements et « rideaux »,
עד שנתלבשה בקליפת נוגה, להחיות כל דברים הטהורים שבעולם הזה,
au point qu’elle est revêtue de la klipat noga, pour donner vie à toutes les choses pures (c’est-à-dire permises) de ce monde.
Comme expliqué dans les précédents chapitres, toutes les choses pures et permises de ce monde puisent leur vitalité de la klipat noga : elles peuvent pour cette raison être mises au service du bien et de la sainteté comme de son contraire.
ובכללם הוא נפש החיונית המדברת שבאדם
Et parmi [les choses pures de ce monde] est incluse également l’âme vitale de l’homme, [âme rationnelle et douée de la] parole articulée.
ולכן כשמדברת דברי תורה ותפלה בלא כוונה
Et c’est pourquoi, lorsque [l’âme vitale] exprime des paroles de Thora ou de la prière sans kavana – ce second aspect de l’occultation du Divin (les nombreux rideaux de séparation) y est absent ; mais la contraction de la lumière divine, premier aspect de cette occultation, y est tout aussi remarquable, comme il va être expliqué.
אף שהן אותיות קדושות, ואין קליפת נוגה שבנפש החיונית מסך מבדיל כלל להסתיר ולכסות על קדושתו יתברך המלובשת בהן
Certes, ce sont des lettres saintes et la klipat noga de l’âme vitale ne constitue aucunement un rideau de séparation, pour dissimuler ou recouvrir Sa sainteté, béni soit-Il, qui est revêtue de [ces lettres] ;
כמו שהיא מסתרת ומכסה על קדושתו יתברך שבנפש החיונית כשמדברת דברים בטלים
comme elle (la klipat noga) dissimule et recouvre Sa sainteté, béni soit-Il, qui se trouve en l’âme vitale, lorsque celle-ci prononce des paroles futiles,
ושבנפש החיונית שבשאר בעלי חיים הטהורים
et [la sainteté divine qui se trouve] dans l’âme vitale des autres animaux purs.
Dans ces deux cas, effectivement, la sainteté divine se trouve occultée par le voile de la klipat noga.
דאף דלית אתר פנוי מיניה
[En effet,] bien qu’il n’y ait pas de « lieu vide de Lui », le Divin est tout aussi présent dans l’âme vitale des animaux ou dans l’âme vitale de l’homme en train d’exprimer de vaines paroles,
מכל מקום איהו סתימו דכל סתימין, ונקרא אל מסתתר
néanmoins, [D.ieu] est « Celui qui est caché de tous ceux qui sont cachés » et il est appelé « D.ieu Qui se dissimule », car Il se cache à l’ensemble de la création ;
וגם ההארה והתפשטות החיות ממנו יתברך מסתתרת בלבושים ומסכים רבים ועצומים
Et de même, la radiance et diffusion de la vitalité [qui émane] de Lui est dissimulée dans des vêtements et écrans nombreux et denses,
עד שנתלבשה ונסתתרה בלבוש נוגה
jusqu’à être revêtue et dissimulée dans le vêtement de [la klipat] noga. Tel est le cas s’agissant de la force vitale divine présente dans l’âme vitale des animaux ou de l’homme pendant qu’il cause vainement.
מה שאין כן באותיות הקדושות של דברי תורה ותפלה
Mais cela n’est pas le cas des saintes lettres de la Thora et de la prière :
דאדרבה, קליפת נוגה מתהפכת לטוב, ונכללת בקדושה זו, כנזכר לעיל
bien au contraire, la klipat noga est transformée en bien et absorbée dans cette sainteté, comme expliqué plus haut.
Non seulement l’écran de dissimulation de la klipat noga est absent, mais la klipat noga elle-même est changée en bien. Tout cela concerne le second aspect évoqué plus haut, à savoir les nombreux vêtements et « rideaux » qui font de ce monde le niveau le plus inférieur : de ce point de vue, les mots de la Thora et de la prière se distinguent des autres choses de ce monde. En revanche, conclut à présent le Tanya, s’agissant du premier aspect, celui de l’immense contraction de la lumière divine qui anime le monde, les mots de la Thora et de la prière, physiques absolument, se trouvent bien au même rang que toutes les autres choses de ce monde.
מכל מקום, ההארה שבהן מקדושתו יתברך הוא בבחינת צמצום עד קצה האחרון,
Néanmoins, la radiance de Sa sainteté, béni soit-Il, qui est contenue dans [les mots de la Thora et de la prière] est contractée jusqu’à l’extrême limite (comme dans les autres éléments de la Création),
מאחר שהקול והדבור הוא גשמי
dès lors que la voix et le verbe sont matériels.
Ainsi, bien que la Thora ne fasse qu’un avec D.ieu, la contraction à laquelle le Divin est sujet dans la voix et le verbe matériels empêche l’élévation des mots ainsi prononcés en l’absence de kavana (c’est-à-dire de sentiments d’amour et de crainte de D.ieu).
אבל בתפלה בכוונה ותורה בכוונה לשמה
Mais dans [le cas de] la prière [récitée] avec kavana et la Thora [étudiée] avec la kavana de lichma,
הרי הכוונה מתלבשת באותיות הדבור, הואיל והיא מקור ושרש להן
la kavana se revêt des lettres de la parole, étant donné qu’elle est leur source et leur racine,
שמחמתה ובסיבתה הוא מדבר אותיות אלו
car c’est pour [cette kavana] et par l’effet de celle-ci qu’il prononce ces lettres.
לכן היא מעלה אותן עד מקומה
C’est pourquoi la kavana élève [les lettres] jusqu’à la place qui est la sienne,
בי׳ ספירות דיצירה או דבריאה
[à savoir] dans les dix Séfirot de Yétsira ou de Bria,
לפי מה שהיא הכוונה, בדחילו ורחימו שכליים או טבעיים כו׳, כנזכר לעיל
selon ce qu’est la kavana – crainte et amour intellectuels c’est-à-dire engendrés par la méditation sur la grandeur de D.ieu, kavana qui correspond aux Séfirot de Bria ou [crainte et amour] naturels, kavana qui correspond aux Séfirot de Yétsira – comme expliqué plus haut.
La kavana, qui est pure spitualité, porte les lettres de la parole, matérielles, jusqu’aux dix Séfirot de Yétsira ou de Bria.
ושם מאיר ומתגלה אור אין סוף ברוך הוא
Et là, dans les Séfirot, la lumière du Ein Sof brille et est révélée,
שהוא רצון העליון ברוך הוא המלובש באותיות התורה שלומד ובכוונתן,
c’est-à-dire la Volonté divine qui est revêtue des lettres de la Thora qu’il étudie et de leur kavana (la kavana dont les lettres de l’étude sont pourvues),
La kavana est, elle aussi, vectrice de la Volonté divine : D.ieu veut que le juif s’attache à Lui par les sentiments d’amour et de crainte.
או בתפלה בכוונתה, או במצוה ובכוונתה
ou la Volonté divine qui est revêtue de la prière et de sa kavana (la kavana dont la prière est assortie) ou qui est revêtue de la mitsva [accomplie] et de sa kavana.
בהארה גדולה לאין קץ , מה שלא יכול להאיר ולהתגלות כלל בעוד האותיות והמצוה בעולם הזה הגשמי
[La Volonté divine y brille] avec un rayonnement infiniment plus grand, qui ne peut aucunement briller et se révéler lorsque les lettres de la Thora ou de la prière et la mitsva se trouvent encore en ce monde physique,
La révélation de la Volonté divine contenue dans la Thora et les mitsvot lorsqu’elles se trouvent en ce monde est incomparable au rayonnement de la Volonté divine qui brille et est révélé lorsqu’elles s’élèvent dans les Séfirot des mondes de Yétsira ou de Bria,
לא מינה ולא מקצתה
ni ce rayonnement en soi, ni partie [de celui-ci] ne peut être révélé lorsque les lettres de la Thora et de la prière se trouvent en ce monde physique,
עד עת קץ הימין, שיתעלה העולם מגשמיותו, ונגלה כבוד ה׳ וגומר, כנזכר לעיל באריכות
jusqu’au temps de « la Fin des jours », [lorsque] le monde s’élèvera [alors] de sa matérialité et « la gloire de D.ieu se révèlera… [et toute chair verra] », comme expliqué longuement plus haut au Chapitre trente-six (*).
Avec cet avènement, la Volonté divine resplendira dans la Thora et les mitsvot telles qu’elles sont en ce monde. En attendant, comparée à celle qu’elles ont dans les Séfirot, leur radiance demeure infiniment moindre ici-bas.
הגהה
NOTE
Dans la note qui suit, Rabbi Chnéour Zalman souligne que la révélation de la Volonté divine dans les mondes supérieurs, décrite comme une « heure de faveur divine » et provoquée par l’élévation de la Thora et des mitsvot dans ces mondes, produit une unification de leurs middot. Les attributs de Sévérité sont alors « adoucis », « tempérés » par ceux de Bonté. Il en résulte un flux de bonté divine ici-bas. Cependant, l’aspect essentiel de cette unification a lieu dans le monde d’Atsilout d’où elle se reflète dans les mondes qui lui sont inférieurs.
ושם מאיר ומתגלה גם כן היחוד העליון הנעשה בכל מצוה ותלמוד תורה
Et là, dans les dix Séfirot, brille et se révèle également l’Unification supérieure effectuée par chaque mitsva et par l’étude de la Thora,
שהוא יחוד מדותיו ית׳
c’est-à-dire l’unification des middot de [D.ieu].
שנכללות זו בזו ונמתקות הגבורות בחסדים
[Les middot] se fondent l’une avec l’autre, et les Guevourot (attributs de sévérité) sont adoucis par les ‘Hassadim (attributs de bonté),
על ידי עת רצון העליון א״ס ב״ה המאיר ומתגלה בבחי׳ גילוי רב ועצום
au moyen de l’heure de Volonté (c’est-à-dire de faveur) divine du Ein Sof béni soit-Il, Volonté divine qui brille et se révèle dans une révélation immense et puissante,
באתערותא דלתתא היא עשיית המצוה או עסק התורה שבהן מלובש רצון העליון א״ס ב״ה
[suscitée] par l’« éveil d’en bas » qui consiste en l’accomplissement de la mitsva ou l’engagement dans [l’étude de] la Thora, dans lesquelles est revêtue la Volonté suprême du Ein Sof, béni soit-Il.
אך עיקר היחוד הוא למעלה מעלה, בעולם האצילות
Mais l’unification provoquée par la Thora et les mitsvot a lieu essentiellement bien plus haut, dans le monde d’Atsilout,
ששם הוא מהות ועצמות מדותיו ית׳ מיוחדות במאצילן א״ס ב״ה
où l’être et essence de Ses middot, béni soit-Il, sont unies avec Celui dont elles émanent, le Ein Sof,
ושם הוא מהות ועצמות רצון העליון א״ס ב״ה
et c’est là qu’est l’être et essence de la Volonté suprême de l’Infini Divin.
והארתן לבד היא מאירה בבי״ע בכל עולם מהן לפי מעלתו
C’est seulement leur reflet qui illumine en Bria, Yétsira et Assia, dans chacun de ces mondes selon son rang.
ואף שנפש האדם העוסק בתורה ומצוה זו אינה מאצילות
Et bien que l’âme de l’homme qui se consacre à la Thora ou à la mitsva ne dérive pas d’Atsilout,
Comment peut-il donc provoquer une telle unification entre les middot du monde d’Atsilout auquel il n’appartient pas ? A ce, le Tanya répond :
מכל מקום, הרי רצון העליון המלובש במצוה זו והוא הוא עצמו הדבר הלכה והתורה שעוסק בה
néanmoins, la Volonté suprême qui est revêtue de cette mitsva et dans le cas de la Thora, qui n’est pas simplement « revêtue » mais qui est elle-même la halakha et la Thora qu’il étudie,
הוא אלהות ואור א״ס המאציל ב״ה שהוא ורצונו אחד
est le Divin : c’est la lumière du Ein Sof dont émanent [les Séfirot d’Atsilout], puisqu’elle ne fait qu’un avec Sa volonté ;
וברצונו ית׳ האציל מדותיו המיוחדות בו ית׳
et la Volonté suprême est effectivement la source des middot, puisque c’est par Sa Volonté qu’Il fit émaner Ses middot, qui sont unies avec Lui.
ועל ידי גילוי רצונו המתגלה על ידי עסק תורה ומצוה זו
Et au moyen de la révélation de Sa Volonté qui se manifeste par l’étude de la Thora et l’accomplissement de la mitsva particulière,
הן נכללות זו בזו ונמתקות הגבורות בחסדים בעת רצון זו
les middot se fondent l’une avec l’autre, et les Guevourot sont adoucis par les ‘Hassadim, en ce moment de faveur divine.
סוף הגהה
FIN DE LA NOTE
Après avoir expliqué que l’amour et la crainte de D.ieu apportent l’élévation à la Thora étudiée et aux mitsvot accomplies, Rabbi Chnéour Zalman poursuit :
ובזה יובן היטב הא דדחילו ורחימו נקראים גדפין, דרך משל, כדכתיב: ובשתים יעופף
Ce qui a été dit permettra de bien comprendre [pourquoi] l’amour et la crainte sont métaphoriquement appelés des « ailes », ainsi qu’il est dit : « et deux [ailes] lui servant à voler », par allusion à l’amour et à la crainte.
[וכמו שכתב הרב חיים ויטל ז״ל בשער היחודים פרק י״א] שהכנפיים בעוף הן זרועות האדם כו׳
(Et comme l’a écrit Rabbi Haïm Vital, de mémoire bénie, dans Chaar Hayi’houdim, Chapitre onze :) les ailes sont à l’oiseau [ce que] les bras sont à l’homme. De même que les bras de l’homme représentent les deux émotions d’amour et de crainte : « ‘Hessed le bras droit, Guevoura le bras gauche », de même les ailes de l’oiseau.
ובתיקונים פירש שהעוסקים בתורה ומצות בדחילו ורחימו נקראים בנים
Et dans les Tikounei Zohar, il est expliqué que ceux qui se consacrent à la Thora et aux mitsvot avec crainte et amour sont appelés des « enfants » ;
ואם לאו, נקראים אפרוחים דלא יכלין לפרחא
et sinon (en l’absence de tels sentiments), ils sont appelés des « oisillons » qui ne peuvent pas voler parce qu’il leur manque les ailes que sont l’amour et la crainte (*).
הגהה
NOTE
Dans la présente note, Rabbi Chnéour Zalman développe cette image de la crainte et de l’amour assimilés à des ailes. Il cite un passage des Tikounei Zohar.
ובתיקון מ״ה דעופא הוא מט״ט
Dans le Tikoun 45, [il est écrit] que la figure de l’oiseau (composée de la tête, du corps et des ailes) représente [le niveau de] Matatrone.
רישא דיליה י׳ וגופא וא״ו ותרין גדפין ה׳ ה׳ כו׳
Sa tête est la lettre youd du Nom divin (le Tétragramme), youd qui correspond au niveau de ‘Hokhma ; son corps est la lettre vav du Tétragramme, qui correspond aux middot (au nombre de six, valeur numérique de la lettre vav), et ses deux ailes sont les deux hé du Nom divin qui correspondent respectivement à Bina et Malkhout.
והיינו עולם היצירה שנקרא מט״ט
Cela (le niveau de Matatrone) fait référence au monde de Yétsira, qui est appelé Matatrone.
וא״ו הן גופי הלכות שבמשנה
Vav – le corps de Matatrone – correspond au « corps » des lois dans la Michna. Comme il sera expliqué par la suite, la Michna prend place dans le monde de Yétsira.
ורישא דיליה הן המוחין ובחי׳ חב״ד שהן פנימיות ההלכות וסודן וטעמיהן
Sa tête correspond (comme l’image de la « tête » généralement) au niveau de l’intellect et ‘HaBaD, ce qui, appliqué à la Michna, correspond à la dimension profonde des lois, leur signification ésotérique et leurs raisons,
ותרין גדפין דחילו ורחימו
et les deux « ailes » (qui ont pour fonction de permettre l’envol) sont la crainte et l’amour.
הן ה׳ עילאה שהיא רחימו
Ce sont : le hé supérieur (premier hé du Tétragramme) qui est connu comme faisant allusion à l’amour de D.ieu,
וה׳ תתאה היא יראה תתאה
et le hé inférieur, qui est connu comme une allusion au niveau de la « crainte inférieure »,
עול מלכות שמים ופחד ה׳ כפחד המלך דרך משל
crainte qui est exprimée par le « joug de la Royauté divine » et la peur de D.ieu semblable à la peur d’un roi, pour prendre une image ;
שהיא יראה חיצונית ונגלית
il s’agit là d’une crainte qui est extérieure et manifeste, pour cette raison considérée comme « inférieure », rattachée au dernier hé du Nom divin.
מה שאין כן יראה עילאה ירא בושת היא מהנסתרות לה׳ אלקינו
En revanche, la « crainte supérieure », qui est une crainte consistant en un sentiment de honte devant la grandeur divine, fait partie des « choses cachées qui appartiennent à l’Eternel notre D.ieu » ;
והיא בחכמה עילאה יו״ד של שם הוי״ה ב״ה כמ״ש בר״מ
[la crainte supérieure] relève de la Sagesse supérieure, à laquelle renvoie le youd du Nom de D.ieu, ainsi qu’il est écrit dans le Raya Méhemna.
סוף הגהה
FIN DE LA NOTE
Tous ces textes usent de l’image des ailes pour décrire les sentiments d’amour et de crainte. Après ce qui vient d’être dit, concernant l’élévation que ces sentiments apportent à la Thora et aux mitsvot accomplies, on peut mieux comprendre le sens de cette image.
כי כמו שכנפי העוף אינם עיקר העוף, ואין חיותו תלוי בהם כלל
Car de même que les ailes d’un oiseau ne sont pas la partie principale de l’oiseau, et sa vie n’en dépend absolument pas,
כדתנן: ניטלו אגפיה כשרה
comme l’enseigne la Michna : « Si les ailes [d’un oiseau] ont été retirées, il [reste] cachère »,
והעיקר הוא ראשו וכל גופו, והכנפיים אינם רק משמשים לראשו וגופו לפרחא בהון
la partie principale de l’oiseau étant sa tête et tout son corps ; et les ailes ne sont que ce qui sert à la tête et au corps pour voler.
וכך, דרך משל, התורה ומצות הן עיקר היחוד העליון, על ידי גילוי רצון העליון המתגלה על ידיהן
De même, par image, la Thora et les mitsvot sont l’aspect essentiel de l’Unification supérieure, par la révélation de la Volonté suprême qui se manifeste à travers [leur accomplissement] ;
והדחילו ורחימו הם המעלים אותן למקום שיתגלה בו הרצון, אור אין סוף ברוך הוא, והיחוד, שהן יצירה ובריאה
et la crainte et l’amour élèvent la [Thora et les mitsvot] à l’endroit où la Volonté – la lumière du Ein Sof, béni soit-Il – et cette unité sont révélées, à savoir les mondes de Yétsira et Bria (*).
הגהה
NOTE
Rabbi Chnéour Zalman apporte ici une précision à ce qui vient d’être dit, concernant les mondes de Bria et Yétsira comme lieux de révélation de l’unification divine suscitée par les mitsvot.
או אפילו בעשיה, בי׳ ספירות דקדושה, מקום מצות מעשיות
Ou même en Assia, dans les dix Séfirot de sainteté de ce monde, lieu des mitsvot qui relèvent de l’action.
L’accomplissement de ces mitsvot par « soumission au joug divin » permet l’élévation des mitsvot jusqu’au dix Séfirot d’Assia et la révélation en ce même lieu de l’unification divine. Car la soumission se rattache à l’attribut divin de royauté (Malkhout), qui imprègne le monde d’Assia ; et de surcroît l’idée même d’action correspond au monde d’Assia (monde de l’action).
וכן מקרא
Il en va de même de l’étude des Ecritures ;
Elle se rattache, elle aussi, au monde d’Assia. Car la mitsva de l’étude, dans le cas des Ecritures, consiste en l’articulation verbale des mots et des versets ; et la parole représente une forme mineure d’action.
אבל במשנה, מתגלה היחוד ואור אין סוף ברוך הוא ביצירה
mais dans [le cas de] la Michna, l’unification et la lumière du Ein Sof, béni soit-Il se révèle en Yétsira,
La Michna consiste en l’énonciation de lois (halakha). La loi, qui permet ou interdit, accepte ou disqualifie, disculpe ou condamne, tient par conséquent des attributs de ‘Hessed et Guevoura : elle se rattache donc au monde de Yétsira, monde des middot.
ובתלמוד בבריאה
et dans le [cas du] Talmud (qui examine la logique sous-jacente des lois de la Michna), [l’unification et lumière du Ein Sof est révélée] en Bria (monde de l’intellect).
Ce qui ne veut pas dire que les unifications respectives ont lieu uniquement dans lesdits mondes et non dans un monde supérieur, par exemple que l’unification opérée par l’étude de la Michna se produit uniquement en Yétsira, ou l’unification opérée par l’étude uniquement en Assia. Car une question évidente se poserait alors sur l’ordre de cette révélation : l’Ecriture occupe une place plus élevée que la Michna dans les rangs de la sainteté (et c’est la raison pour laquelle il est permis de poser un livre des Ecritures sur un livre de Michna, mais non le contraire), et de même la Michna par rapport au Talmud, pourquoi donc l’unification qu’elle suscite se produirait-elle à un niveau inférieur ? En fait, poursuit le Tanya,
דהיינו שבלימוד מקרא מתפשט היחוד ואור אין סוף ברוך הוא מאצילות עד העשיה
Cela veut dire que par l’étude des Ecritures, l’unification et la [révélation de] la lumière du Ein Sof s’étend depuis Atsilout jusqu’à Assia,
ובמשנה עד היצירה לבדה ובתלמוד עד הבריאה לבדה
dans [le cas de] la Michna, [cette révélation s’étend] seulement jusqu’à Yétsira, et dans [le cas du] Talmud, jusqu’à Bria seulement.
כי כולן באצילות
Car tous [les Ecritures, la Michna et le Talmud] sont en Atsilout et suscitent l’unification et la révélation divine ; la différence réside seulement dans la portée de cette révélation suscitée par l’étude.
אבל קבלה אינה מתפשטת כלל מאצילות לבי״ע כמו שכתוב בפרי עץ חיים
Toutefois, l’unification et révélation divine suscitée par l’étude de la Kabbale demeure en Atsilout et ne s’étend absolument pas d’Atsilout vers les mondes inférieurs de Bria, Yétsira et Assia, comme il est écrit dans le Peri Ets ‘Haïm.
סוף הגהה
FIN DE LA NOTE
Le Tanya a précédemment explicité l’image des ailes auxquelles les émotions d’amour et de crainte sont comparées : tout comme les ailes sont des organes accessoires permettant au corps entier de l’oiseau de prendre son envol, les émotions d’amour et de crainte de D.ieu sont au service de l’accomplissement de la Thora et des mitsvot, auquel elles apportent l’élévation. Il soulève à présent une question : l’amour et la crainte sont comptés dans les 613 mitsvot. Pourquoi sont-ils ici décrits comme annexes, distincts du corps des commandements ?
והנה אף דדחילו ורחימו הם גם כן מתרי״ג מצות
Et bien que l’amour et la crainte fassent aussi partie des 613 mitsvot,
אף על פי כן נקראין גדפין להיות כי תכלית האהבה היא העבודה מאהבה
ils sont néanmoins désignés comme les ailes pour la Thora et les mitsvot, parce que la finalité de l’amour est le service de D.ieu [qui résulte] de [cet] amour.
L’amour de D.ieu figure bien au nombre des mitsvot. Pour autant, il ne doit pas être une fin en soi mais déterminer le service de D.ieu. Apparaissant comme un moyen mis au service de la Thora et des mitsvot, l’amour – et la crainte – sont décrits comme des ailes au service du « corps », lequel dans cette métaphore, représente l’accomplissement de la Thora et des commandements.
ואהבה בלי עבודה היא אהבה בתענוגים, להתענג על ה׳ מעין עולם הבא, וקבלת שכר
L’amour « sans service », c’est-à-dire l’amour que l’essence désigne comme un but, une fin en soi, est l’« amour des délices », ultime forme d’amour qui consiste à se délecter dans le Divin, et qui représente un avant-goût du Monde futur (comme dit plus haut, le Monde futur se définit comme la perception du rayonnement de la Chekhina avec délectation) et une récompense.
Cette forme d’amour relève de la récompense et non du service de D.ieu. Ainsi est éprouvé ici-bas un avant-goût de la récompense qu’offre le Monde futur.
והיום לעשותם כתיב, ולמחר לקבל שכרם
Et « Aujourd’hui, pour les faire », il est écrit (« aujourd’hui », le monde actuel, est définit comme le temps des accomplissements) et demain (le Monde futur et le Jardin d’Eden, sont désignés comme le temps d’)en recevoir la récompense.
Cette récompense, « l’amour dans les délices », appartient donc au « lendemain », alors que ce monde est voué à l’action à laquelle doit également conduire l’amour pour D.ieu.
ומי שלא הגיע למדה זו, לטעום מעין עולם הבא
Quant à celui qui n’est pas encore parvenu à cette mesure (ce niveau) de goûter au Monde futur (c’est-à-dire à l’amour des délices qui est un avant-goût du Monde futur),
אלא עדיין נפשו שוקקה וצמאה לה׳ וכלתה אליו כל היום
mais dont l’âme aspire encore et est assoiffée de D.ieu, et languit après Lui toute la journée durant,
ואינו מרוה צמאונו במי התורה שלפניו,
et qui n’étanche pas sa soif pour le Divin par les eaux de la Thora qu’il a devant lui,
הרי זה כמי שעומד בנהר וצועק: מים מים לשתות
il est comparable à quelqu’un qui se tient devant une rivière et crie : « De l’eau, de l’eau à boire ! »
כמו שקובל עליו הנביא: הוי כל צמא לכו למים
Comme le prophète se lamente à son propos : « Ah ! Quiconque [d’entre vous] a soif, qu’il aille vers l’eau » et les Sages du Talmud interprètent « l’eau » comme une métaphore de la Thora.
L’assoiffé mis ici en cause n’est pas (contrairement à ce que le verset semble indiquer) celui qui éprouve un ardent désir d’étudier la Thora : en effet, pareil individu étudierait la Thora de son propre chef ! Pourquoi le prophète devrait-il alors l’admonester ? Force est de conclure que le prophète s’adresse à celui qui aspire à D.ieu pour lui recommander d’étancher sa soif du Divin par l’étude de la Thora.
כי לפי פשוטו אינו מובן
En effet, dans le sens simple, on comprend pas [le verset] :
דמי שהוא צמא ומתאווה ללמוד, פשיטא שילמוד מעצמו
car celui qui a soif et qui aspire étudier, certainement qu’il étudiera de lui-même,
ולמה לו לנביא לצעוק עליו: הוי
pourquoi le prophète devrait-il pousser sur lui un ah ! d’exclamation ?
La soif est donc bel et bien ce désir passionné du Divin. Si l’amour de D.ieu était une fin en soi, le service de la prière attisant une telle soif eut été suffisante. Mais dès lors qu’il n’est qu’un moyen pour conduire au service de D.ieu, le prophète exhorte à ne pas se satisfaire de ce seul amour, mais à étudier la Thora et ainsi étancher sa soif du Divin.
וכמו שכתוב במקום אחר באריכות
Et comme il est expliqué longuement ailleurs.
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