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Tanya - Likoutei Amarim - Chapitre 51

Likoutei Amarim Chapitre 51 _______________


La page de garde du Tanya indique que l’œuvre se fonde sur le verset : « Car cette chose est très proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur, pour la faire ». Cette dernière proposition, « pour la faire », semble désigner la réalisation concrète des commandements comme une finalité ultime. Pour clarifier ce point, le Chapitre trente-cinq a introduit une longue réflexion autour du propos du Yenouka, l’enfant, dans le Zohar : « Un homme ne devrait pas marcher quatre coudées avec la tête découverte, parce que la Chekhina repose sur sa tête ». Cette lumière de la Présence divine (la Chekhina), poursuit le Zohar, est telle la lumière d’une lampe qui doit être pourvue d’une mèche et d’huile pour être maintenue. Qu’il soit conscient, conclut le Zohar, du besoin en huile (l’huile figure ici les bonnes actions) de la « flamme », la Présence divine, qui brûle au-dessus de la mèche (son corps). Le Tanya a d’abord établi que l’âme ne suffit pas, à elle seule, à entretenir cette flamme de la Chekhina : seules les bonnes actions lui fournissent l’huile requise. Car l’âme, fût-ce celle d’un juste parfait, demeure une entité propre, qui ne se fond jamais complètement dans la lumière divine. En revanche, les mitsvot concrètes représentent la Volonté de D.ieu, qui ne fait qu’Un avec Lui. A l’image de l’huile qui brûle et se trouve complètement changée en lumière, les mitsvot seules permettent de nourrir cette flamme de la Chekhina qui repose sur la tête. Il a alors expliqué que l’étude de la Thora appelle la Présence divine sur les deux vêtements de l’âme que sont la pensée et la parole, qui deviennent ainsi absorbées dans la lumière divine et parfaitement unies à elle. Puis, que les mitsvot pratiques appellent la Présence divine également sur l’âme vitale et le corps physique. Cet appel de D.ieu au sein de la matière, dans ce monde, a-t-il montré, représente la finalité de toute la chaîne processionnelle descendante des mondes, de l’ensemble de l’œuvre de la Création. Un long chapitre a ensuite été ouvert sur l’importance de la kavana, c’est-à-dire de l’amour et la crainte de D.ieu qui accompagnent l’acte de la mitsva et représentent l’âme de cet acte. Différentes formes d’amour et de crainte de D.ieu ont été discutées dans les Chapitres quarante et un à cinquante. Le Chapitre cinquante et un revient désormais sur les mots du Yenouka : « cette lumière (de la Chekhina) a besoin d’huile ». Il entend répondre à une question implicite : dans cette image, l’huile fait référence aux bonnes actions. Or, dans la Kabbale et le Talmud, l’huile renvoie généralement à l’attribut de ‘Hokhma (la sagesse). Quel lien existe-t-il entre les mitsvot pratiques et l’huile symbole de ‘Hokhma ? Il sera répondu à cette question après qu’aura été éclairci le sens du mot « demeure » appliqué à la Chekhina.


פרק נ״א


והנה לתוספת ביאור לשון הינוקא דלעיל


Pour élucider encore les termes du Yenouka rapportés plus haut,


צריך לבאר תחלה, להבין קצת, ענין השראת השכינה, שהיתה שורה בבית קודש הקדשים


il faut tout d’abord expliquer – de manière à ce que l’on comprenne un peu – la notion de Chekhina qui « repose » ; elle « reposait » dans le Saint des saints,


וכן כל מקום השראת השכינה, מה ענינו


et de même concernant tout endroit où il est dit que la Chekhina repose : que signifie une telle « présence » circonscrite de la Chekhina ?


הלא מלא כל הארץ כבודו, ולית אתר פנוי מיניה


N’est-ce pas que « La Terre toute entière est pleine de Sa gloire » et qu’ « aucun lieu n’est vide de Lui » ?


Voici, en substance, l’explication qui va être développée : dire que la Chekhina repose en un lieu donné signifie qu’elle s’y révèle, le terme Chekhina qualifiant ici le degré du Divin révélé. Car si le Divin « emplit » tous les mondes, il n’en demeure pas moins dissimulé.


אך הענין כדכתיב: ומבשרי אחזה אלוה


Cette question sera comprise à la lumière de ce qui est écrit : « Et de ma chair, je verrai le Divin. »


Le Tanya comprend ce verset dans son sens littéral : le rapport entre le corps et l’âme ouvre à la contemplation du rapport entre le Divin et le monde.


שכמו שנשמת האדם היא ממלאה כל רמ״ח אברי הגוף, מראשו ועד רגלו


Car de même que l’âme de l’homme emplit tous les 248 membres du corps, de la tête aux pieds, c’est-à-dire de sa partie la plus haute à sa partie la plus basse, aucun détail, aucune partie du corps n’étant vide de l’âme.


ואף על פי כן עיקר משכנה והשראתה היא במוחו,


Et néanmoins, l’âme réside et repose principalement dans le cerveau ;


ומהמוח מתפשטת לכל האברים


et du cerveau, elle se répand dans tous les membres,


Pour mieux comprendre le propos du Tanya, une brève introduction est nécessaire. La vitalité que l’âme donne au corps comprend deux aspects : l’un est la vie dont elle pourvoie le corps, l’ensemble du corps, entièrement et uniformément vivant, sans distinction d’un membre à l’autre. Le second aspect de la vitalité qui émane de l’âme correspond à la vitalité et la faculté spécifiques que chaque membre reçoit et qui lui est propre : l’œil reçoit la faculté de voir, l’oreille la faculté d’entendre, la bouche de parler et le pied de marcher. Lorsqu’il dit que « du cerveau, elle se répand dans tous les membres », le Tanya parle du premier aspect de cette vitalité, qui se répand pareillement dans toutes les parties du corps. Dans la terminologie ‘hassidique, on parle aussi de « lumière » qui émane de l’âme (car la lumière se répand tout autour de la source lumineuse, sans distinction quant à la nature de l’objet qui la reçoit). C’est du second aspect de cette vitalité qu’il va être maintenant question :


וכל אבר מקבל ממנה חיות וכח הראוי לו לפי מזגו ותכונתו


et de plus, chaque membre reçoit d’elle une vitalité et faculté qui lui est appropriée selon sa structure et sa nature :


C’est-à-dire que chaque membre reçoit d’elle une vitalité, des facultés et des caractères qui lui sont propres et par lesquels il se distingue des autres. En disant cela, le Tanya entend aussi souligner que la différenciation des facultés ne résulte pas des membres eux-mêmes, mais de l’âme, qui pourvoit d’ores et déjà chaque membre d’une faculté qui le caractérise. Cette idée sera précisée dans la suite du commentaire.


העין לראות


l’œil reçoit de l’âme une force vitale, une faculté pour voir,


La faculté de la vue correspond à la structure et la nature de l’œil de chair, qui est lisse et translucide.


והאזן לשמוע, והפה לדבר, והרגלים להלוך


l’oreille pour entendre, la bouche pour parler et les pieds pour marcher.


Chaque membre, selon sa nature et sa structure, reçoit donc une faculté et des caractères spécifiques de l’âme qui « repose » et se révèle initialement dans le cerveau.


כנראה בחוש, שבמוח מרגיש כל הנפעל ברמ״ח אברים וכל הקורות אותם


Comme l’on voit par l’expérience sensible, [l’homme] ressent dans son cerveau tout ce qui se passe dans les 248 membres et tout ce qui leur arrive.


Pourquoi tout cela est-il ressenti au niveau du cerveau ? Parce que le cerveau est, comme dit plus haut, le lieu principal, la source à partir de laquelle la vitalité se répand dans les autres membres du corps. Une note du Rabbi clarifie ici le propos du Tanya. Il faut noter, en guise d’introduction, que deux explications pourraient être proposées quant à la spécificité de la faculté reçue par chaque membre. La première serait que la force vitale qui émane de l’âme est « unique » et non composée, qu’ainsi elle ne posséderait aucune des propriétés et facultés des différents membres du corps : la différenciation sur le plan fonctionnel n’interviendrait donc qu’après que la force vitale a pénétré tel ou tel membre. Par exemple, ce serait seulement après s’être « revêtue » de l’œil qu’elle donnerait naissance à la vue, de l’oreille que naîtrait la faculté d’entendre. Ce seraient donc les membres récepteurs de cette force vitale qui produiraient une différenciation, laquelle auparavant n’existerait pas dans cette force en tant que telle. Cette idée peut être illustrée par l’image de l’eau qui se trouve dans un verre coloré. L’eau demeure en elle-même incolore, mais, pour qui la regarde à travers la paroi du verre, elle en a pris la couleur. De même, chaque organe recevrait une force vitale unique indifférenciée à laquelle il donnerait sa spécificité. La seconde explication, à laquelle souscrit le Tanya, est que l’âme, qui se « tient » dans le cerveau, « contient » d’ores et déjà toutes les facultés, et que ce sont ces facultés que chaque membre reçoit. L’œil reçoit la vue, l’oreille reçoit l’ouïe. Ainsi, la faculté de voir ou d’entendre n’est pas « créée » par l’union entre la force vitale de l’âme et le corps : elle existe d’ores et déjà dans la force vitale globale qui émane de l’âme bien qu’à ce stade elle ne soit pas encore révélée. La note du Rabbi explique l’argument présenté par le Tanya en faveur de la seconde explication. Si la différenciation ne préexistait pas au sein même de la force vitale, elle ne pourrait pas apparaître dans la perception du cerveau. Car, à l’instant où le cerveau perçoit la sensation, celle-ci a d’ores et déjà quitté l’organe où elle est apparue. Elle devrait donc perdre la spécificité qui ne serait propre qu’à cet organe (comme l’eau de notre métaphore qui, recueillie de verres aux diverses couleurs, est la même et incolore). Autrement dit, pour le cerveau, les impressions reçues devraient être d’une nature parfaitement indentiques, qu’elles émanent de la vue ou de l’ouïe dès lors que, précisément, lorsqu’elles sont reçues, elles ont quitté ces organes : le cerveau ne distinguerait pas la vue de l’audition ! On pourrait cependant suggérer, pour soutenir la première explication, que les particularités et propriétés que donne l’organe dont elle se revêt (l’œil ou l’oreille par exemple) à la force vitale resteraient acquises à celle-ci (tel un bloc de métal qui, une fois façonné, conserve la forme qui lui a été donnée). Ainsi, la différence produite par chaque membre dans la force vitale demeurerait même dans l’impression transmise au cerveau, donc en dehors de l’organe concerné. Mais il faut rappeler que cette explication se fonde toute entière sur le fait que la force vitale de l’âme serait, comme il a été dit, « unique » et « non composée » (raison pour laquelle elle ne contiendrait aucune des propriétés des différents membres du corps), qu’elle transcenderait toute différenciation même simplement potentielle. Comment l’âme résidant dans le cerveau pourrait-elle alors distinguer entre la perception de l’oeil et celle de l’ouïe, entre la vision et l’audition ? Force est donc de conclure qu’une différenciation existe d’ores et déjà au niveau des facultés avant qu’elles ne se traduisent concrètement dans leurs organes respectifs. Le Tanya explique désormais à quel niveau de l’âme se produit cette différenciation.


והנה אין שינוי קבלת הכוחות והחיות שבאברי הגוף מן הנשמה מצד עצמה ומהותה,


Or, la différenciation dans la réception des facultés et de la vitalité de l’âme par les membres du corps ne provient pas de l’essence et de l’être de l’âme,


שיהיה מהותה ועצמותה מתחלק לרמ״ח חלקים שונים,


car cela reviendrait à dire que son être et essence est subdivisé en 248 parties différentes,


מתלבשים ברמ״ח מקומות, כפי ציור חלקי מקומות אברי הגוף


lesquelles dirions-nous se revêtent dans 248 endroits, selon les traits des parties des membres du corps,


שלפי זה נמצא עצמותה ומהותה מצוייר בציור גשמי, ודמות ותבנית כתבנית הגוף, חס ושלום


ainsi, il s’ensuivrait que l’essence et être de l’âme ont des traits matériels, une ressemblance et une structure similaire à celle du corps, à D.ieu ne plaise.


אלא כולה עצם אחד רוחני, פשוט ומופשט מכל ציור גשמי, ומבחינת וגדר מקום ומדה וגבול גשמי


Plutôt, l’âme est 1) une entité unique, 2) une entité spirituelle, son unicité est caractérisée par le fait qu’elle est simple et non composée et en tant que « spirituelle », elle est dépourvue de tout trait matériel et [échappe] à toute définition en termes d’espace, de mesure ou de limitation physique,


מצד מהותה ועצמותה


de tous ces caractères l’âme est dépourvue au regard de son être et de son essence.


L’âme échappe à ce point à toutes ces définitions que même telle qu’elle se trouve dans les membres du corps, aucun changement n’est opérée en elle par ces derniers.


ולא שייך במהותה ועצמותה לומר שהוא במוחין שבראש יותר מברגלים,


Et c’est pourquoi, il est impossible de dire, concernant l’âme prise dans son être et son essence qu’elle est plus présente dans le cerveau de la tête que dans les pieds,


מאחר שמהותה ועצמותה אינו בגדר ובחינת מקום וגבול גשמי


dès lors que son être, son essence n’est pas sujet à la définition et à la dimension de l’espace et de la limitation physiques.


Il est donc impossible de dire que l’âme dans son essence se trouverait davantage présente dans le cerveau que dans les autres parties du corps.


רק שתרי״ג מיני כוחות וחיות כלולים בה, במהותה ועצמותה, לצאת אל הפועל והגילוי מההעלם


Plutôt, 613 sortes de facultés et de forces vitales sont contenues en elle, dans son être et son essence, pour émerger d’un état [virtuel et] dissimulé à [l’état d’]actuation et de révélation,


Au niveau de l’âme dans son essence, il ne s’agit que d’une ressource que l’âme renferme virtuellement, et on ne peut alors parler de différenciation. Ce potentiel de 613 facultés doit émerger


להחיות רמ״ח אברין ושס״ה גידין שבגוף על ידי התלבשותם בנפש החיונית, שיש לה גם כן רמ״ח ושס״ה כוחות וחיות הללו


afin de donner vie aux 248 organes et 365 nerfs du corps, en se revêtant de l’âme vitale, qui possède aussi ces 248 et 365 facultés et forces vitales.


Rabbi Chnéour Zalman explique à présent que c’est de ces facultés telles qu’elles émanent de l’âme pour être révélées dans le corps qu’il est dit que leur lieu de révélation initial et principal est le cerveau. C’est à partir de là qu’elles se répandent dans tous les autres membres du corps. En revanche, considérée dans son essence, l’âme est présente dans son unicité, sans distinction aucune entre les différentes parties du corps. On remarquera aussi que l’on a auparavant évoqué le chiffre de 248, qui correspond au nombre d’organes du corps et de facultés correspondantes de l’âme : on parle désormais de 613 car ce chiffre prend en compte de manière plus détaillée tous les organes et « nerfs » du corps.


והנה על המשכת כל התרי״ג מיני כוחות וחיות מהעלם הנשמה אל הגוף להחיותו


Or, c’est concernant le flux de tous les 613 types de facultés et de forces vitales qui se manifestent de la dissimulation de l’âme vers le corps pour lui donner vie,


עליה אמרו שעיקר משכנה והשראתה של המשכה זו וגילוי זה, הוא כולו במוחין שבראש


que [les Sages] ont dit que la principale demeure et le lieu de résidence de ce flux et de cette révélation est entièrement situé dans les mo’hine (les différentes parties du cerveau) de la tête avant d’être révélé dans les autres membres.


ולכן הם מקבלים תחלה הכח והחיות הראוי להם, לפי מזגם ותכונתם, שהן חב״ד, וכח המחשבה, וכל השייך למוחין


C’est pourquoi [les mo’hine] reçoivent en premier lieu la faculté et la vitalité qui leur sont appropriées selon leur structure et leur nature, c’est-à-dire les facultés intellectuelles, subdivisées en trois, qui sont ‘Hokhma Bina et Daat, la faculté de la pensée, et tout ce qui se rattache au cerveau. La force vitale divine de l’âme leur est adressée avant les autres parties du corps.


ולא זו בלבד, אלא כללות כל המשכת החיות לשאר האברים גם כן כלולה ומלובשת במוחין שבראש


Et pas seulement cela, à savoir que les mo’hine reçoivent leur vitalité particulière en premier, mais aussi le flux général de vitalité vers les autres membres est également (avant de se manifester dans les autres membres) contenu et revêtu des mo’hine de la tête,


ושם הוא עיקרה ושרשה של המשכה זו בבחינת גילוי האור והחיות של כל הנשמה כולה


et c’est là, dans le cerveau, que se trouve l’essentiel et la source de ce flux d’une manière où est révélée la lumière et la vitalité de l’âme toute entière.


Autrement dit, au niveau du cerveau, cette « lumière » et vitalité de l’âme commence alors à exister de manière révélée.


ומשם מתפשטת הארה לשאר כל האברים ומקבל כל אחד כח וחיות הראוי לו כפי מזגו ותכונתו: כח הראיה מתגלה בעין, וכח השמיעה באוזן, וכו׳


Et de là, du cerveau, un rayonnement se répand vers tous les autres membres et chacun reçoit une force et vitalité qui lui est appropriée selon sa structure et sa nature : la faculté de la vue se révèle dans l’œil, la faculté auditive dans l’oreille, etc.


En d’autres termes, à partir de quand les facultés d’entendre et de voir existent-elles en tant que facultés prêtes à être révélées respectivement dans l’oreille et dans l’œil ? Après que la force vitale est apparue dans le cerveau de manière globale, un « rayonnement » descend de celle-ci vers chaque organe, ce « rayonnement » étant déjà constitué en fonction du caractère particulier de l’organe en question.


וכל הכוחות מתפשטים מהמוח, כנודע, כי שם הוא עיקר משכן הנשמה כולה בבחינת גילוי


Et toutes les facultés se répandent du cerveau, comme on le sait ; parce que c’est là, dans le cerveau, qu’est la principale demeure de l’âme toute entière dans une dimension de révélation.


שנגלית שם כללות החיות המתפשט ממנה. רק כוחותיה של כללות החיות מאירים ומתפשטים משם לכל אברי הגוף, כדמיון האור המתפשט ומאיר מהשמש לחדרי חדרים


Car là, dans le cerveau, est révélée la vitalité globale qui se répand de l’âme, alors que ce sont seulement les facultés individuelles de la vitalité générale qui brillent et se répandent de là vers tous les membres du corps, à l’image de la lumière qui se répand et rayonne du soleil dans les pièces les plus intérieures.


[ואפילו הלב מקבל מהמוח, ולכן המוח שליט עליו בתולדתו, כנזכר לעיל]


(Et même le cœur, qui est aussi un organe central qui alimente tous les autres membres – « le cœur diffuse vers tous les membres » – reçoit sa propre force vitale du cerveau, et c’est pourquoi le cerveau domine le cœur de par sa nature innée, comme expliqué plus haut.)


Au Chapitre douze, il a été expliqué que la suprématie du cerveau sur le cœur est innée. La raison est ici donnée : le cœur, en dépit de sa centralité, doit recevoir sa propre force vitale par le biais du cerveau. Après en avoir analysé tous les détails, Rabbi Chnéour Zalman applique cette image au rapport du Divin avec le monde.


וככה ממש, על דרך משל, אין סוף ברוך הוא ממלא כל עלמין להחיותם


C’est exactement comme cela, pour prendre une image, que le Ein Sof, béni soit-Il, emplit tous les mondes, pour leur donner vie.


De même que l’âme se trouve dans le corps et emplit celui-ci, de même, le Ein Sof emplit l’ensemble des mondes.


ובכל עולם יש ברואים לאין קץ ותכלית, רבוא רבבות מיני מדרגות מלאכים ונשמות כו׳


En chaque monde existent des créatures, sans limite ni fin, des myriades de myriades de niveaux d’anges et d’âmes…


וכן ריבוי העולמות אין לו קץ וגבול, גבוה על גבוה כו׳


et de même, [il existe] une multitude de mondes sans fin ni limite, l’un au-dessus de l’autre…


Car au plan spirituel, chaque être comme chaque monde est défini et différencié par son rang. Parler de l’existence de myriades de mondes, c’est dire la multitude des niveaux qui les différencie. Dans l’analogie ici développée, cette multiplicité est représentée par la division des membres du corps.


והנה מהותו ועצמותו של אין סוף ברוך הוא שוה בעליונים ותחתונים, כמשל הנשמה הנ״ל


Or, l’être, l’essence du Ein Sof, béni soit-Il est identique dans les mondes supérieurs et inférieurs, comme dans l’image de l’âme mentionnée précédemment,


וכמו שכתוב בתיקונים: דאיהו סתימו דכל סתימין


ainsi qu’il est écrit dans les Tikounei Zohar : « Il est caché de tous les cachés ».


פירוש: דאפילו בעלמין סתימין דלעילא הוא סתום ונעלם בתוכם, כמו שהוא סתום ונעלם בתחתונים


Cela veut dire non pas qu’Il est plus caché que tous ceux qui sont cachés, mais qu’Il est caché de ceux-là même qui sont cachés, c’est-à-dire que même dans les mondes supérieurs et cachés, Il est caché et dissimulé à l’intérieur d’eux, tout comme Il est caché et dissimulé dans les mondes inférieurs,


כי לית מחשבה תפיסא ביה כלל, אפילו בעולמות עליונים


car aucune pensée ne peut Le saisir, même dans les mondes supérieurs.


Pris dans son essence, le Ein Sof est tout aussi caché des mondes inférieurs que des mondes supérieurs.


ונמצא: כמו שמצוי שם, כך נמצא בתחתונים ממש


Il s’ensuit que tout comme Il se trouve là (dans les mondes supérieurs), ainsi se trouve-t-Il dans les mondes inférieurs vraiment.


Au regard de Son essence, aucune différence ne peut être faite quant à Sa présence dans les mondes supérieurs ou inférieurs : Il est présent pareillement en eux, sans distinction.


וההבדל שבין עולמות עליונים ותחתונים הוא מצד המשכת החיות אשר אין סוף ברוך הוא ממשיך ומאיר בבחינת גילוי מההעלם


La différence entre mondes supérieurs et inférieurs est [à faire] au regard du flux de vitalité que le Ein Sof béni soit-Il attire et fait rayonner sur un mode de « révélation [émergeant d’un état] de dissimulation »


Comme il va être expliqué, cette révélation a pour but de faire vivre les mondes et les créatures qui s’y trouvent, lesquels tirent leur vitalité de la révélation du Divin en eux. C’est de ce point de vue qu’est faite la distinction entre mondes supérieurs et mondes inférieurs, suivant la nature de cette révélation, plus importante dans les mondes supérieurs que dans les mondes inférieurs. Parlant de cette étape de la révélation, Rabbi Chnéour Zalman remarque entre parenthèses que c’est la raison pour laquelle la vitalité divine est qualifiée de « lumière » dans la Kabbale.


[שזה אחד מהטעמים שההשפעה והמשכת החיות מכונה בשם אור על דרך משל]


(cela étant l’une des raisons pour laquelle l’influence et flux de vitalité est figurativement qualifié de « lumière »),


La Kabbale préfère en effet le terme de lumière à celui de flux, plus volontiers utilisé par la ‘Hakira (la philosophie juive) La notion même de lumière implique d’abord une révélation, l’apparition de ce qui était auparavant caché. Ainsi, le trait lumineux, inclus dans sa source, s’y trouvait ipso facto dissimulé avant d’en rayonner et d’être par conséquent visible. Cependant, il est bien évident que ce rayon ne dévoile qu’une partie absolument infime de sa source. On voit là une distinction majeure entre l’image de la lumière et celle d’un flux (tel, par exemple le cours d’eau qui reste comparable à sa source et en aval). Pour en revenir au texte, la distinction entre mondes supérieurs et inférieurs est à faire au regard du flux de vitalité qui rayonne


להחיות העולמות והברואים שבהם


pour donner vie aux mondes et aux créatures qui s’y trouvent.


שהעולמות העליונים מקבלים בבחינת גילוי קצת יותר מהתחתונים


Car les mondes supérieurs reçoivent [cette lumière et vitalité] de manière un peu plus révélée que les mondes inférieurs ;


Ce qui implique que la lumière et vitalité n’est pas non plus pleinement révélée dans les mondes supérieurs.


וכל הברואים שבהם, מקבלים כל אחד כפי כחו ותכונתו


et tous les êtres créés à l’intérieur [des mondes supérieurs] reçoivent (cette lumière révélée, mais) chacun selon sa capacité et sa nature,


Comme dans l’analogie selon laquelle chaque membre reçoit sa vitalité du cerveau en fonction de sa structure et de sa nature, pareillement, dans l’idée représentée, chaque être créé reçoit sa vitalité selon sa capacité et sa nature, c’est-à-dire en vertu de sa capacité à recevoir en lui la révélation de la vitalité divine et selon encore la nature de cette révélation, laquelle peut se rattacher à l’intellect ou aux émotions. Mais cela ne veut pas dire que la nature dissimule la révélation ; plutôt, celle-ci lui est dispensée et l’illumine.


שהיא תכונת ובחינת המשכה הפרטית אשר אין סוף ברוך הוא ממשיך ומאיר לו


cela étant la nature et la dimension du flux particulier que le Ein Sof lui dispense et [par lequel] Il l’illumine.


והתחתונים, אפילו הרוחניים, אינם מקבלים בבחינת גילוי כל כך


[En revanche,] les mondes et créatures inférieurs, même ceux qui sont spirituels, ne reçoivent pas la force vitale divine dans une forme aussi révélée que les mondes supérieurs,


רק בלבושים רבים, אשר אין סוף ברוך הוא מלביש בהם החיות והאור אשר ממשיך ומאיר להם להחיותם


mais seulement au moyen de nombreux vêtements, dont le Ein Sof, béni soit-Il, habille la vitalité et la lumière qu’Il dispense et fait briller pour eux afin de leur donner vie.


La vitalité divine qui donne vie aux mondes inférieurs est voilée par de nombreux vêtements. Ce voilement n’implique pas seulement une profusion de vêtements – sur un plan quantitatif – mais également qualitatif : une distinction peut être faite entre les vêtements non substantiels qui voilent la vitalité dans les mondes supérieurs et les vêtements plus denses nécessaires pour voiler la vitalité divine afin de rendre possible la création physique.


וכל כך עצמו וגברו הלבושים אשר אין סוף ברוך הוא מלביש ומסתיר בהם האור והחיות


Ces vêtements, dans lesquels le Ein Sof revêt et occulte la lumière et vitalité sont si puissants et si forts,


Non seulement les vêtements sont nombreux, mais ils sont aussi « puissants », c’est-à-dire qu’ils n’appartiennent pas à la même catégorie que les autres vêtements.


עד אשר ברא בו עולם הזה החומרי והגשמי ממש


que par cette force vitale et lumière Il créa ce monde corporel et physique vraiment,


ומהווהו ומחייהו בחיות ואור אשר ממשיך ומאיר לו


Il le fait exister et lui donne vie par la vitalité et lumière qu’Il lui dispense et [par laquelle] Il l’illumine,


אור המלובש ומכוסה ומוסתר בתוך הלבושים הרבים והעצומים המעלימים ומסתירים האור והחיות


[laquelle] lumière est revêtue, recouverte et occultée à l’intérieur des nombreux et puissants vêtements, qui voilent et occultent la lumière et vitalité


עד שאין נראה ונגלה שום אור וחיות,


au point qu’aucune lumière ou vitalité n’en est visible et révélée,


רק דברים חומריים וגשמיים ונראים מתים


seules des choses corporelles et physiques, qui paraissent mortes.


C’est-à-dire qui donnent l’impression d’être totalement dépourvues de vie, sans aucune vitalité spirituelle.


אך בתוכם יש אור וחיות המהוה אותם מאין ליש תמיד, שלא יחזרו להיות אין ואפס כשהיו


Cependant, à l’intérieur d’elles existe une lumière et vitalité qui les fait exister ex nihilo continuellement, afin qu’elles ne retournent pas au néant, tels qu’elles étaient auparavant, avant leur création.


La création ex nihilo est constante, continuelle : l’œuvre des six Jours de la Création doit à chaque instant être renouvelée par la lumière divine. Cette lumière/vitalité divine à la source de la création est donc continuellement présente à l’intérieur des êtres crées, quoique de manière voilée.


ואור זה הוא מאין סוף ברוך הוא, רק שנתלבש בלבושים רבים


Cette lumière vient du Ein Sof, béni soit-Il, si ce n’est qu’elle s’est revêtue de nombreux vêtements.


וכמו שכתוב בעץ חיים, שאור וחיות כדור הארץ החומרי הנראה לעיני בשר הוא ממלכות דמלכות דעשיה


Ainsi qu’il est écrit dans le Ets ‘Haïm, à savoir que la lumière et la vitalité du globe terrestre corporel qui est visible aux yeux de chair provient de Malkhout de Malkhout d’Assia,


Malkhout est la dernière Séfira du Monde d’Assia, dernier des quatre Mondes. Elle comprend en elle toutes les dix Séfirot, la plus inférieure d’entre elles étant Malkhout. Malkhout de Malkhout d’Assia représente donc le degré le plus inférieur du monde d’Assia.


ובתוכה מלכות דיצירה וכו׳


et à l’intérieur d’elle est contenue Malkhout de Yétsira.


עד שבתוך כולן י׳ ספירות דאצילות


de sorte qu’à l’intérieur de toutes se trouvent les Dix Séfirot du monde le plus haut, le monde d’Atsilout.


המיוחדות במאצילן אין סוף ברוך הוא


lesquelles [Séfirot d’Atsilout] sont unies avec Celui dont elles émanent, le Ein Sof, béni soit-Il.


Ainsi, le globe terrestre matériel renferme aussi une lumière/vitalité issue du Ein Sof, résultat du passage de cette lumière à travers les Séfirot des différents mondes et des « nombreux et puissants vêtements » qui la voilent. En conclusion, la distinction entre mondes supérieurs et mondes inférieurs n’existe qu’au regard de degrés de révélation de la force vitale divine dans chacun d’eux. Notre monde apparaît ainsi comme le plus « bas » parce que la lumière divine y est totalement occultée. Pareille distinction ne saurait cependant être faite au regard du Ein Sof pris dans son essence, qui est dans tous les mondes identiquement, et dont Il est pareillement dissimulé.

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