Likoutei Amarim Chapitre 42 _______________
Le chapitre précédent a défini la crainte de D.ieu comme une condition sine qua non du « service » divin dans les deux domaines que sont l’accomplissement des commandements positifs et l’observance des commandements négatifs. Le degré de crainte qui est requis du « serviteur » et qui, précisément, le caractérise comme tel, est accessible à tous. Pour l’atteindre, chacun doit réfléchir sur ce fait : le « regard » de D.ieu scrute mes pensées et mon cœur, observant comment je remplis ce service. Ainsi appellera-t-il, en son esprit au moins, une certaine crainte qui s’exprimera dans l’étude de la Thora et la pratique des commandements. Rabbi Chnéour Zalman a également noté que cette forme de crainte est, de manière générale, appelée yira tataa, le « degré inférieur de crainte ». C’est cette « crainte inférieure » qui est définie par la Michna comme préliminaire à l’accomplissement de la Thora et des commandements.
פרק מ״ב
והנה במה שכתוב לעיל בענין יראה תתאה
Or, avec ce que l’on a dit plus haut concernant la « crainte inférieure » (le degré de crainte de D.ieu requis pour l’accomplissement de la Thora et des mitsvot, accessible à chacun),
יובן היטב מה שנאמר בגמרא על פסוק: ועתה ישראל מה ה׳ אלקיך שואל מעמך כי אם ליראה את ה׳ אלקיך, אטו יראה מילתא זוטרתי היא
on comprendra clairement ce que dit le Talmud sur le verset : « Et maintenant, Israël, que demande de toi l’Eternel ton D.ieu si ce n’est de craindre l’Eternel ton D.ieu. » Le Talmud s’interroge d’emblée : La crainte est-elle une petite chose (une chose si simple pour que le verset s’exprime ainsi) ?
אין: לגבי משה מילתא זוטרתי היא וכו׳
Et le Talmud de répondre : « Oui, à l’égard de Moïse, c’est une petite chose ». Littéralement, cette réponse signifie que la crainte du Ciel représente peu de chose pour la personne de Moïse qui, ici, s’adresse à la communauté d’Israël.
דלכאורה אינו מובן התירוץ, דהא שואל מעמך כתיב
A priori, on ne comprend pas la réponse du Talmud, car il est pourtant écrit : « [Qu’est-ce que D.ieu demande] de toi » ?
L’emploi de la seconde personne du singulier implique que Moïse s’adresse ici à chacun : or, à l’évidence, craindre D.ieu n’est pas une « petite chose » pour chaque juif ! Et en quoi, alors, cette réponse : « à l’égard de Moïse, c’est une petite chose » pourrait-elle être valide ? Rabbi Chnéour Zalman revient sur cette réponse du Talmud : elle ne fait pas référence à la personne même de Moïse, mais à une dimension que Moïse transmet à chacun, la connaissance (Daat) de D.ieu, plus précisément la force d’attachement et d’application de la conscience à D.ieu, par laquelle le Divin est proprement ressenti. A l’aune de cette dimension reçue de Moïse et présente en chaque juif, la crainte de D.ieu est effectivement une « petite chose ». Car elle dépend en effet de la faculté de Daat qui permet de ressentir le Divin et, ainsi, d’engendrer les sentiments du cœur.
אלא הענין הוא כי כל נפש ונפש מבית ישראל יש בה מבחינת משה רבנו עליו השלום, כי הוא משבעה רועים
Mais l’idée est [la suivante] : chaque âme d’Israël a en elle du niveau de Moïse, puisse son âme reposer en paix,
הממשיכים חיות ואלקות לכללות נשמות ישראל, שלכן נקראים בשם רועים
car il est [l’un] des « sept bergers », qui apportent vitalité et divinité à l’ensemble des âmes d’Israël, et c’est pour cette raison qu’ils sont qualifiés de bergers.
A l’image d’un berger qui nourrit et entretient son troupeau, chacun des sept bergers pourvoit les âmes d’Israël de « vitalité » et de « divinité » en fonction de la midda (« l’attribut ») qui lui est propre, l’amour et la bonté pour Abraham par exemple. La tradition ‘hassidique rapporte que Rabbi Chnéour Zalman s’est interrogé plusieurs semaines sur la question de séparer (ou non) par la conjonction « et » les termes « vitalité » et « divinité ». Devait-il, autrement dit, écrire : « vitalité divine » ou « vitalité et divinité ». Il opta finalement pour ce dernier choix, le mot « vitalité » faisant référence à l’amour et à la crainte de D.ieu, alors que « divinité » renvoie à l’effacement devant D.ieu.
ומשה רבנו, עליו השלום, הוא כללות כולם, ונקרא רעיא מהימנא,
Et Moïse notre maître, que son âme repose en paix, est celui qui englobe tous [les autres bergers] et il est appelé « le berger fidèle ».
דהיינו שממשיך בחינת הדעת לכללות ישראל לידע את ה׳
Cela veut dire qu’il apporte le degré de Daat à l’ensemble d’Israël, pour connaître D.ieu (de sorte que les juifs aient connaissance et conscience du Divin, que le Divin soit ressenti),
כל אחד כפי השגת נשמתו ושרשה למעלה
chacun selon la capacité intellectuelle de son âme et les hauteurs de la racine spirituelle [de son âme] en haut, et combien elle s’alimente de la racine de l’âme de Moïse notre maître,
ויניקתה משרש נשמת משה רבנו, עליו השלום, המושרשת בדעת העליון שבי׳ ספירות דאצילות המיוחדות במאצילן, ברוך הוא
laquelle est enracinée dans le Daat Elyon (le degré de la Connaissance en Haut) dans les dix Séfirot d’Atsilout, lesquelles sont unies avec Celui dont elles émanent,
De même que l’on donne à D.ieu le nom de Créateur au regard des êtres créés, de même dit-on de Lui, au regard du monde de l’Emanation (Atsilout), que D.ieu est « Celui dont il (ce monde) émane », l’idée d’émanation évoquant ici une révélation, une extension de la lumière divine, ce qu’est le monde d’Atsilout.
שהוא ודעתו אחד, והוא המדע כו׳
car Lui et Sa connaissance font un et « Il est la Connaissance… »
Comme expliqué au Chapitre deux, la notion d’ « attributs intellectuels » du Divin se distingue de la connaissance humaine. Cette dernière se fonde sur trois éléments distincts : (a) l’âme en tant que « connaissant », (b) la connaissance, faculté cognitive qui permet à l’âme de connaître, et (c) l’objet connu. En revanche, de la Sagesse divine il est dit : « Il est (Lui-même) la Connaissance, le Connaissant, et le Connu ». Ainsi, si l’on peut dire, l’attribut de Daat ne fait-il qu’un avec Lui. Or, c’est à ce niveau de Daat que l’âme de Moïse prend sa source. En recevant cet aspect de Daat de l’âme de Moïse, chaque juif peut ainsi connaître et ressentir le Divin même. L’application de la faculté de Daat lui permet effectivement de prendre conscience, de ressentir que D.ieu se tient au-dessus de lui et sonde ses actions : la crainte de D.ieu est bien, sous cet aspect, une « petite chose » accessible à chacun. Rabbi Chnéour Zalman va maintenant introduire une idée supplémentaire (« plus encore ») : outre ce rayonnement de l’âme de Moïse dont elles s’alimentent, les âmes d’Israël reçoivent une autre dimension, plus subtile encore, de Moïse. En chaque génération, les sages de la génération, porteurs d’étincelles de l’âme de Moïse, ont pour rôle d’enseigner la connaissance (Daat) au peuple d’Israël. À la différence du rayonnement qui n’est pas le luminaire proprement dit, l’étincelle est une parcelle du corps incandescent lui-même : ainsi, ces étincelles de l’âme de Moïse chez les sages de la génération sont une partie de l’âme de Moïse. Et ces derniers enseignent au peuple à connaître D.ieu pour ainsi Le servir avec le cœur.
ועוד זאת, יתר על כן,
Du reste, plus encore :
בכל דור ודור יורדין ניצוצין מנשמת משה רבנו, עליו השלום, ומתלבשין בגוף ונפש של חכמי הדור, עיני העדה
en chaque génération, des étincelles de l’âme de Moïse, descendent et se vêtent du corps et de l’âme des sages de la génération, les « yeux » (les dirigeants) de l’assemblée,
En raison de cette « étincelle » dont il est porteur, le dirigeant de l’assemblée répond parfois au nom de Moïse dans le Talmud, comme dans la phrase : « Moïse, parles-tu sérieusement ? ». Cette étincelle n’est pas seulement revêtue de son âme, mais aussi de son corps : d’où l’adage ‘hassidique selon lequel « on ne se lasse jamais de regarder un Rabbi », car le Rabbi est porteur de cette étincelle de Moïse.
ללמד דעת את העם, ולידע גדולת ה׳ ולעבדו בלב ונפש
pour enseigner la connaissance (Daat) au peuple, à connaître la grandeur de D.ieu et à Le servir avec cœur et âme.
כי העבודה שבלב היא לפי הדעת, כמו שכתוב: דע את אלקי אביך, ועבדהו בלב שלם ונפש חפצה
Car le service du cœur (c’est-à-dire la crainte et l’amour de D.ieu) est à la mesure de Daat, de la connaissance et de la compréhension du Divin, ainsi qu’il est dit : « Connais le D.ieu de ton père et sers-Le d’un cœur entier et d’une âme passionnée. »
Le service « d’un cœur entier » dépend de la « connaissance de D.ieu », connaissance qui est dispensée par les sages de la génération, porteurs d’étincelles de Moïse.
ולעתיד הוא אומר: ולא ילמדו איש את רעהו לאמר, דעו את ה׳, כי כולם ידעו אותי וגו׳
Et c’est seulement concernant le futur c’est-à-dire l’ère messianique qu’il est dit : « Et ils ne s’instruiront plus l’un l’autre, en disant : « Connaissez l’Eternel », car tous Me connaîtront, etc. »
Telle sera, en effet, l’époque messianique ; aujourd’hui cependant, le recours au maître qui enseigne la « connaissance » de la grandeur de D.ieu est indispensable pour parvenir au cœur, à l’amour et la crainte dans le service de D.ieu. Cette dimension de Moïse, reçue à travers les sages de la génération (« les étincelles de l’âme de Moïse »), influe intérieurement sur le service de D.ieu de chacun.
אך עיקר הדעת אינה הידיעה לבדה, שידעו גדולת ה׳ מפי סופרים ומפי ספרים
Mais l’essentiel de Daat, qui conduit au service de D.ieu de toute son âme et de tout son cœur, n’est pas la seule connaissance de la grandeur de D.ieu que l’on apprend des maîtres et des livres, c’est-à-dire le fait d’apprendre les idées relatives à la grandeur de D.ieu à partir des sages, les « yeux de l’assemblée », et des livres,
אלא העיקר הוא להעמיק דעתו בגדולת ה׳, ולתקוע מחשבתו בה׳ בחוזק ואומץ הלב והמוח
mais l’essentiel est d’immerger profondément sa propre faculté de Daat dans la contemplation de la grandeur de D.ieu, et de fixer sa pensée sur les idées relatives à la grandeur de D.ieu avec la puissance et la fermeté du cœur et de l’esprit,
עד שתהא מחשבתו מקושרת בה׳ בקשר אמיץ וחזק, כמו שהיא מקושרת בדבר גשמי שרואה בעיני בשר ומעמיק בו מחשבתו
jusqu’à ce que sa pensée soit attachée à D.ieu d’un lien ferme et puissant, comme elle est attachée à une chose matérielle que l’on voit des yeux de chair et sur laquelle on applique profondément sa pensée.
On se trouve alors profondément attaché à cet objet, au point de n’en pouvoir plus détourner son esprit. Ainsi la pensée s’attachera-t-elle au Divin, par la méditation profonde sur la grandeur divine.
כנודע שדעת הוא לשון התקשרות, כמו: והאדם ידע וגו׳
Comme on le sait, Daat dénote l’union, comme dans le verset : « Et Adam connut, etc. ».
Daat, « la connaissance », exprime au-delà de l’idée d’un savoir celle de faire corps avec l’objet connu. Telle est précisément la signification du verset « Et Adam connut Eve ». Rapportée à D.ieu, cette idée signifie que le seul « savoir » de la grandeur de D.ieu ne suffit pas ; un lien profond doit également être établi par l’exercice de la faculté de Daat.
וכח זה ומדה זו, לקשר דעתו בה׳, יש בכל נפש מבית ישראל ביניקתה מנשמת משה רבנו, עליו השלום
Cette force et cette qualité d’attacher sa [faculté de] Daat à D.ieu, c’est-à-dire ne pas simplement comprendre, mais également ressentir le Divin, existe en chaque âme d’Israël, par le fait qu’elle s’alimente de l’âme de Moïse notre maître.
רק מאחר שנתלבשה הנפש בגוף, צריכה ליגיעה רבה ועצומה, כפולה ומכופלת
Seulement, dès lors que l’âme s’est revêtue du corps, il lui faut [fournir] un effort intense et puissant, double et redoublé.
Bien qu’elle tire cette force de l’âme de Moïse, un immense effort reste néanmoins nécessaire pour que le Divin s’impose à l’esprit et qu’un tel lien soit établi. En fait, si cette faculté n’était pas acquise, aucun effort, aussi immense fût-il, n’eût permis à un être créé de comprendre et de ressentir le Divin. L’acquis n’enlève donc rien à l’effort requis, et celui-ci est défini comme double.
האחת היא יגיעת בשר, לבטש את הגוף ולהכניעו, שלא יחשיך על אור הנפש
L’un est un « effort de la chair » pour supprimer les entraves dues au corps, briser le corps c’est-à-dire affaiblir sa grossièreté et le soumettre, [de sorte] qu’il n’obscurcisse pas la lumière de l’âme sa compréhension et perception du Divin,
כמו שנאמר לעיל בשם הזהר, דגופא דלא סליק ביה נהורא דנשמתא, מבטשין ליה,
comme rapporté plus haut au nom du Zohar : un corps où la lumière de l’âme ne pénètre pas, on le met en pièces,
והיינו על ידי הרהורי תשובה מעומק הלב, כמו שכתוב שם
cela, au moyen de pensées de repentir du fond du cœur, comme expliqué là-bas,
Affaiblir la grossièreté du corps de manière à ce qu’il ne fasse plus écran devant le rayonnement de l’âme est une première forme d’effort, que l’on nomme ici « effort de la chair ».
והשנית היא יגיעת הנפש, שלא תכבד עליה העבודה ליגע מחשבתה, להעמיק ולהתבונן בגדולת ה׳ שעה גדולה רצופה
Le second est un effort de l’âme, de sorte que le travail [qui consiste dans] l’exercice de la pensée pour méditer avec profondeur sur la grandeur de D.ieu pendant un long moment ininterrompu, ne pèse pas sur [l’âme],
La réflexion prolongée sur le Divin représente en soi un travail difficile.
כי שעור שעה זו אינו שוה בכל נפש
car cette mesure de temps nécessaire pour contempler la grandeur divine en vue d’éveiller l’amour ou la crainte de D.ieu dans le cœur, n’est pas identique pour chaque âme (ce temps varie selon les personnes).
יש נפש זכה בטבעה, שמיד שמתבוננת בגדולת ה׳, יגיע אליה היראה ופחד ה׳
Il y a des âmes de nature raffinée qui, dès qu’elles réfléchissent à la grandeur de D.ieu, sont immédiatement saisies de crainte et de peur de D.ieu,
כמו שכתוב בשלחן ערוך אורח חיים סימן א׳: כשיתבונן האדם שהמלך הגדול, מלך מלכי המלכים הקדוש ברוך הוא, אשר מלא כל הארץ כבודו, עומד עליו ורואה במעשיו, מיד יגיע אליו היראה וכו׳
ainsi qu’il est écrit dans le Choul’han Aroukh, Ora’h ‘Haïm, Chapitre un : « Quand l’homme réfléchira au fait que le grand Roi – le suprême Roi des rois, le Saint Béni soit-Il, dont la gloire emplit le monde tout entier, se tient au-dessus de lui et voit ses actions, immédiatement il sera saisi de crainte, etc. »
Comme conclut le Choul’han Aroukh, « il sera soumis et aura honte devant D.ieu ». Il est ici fait référence à une âme raffinée, qui, pour cette raison, est « immédiatement saisie de crainte », sans recourir à une réflexion prolongée.
ויש נפש שפלה בטבעה ותולדתה, ממקור חוצבה ממדרגות תחתונות די׳ ספירות דעשיה
Et il y a d’humbles âmes de part leur nature et leur origine, qui procèdent des niveaux inférieurs des dix Séfirot d’Assia,
A l’intérieur du monde d’Assia lui-même, le dernier des mondes, l’âme en question appartient aux degrés les plus bas des dix Séfirot. Il s’agit d’une « humble âme » de part sa nature, qui éprouve des difficultés à percevoir le Divin.
ולא תוכל למצוא במחשבתה האלקות, כי אם בקושי ובחזקה
et qui sont incapables de trouver le Divin avec réflexion, si ce n’est avec difficulté et détermination,
C’est seulement au terme d’un effort difficile et de l’exercice de la pensée durant un long moment qu’elle parviendra à un certain degré d’illumination divine, de perception du Divin. Alors cette contemplation suscitera en elle la crainte de D.ieu.
ובפרט אם הוטמאה בחטאת נעורים, שהעוונות מבדילים כו׳ [כמו שכתוב בספר חסידים סימן ל״ה]
et en particulier cette perception du Divin dans la pensée sera-t-elle difficile si [cette âme] « d’extraction » modeste, a de surcroît été souillée par la « faute de jeunesse », car les fautes font séparation… (comme il est écrit dans le Séfer ‘Hassidim, Chapitre trente-cinq).
Les fautes font écran entre le juif et D.ieu, et l’éveil de la crainte de D.ieu devient dès lors plus difficile.
ומכל מקום, בקושי ובחזקה, שתתחזק מאד מחשבתו באומץ ויגיעה רבה ועומק גדול, להעמיק בגדולת ה׳ שעה גדולה
Et néanmoins, avec difficulté et détermination, [c’est-à-dire lorsque] sa pensée se raffermira avec fermeté, un important effort et une grande concentration, en s’immergeant dans la réflexion sur la grandeur de D.ieu pour un long moment,
Le Rabbi précédent a dit une fois qu’un « long moment » signifie aussi : un moment aujourd’hui, un moment le lendemain et ainsi de suite ; avec une telle concentration répétée jour après jour,
בודאי תגיע אליו על כל פנים היראה תתאה הנ״ל
certainement parviendra-t-il au moins au « degré inférieur de crainte » précédemment évoqué. Une crainte de D.ieu qui l’empêchera de faire ce qui va à l’encontre de la Volonté de D.ieu.
A propos de l’assurance donnée ici par le Tanya que l’âme, en tout état de cause (aussi modeste soit-elle et en dépit de la séparation constituée par ses fautes), atteindra la « crainte inférieure » au moyen d’une intense concentration sur la grandeur de D.ieu, le Rabbi remarque : « On peut donc en inférer qu’elle parviendra aussi certainement, et avant même (d’atteindre ce degré de crainte), à ôter la séparation créée par les fautes, c’est-à-dire à la téchouva, le repentir sur ses fautes ».
וכמו שאמרו רז״ל: יגעתי ומצאתי, תאמין
Et, comme nos maîtres, de mémoire bénie, l’ont dit : « Celui qui dit : « J’ai peiné et j’ai trouvé », crois-le. »
L’assurance est donnée qu’un effort ne demeure jamais vain. Le Rabbi souligne ici le verbe « trouver » : l’objet trouvé est celui auquel on ne s’attend pas, qui est sans commune mesure avec l’effort investi. Ainsi l’effort n’est pas seulement gage de résultat, un résultat qui correspond à la recherche engagée, mais bien plus, il s’agit de « trouver » quelque chose, c’est-à-dire de parvenir à un résultat dépassant ce qui était recherché.
וכדכתיב: אם תבקשנה ככסף, וכמטמונים תחפשנה, אז תבין יראת ה׳
Et ainsi qu’il est dit spécifiquement à propos de l’effort pour atteindre la crainte de D.ieu : « Si tu la quêtes (la crainte) comme de l’argent, et si tu la recherches comme des trésors cachés, alors tu comprendras la crainte de D.ieu. »
פירוש: כדרך שמחפש אדם מטמון ואוצר הטמון בתחתיות הארץ, שחופר אחריו ביגיעה עצומה
C’est-à-dire : A la manière d’un homme qui recherche un trésor caché dans les profondeurs de la terre : il creuse [et fouille] avec un effort intense,
Dès lors que l’emplacement du trésor est attesté, il œuvre sans cesse et inlassablement jusqu’à sa mise à jour.
כך צריך לחפור ביגיעה עצומה לגלות אוצר של יראת שמים הצפון ומוסתר בבינת הלב של כל אדם מישראל
ainsi faut-il creuser avec un immense effort pour dévoiler le trésor de la crainte du Ciel qui est enfoui et dissimulé dans la compréhension du cœur de chaque juif,
L’existence de ce trésor étant clairement établie, il ne concevra aucune fatigue de cette recherche sans relâche à l’intérieur de la « compréhension de son cœur ».
שהיא בחינה ומדרגה שלמעלה מהזמן
laquelle « compréhension du cœur » est une qualité et un degré qui est au-delà de la dimension du temps,
Elle ne saurait donc être subordonnée aux aléas du temps et faire défaut, se trouver inaccessible à un instant donné.
והיא היראה הטבעית המסותרת הנ