Likoutei Amarim Chapitre 48 _______________
Après avoir caractérisé le moment de la Sortie d’Egypte comme l’expression de l’amour de D.ieu pour le peuple juif, le précédent chapitre a montré que, dans sa dimension spirituelle, cette Sortie demeure un évènement vécu quotidiennement par chacun. A cet immense amour que D.ieu prodigue doit répondre alors (« comme dans l’eau le visage répond au visage »), un immense amour pour D.ieu.
פרק מ״ח
והנה, כאשר יתבונן המשכיל בגדולת אין סוף ברוך הוא,
Or, quand [l’homme] réfléchi méditera sur la grandeur de l’Infini Divin,
כי כשמו כן הוא: אין סוף ואין קץ ותכלית כלל לאור וחיות המתפשט ממנו יתברך ברצונו הפשוט
[à savoir que] comme Son Nom l’atteste, ainsi est-Il, il n’y a aucune fin ni limite et achèvement à la lumière et vitalité qui se répand de Lui, par Sa Volonté qui est simple c’est-à-dire qui échappe à toute définition,
ומיוחד במהותו ועצמותו יתברך בתכלית היחוד
et qui est unie avec Son essence et Son être dans une unité absolue.
Appliquée à D.ieu, la métaphore de la « lumière » employée par la Kabbale signifie que l’émanation est similaire à sa Source et porte en elle l’Infini divin, sans produire aucun changement en Lui. Cependant, et à la différence de la lumière physique qui est une émanation spontanée du luminaire, la lumière divine ne se répand que par Sa volonté et non pas nécessairement. Mais, dès lors qu’elle est porteuse d’infini, les mondes et les êtres finis ne peuvent, à partir d’elle, venir à l’existence directement : des « contractions » préalables sont nécessaires.
ואילו היתה השתלשלות העולמות מאור אין סוף ברוך הוא בלי צמצומים, רק כסדר המדרגות ממדרגה למדרגה בדרך עלה ועלול
Et si la chaîne des mondes [procédait] de l’Infinie lumière sans « contractions », mais suivant une [descente] graduelle de degré en degré dans un processus de « cause à effet »,
A l’image d’une chaîne dont les anneaux sont engagés les uns dans les autres, les différents degrés d’une suite dite de cause à effet sont attachés l’un à l’autre dans la relation de causalité. Le degré supérieur, parce qu’il en est la cause, conserve avec le degré inférieur une commune mesure. Pensée et parole sont l’exemple d’un tel processus. Ce qui est exprimé par la parole résulte nécessairement d’une pensée : la pensée est ainsi la cause et la parole l’effet. Cette dernière est d’ores et déjà plus matérielle que la pensée, mais les deux sont pourtant étroitement liées et pareillement constituées de « lettres » (de la pensée ou de la parole). Ainsi l’effet partage-t-il toujours des traits communs avec la cause qui l’a engendré. Et, en raison même de ce lien qui unit l’effet à sa cause, aussi long que soit le processus évolutif, il est impossible que l’effet ultime soit radicalement différent de la cause originelle. Dès lors que la lumière/vitalité qui émane de Lui est infinie, la création ne peut être le résultat d’une descente graduelle de cause à effet. Car alors,
לא היה העולם הזה נברא כלל כמו שהוא עתה בבחינת גבול ותכלית:
ce monde n’aurait absolument pas été créé tel qu’il est présentement, dans un état de limitation et de finitude :
מהארץ לרקיע מהלך ת״ק שנה
« de la terre au firmament, il y a une distance de cinq cents ans » une distance finie,
וכן בין כל רקיע לרקיע, וכן עובי כל רקיע ורקיע
et de même entre chaque firmament, il y a pareillement une distance de cinq cents ans et de même l’épaisseur de chaque firmament représente une distance de cinq cents ans.
ואפילו עולם הבא וגן עדן העליון, מדור נשמות הצדיקים הגדולים, והנשמות עצמן, ואין צריך לומר המלאכים, הן בבחינת גבול ותכלית
Et même le Monde futur et le Jardin d’Eden supérieur – la demeure des âmes des grands tsaddikim – et les âmes elles-mêmes, et inutile de dire les anges, relèvent de la limite et de la finitude,
Et, bien qu’il ait été dit précédemment au Chapitre trente-neuf que les âmes se délectent de la perception de l’Infinie lumière, il n’y a pas là de contradiction,
כי יש גבול להשגתן באור אין סוף ברוך הוא, המאיר עליהן בהתלבשות חב״ד כו׳
car il y a une limite à leur perception de l’Infinie lumière, qui les illumine en se revêtant de ‘HaBaD,
Les âmes et les anges perçoivent l’Infinie lumière en tant qu’elle se revêt des Séfirot de ‘Habad de leur propre monde. Leur compréhension de la grandeur de l’Infini Divin est donc bien circonscrite.
ולכן יש גבול להנאתן שנהנין מזיו השכינה, ומתענגין באור ה׳
et c’est pourquoi il y a une limite au plaisir qu’ils prennent dans le rayonnement de la Chekhina, et à leur délectation dans la lumière de D.ieu,
Dès lors que ce plaisir nait précisément de leur perception, restreinte, de l’Infinie lumière, le plaisir éprouvé, aussi grand soit-il, demeure soumis à des limites.
כי אין יכולין לקבל הנאה ותענוג בבחינת אין סוף ממש, שלא יתבטלו ממציאותן ויחזרו למקורן
car ils ne peuvent pas recevoir un profit et un plaisir infini vraiment, [pour] ne pas qu’ils ne « s’effacent dans leur existence », retournant [ainsi] à leur source.
Ainsi, tous les êtres créés, même ceux qui appartiennent aux sommets spirituels, connaissent la finitude, à la limitation. Pour que ces êtres finis soient créés de l’Infinie lumière, une descente graduelle de « cause à effet » n’est pas possible et des tsimtsoumim s’imposent. En effet, le tsimtsoum modifie la nature de la lumière : celle qui en résulte n’a plus de commune mesure avec la lumière originelle. Seul le tsimtsoum permet donc la création d’êtres finis à partir de la lumière divine infinie.
והנה, פרטיות הצמצומים איך ומה, אין כאן מקום ביאורם
Or, le détail des contractions, comment et quoi, ce n’est pas là l’endroit pour les expliquer.
אך דרך כלל הן הם בחינת הסתר והעלם המשכת האור והחיות
Mais de manière globale, il s’agit d’une dissimulation et d’un voilement de la diffusion de la lumière et vitalité,
שלא יאיר ויומשך לתחתונים בבחינת גילוי, להתלבש ולהשפיע בהן ולהחיותם להיות יש מאין
de sorte qu’elle n’illumine et ne soit portée aux créatures inférieures de manière révélée – pour se vêtir d’elles, agir sur elles et les animer de manière à ce qu’elles existent ex nihilo –
כי אם מעט מזעיר אור וחיות, בכדי שיהיו בבחינת גבול ותכלית
que dans une très petite mesure de lumière et vitalité, pour qu’elles soient dans un état de limite et de finitude.
La révélation de la lumière/vitalité divine n’aurait pas permis l’existence d’êtres finis. Le tsimtsoum permet la dissimulation de cette vitalité : seul un infime reflet de lumière et de vitalité s’exprime encore dans les êtres créés.
שהיא הארה מועטת מאד, וממש כלא חשיבי לגבי בחינת הארה בלי גבול ותכלית, ואין ביניהם ערך ויחס כלל
Il s’agit là d’un infime reflet qui se révèle en eux suite au tsimtsoum, qui n’est vraiment compté comme rien par rapport à la radiance sans fin ni limite qui précède le tsimtsoum ; il n’y a aucune valeur [commune] ni rapport entre eux.
Autrement dit, la différence entre le reflet qui résulte du tsimtsoum et la lumière qui le précède n’est pas simplement une différence « quantitative », fût-elle de l’immensément grand à l’immensément petit : ils n’ont strictement plus aucune similitude.
כנודע פירוש מלת ערך במספרים, שאחד במספר יש לו ערך לגבי מספר אלף אלפים, שהוא חלק אחד מני אלף אלפים
Comme l’on connaît le sens du mot « valeur » en termes de nombres : le chiffre un a une certaine valeur par rapport au nombre un million, car il représente la millionième partie de celui-ci.
Un et un million sont commensurables, c’est-à-dire que le chiffre un représente une fraction du nombre un million : si cette petite fraction est soustraite, on n’obtient plus un million.
אבל לגבי דבר שהוא בבחינת בלי גבול ומספר כלל, אין כנגדו שום ערך במספרים
Mais par rapport à quelque chose qui est absolument sans limite et sans nombre, aucun nombre ne saurait être signifiant,
שאפילו אלף אלפי אלפים ורבוא רבבות אינן אפילו כערך מספר אחד לגבי אלף אלפי אלפים ורבוא רבבות
car même mille milliers de milliers et dix mille myriades comparés à l’infini ne sont pas même comme la valeur du chiffre un par rapport à mille milliers de milliers et dix mille myriades,
Comme dit précédemment, ces nombres demeurent commensurables. Le chiffre un représente une certaine fraction de la somme totale. En revanche, un tel nombre, aussi immense soit-il, ne peut pas être défini comme une portion de l’infini.
אלא כלא ממש חשיבי
plutôt, ils n’ont aucune commune mesure et sont vraiment comptés comme rien.
וככה ממש היא בחינת ההארה מועטת זו, המתלבשת בעולמות עליונים ותחתונים, להשפיע בהם להחיותם
De la même façon vraiment cet infime reflet produit du tsimtsoum qui se revêt des mondes supérieurs et inférieurs afin d’influer sur eux et de les animer est totalement insignifiant
לגבי אור הגנוז ונעלם, שהוא בבחינת אין סוף
par rapport à la lumière enfouie et voilée, laquelle relève de l’infini
ואינו מתלבש ומשפיע בעולמות בבחינת גילוי להחיותם, אלא מקיף עליהם מלמעלה, ונקרא סובב כל עלמין
et ne se revêt pas et n’influe pas dans les mondes de manière révélée pour les animer, mais les enveloppe d’en haut, c’est-à-dire qu’elle agit sur les mondes « d’en haut », tout en demeurant dans sa transcendance, et est appelée sovev kol olmine (« qui entoure tous les mondes ») à la différence de la lumière qui « emplit tous les mondes » en se « revêtant » d’eux, telle l’âme qui anime le corps.
ואין הפירוש סובב ומקיף מלמעלה בבחינת מקום, חס ושלום, כי לא שייך כלל בחינת מקום ברוחניות
Cela ne veut pas dire qu’elle encercle et enveloppe les mondes d’en haut sur le plan de l’espace autrement dit qu’elle serait extérieure aux mondes, à D.ieu ne plaise, car la notion d’espace n’est pas envisageable dans le spirituel,
אלא רצונו לומר: סובב ומקיף מלמעלה לענין בחינת גילוי השפעה
mais plutôt il s’agit de dire qu’elle encercle et enveloppe [les mondes] d’en haut en ce qui concerne la révélation de l’influence qu’elle exerce en eux, son influence n’étant pas révélée.
כי ההשפעה שהיא בבחינת גילוי בעולמות נקראת בשם הלבשה, שמתלבשת בעולמות, כי הם מלבישים ומשיגים ההשפעה שמקבלים
Car l’influence qui est dans un état de révélation dans les mondes est appelée revêtue, [on dit] qu’elle se revêt des mondes, car ils revêtent et saisissent l’influence qu’ils reçoivent ;
מה שאין כן ההשפעה שאינה בבחינת גילוי אלא בהסתר והעלם, ואין העולמות משיגים אותה, אינה נקראת מתלבשת, אלא מקפת וסובבת
en revanche, l’influence qui n’est pas dans un état de révélation, mais qui est dissimulée et voilée, sans être appréhendée par les mondes, on ne dit pas qu’elle se revêt des mondes, mais qu’elle les « enveloppe » et les « encercle ».
הלכך, מאחר שהעולמות הם בבחינת גבול ותכלית, נמצא שאין השפעת אור אין סוף מתלבשת ומתגלה בהם בבחינת גילוי, רק מעט מזער הארה מועטת מצומצמת מאד מאד
C’est pourquoi, dès lors que les mondes relèvent de la limite et de la finitude, l’influence de l’Infinie lumière ne se revêt pas d’eux dans un état de révélation : seul un infime reflet, extrêmement contracté se revêt et brille en eux de manière révélée,
והיא רק כדי להחיותם בבחינת גבול ותכלית
seulement [dans la mesure nécessaire] pour les animer dans un état de limitation et de finitude.
La révélation est nécessaire pour donner vie aux êtres et aux mondes créés. Mais seul un infime reflet de la lumière infinie doit être révélé pour que leur existence de mondes et d’êtres finis soit possible.
אבל עיקר האור בלי צמצום כל כך נקרא מקיף וסובב, מאחר שאין השפעתו מתגלית בתוכם, מאחר שהם בבחינת גבול ותכלית
Mais l’essentiel de la lumière qui n’est pas contractée tant que cela est appelée makif (« qui enveloppe ») et sovev (« qui entoure »), dès lors que son influence n’est pas révélée à l’intérieur [des mondes], puisqu’ils relèvent de la limite et de la finitude.
Cette lumière infinie demeure donc dissimulée. A ce titre, elle est désignée comme une lumière qui « entoure », c’est-à-dire qu’elle agit sur les mondes sans y être perçue. Rabbi Chnéour Zalman va à présent illustrer cette idée à l’aide d’un exemple. Le sol terrestre est composé d’éléments inertes et de végétaux (les deux niveaux inférieurs de la classification traditionnelle : inerte, végétal, animal et humain), et la vitalité divine ne s’y trouve révélée qu’à un infime degré. Pourtant, l’Ecriture affirme clairement que la terre est emplie de la gloire divine, c’est-à-dire de Son Infinie lumière. C’est donc que cette lumière y est présente de manière cachée, « enveloppante » pour reprendre la terminologie de la ‘Hassidout qui va être explicitée.
והמשל בזה, הנה הארץ הלזו הגשמית,